« Nous sommes en guerre » contre le coronavirus. Cette phrase, répétée par six fois par Emmanuel Macron au cours de son allocution aux Français le 16 mars, en dit long sur l’état d’esprit qui anime actuellement le gouvernement mais également les professionnels de santé, en première ligne dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19 qui a provoqué en France 1 100 morts et au moins 22 000 contaminations.
A quand la généralisation des tests de dépistage ?
Alors que la généralisation des tests de dépistage au coronavirus est vivement recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la France tarde encore à adopter cette stratégie en réservant les tests en priorité aux personnes présentant des symptômes plus ou moins sévères du virus. La France passera d'un « usage rationnel » des tests à un « dépistage massif » lorsque le confinement sera levé, a fait savoir, samedi 21 mars, le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui précise néanmoins qu’« à situation évolutive, stratégie évolutive ».
Sans attendre la fin du confinement, l'Institut Hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de La Timone, à Marseille, a annoncé que les tests pour le diagnostic d’infection au Covid-19 seront pratiqués pour « tous les malades fébriles qui viennent nous consulter ».
« Conformément au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une maladie. Nous respectons les règles de l’art et les données les plus récemment acquises de la science médicale », ont indiqué six médecins parmi lesquels figure l’infectiologue Didier Raoult, lui-même directeur de l'IHU Méditerranée Infection.
Sans attendre la fin du confinement, l'Institut Hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de La Timone, à Marseille, a annoncé que les tests pour le diagnostic d’infection au Covid-19 seront pratiqués pour « tous les malades fébriles qui viennent nous consulter ».
« Conformément au serment d’Hippocrate que nous avons prêté, nous obéissons à notre devoir de médecin. Nous faisons bénéficier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diagnostic et le traitement d’une maladie. Nous respectons les règles de l’art et les données les plus récemment acquises de la science médicale », ont indiqué six médecins parmi lesquels figure l’infectiologue Didier Raoult, lui-même directeur de l'IHU Méditerranée Infection.
Des émules autour de la chloroquine
C’est lui, avec son équipe, qui vante depuis plusieurs jours les mérites d'un traitement à la chloroquine, utilisé depuis des décennies contre le paludisme, dans le traitement du coronavirus, sur la base des résultats prometteurs d’un essai mené à l'IHU sur 26 patients. Un très faible nombre certes, mais suffisant pour Didier Raoult, qui déclare au Parisien être « convaincu qu’à la fin tout le monde utilisera ce traitement ».
En ce sens, il a annoncé, dimanche 22 mars, que son équipe va administrer un traitement par « l’association hydroxychloroquine + azithromycine » à « tous les patients infectés, dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner » et ce « au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic ».
Depuis l’annonce, les Marseillais affluent massivement devant l’IHU pour se faire dépister et, selon les résultats, se voir administrer de la chloroquine. Alors est-ce vraiment un remède miracle ou un faux espoir ?
En ce sens, il a annoncé, dimanche 22 mars, que son équipe va administrer un traitement par « l’association hydroxychloroquine + azithromycine » à « tous les patients infectés, dont un grand nombre peu symptomatiques ont des lésions pulmonaires au scanner » et ce « au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic ».
Depuis l’annonce, les Marseillais affluent massivement devant l’IHU pour se faire dépister et, selon les résultats, se voir administrer de la chloroquine. Alors est-ce vraiment un remède miracle ou un faux espoir ?
« Savoir raison garder » face à la maladie
Didier Raoult est un infectiologue mondialement reconnu. Sa réputation est telle qu'il a été nommé au comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement sur les mesures à prendre pour lutter contre le coronavirus, conseil dont il a choisi de claquer la porte mardi 24 mars. Si la piste de la chloroquine contre le Covid-19 peut sembler intéressante (il n'est pas question ici de la créditer ou de la discréditer en l'état des connaissances dont nous disposons), de nombreux professionnels de santé refusent de céder à la précipitation, mettant en garde sur l’effet d’annonce provoqué par l’initiative prise à Marseille sur une population qui espère sortir rapidement du confinement.
Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, a déclaré, au JT de 13h sur France 2 lundi 23 mars, être « absolument écœurée » par l’initiative prise ses pairs à Marseille. « Sur la base d’un essai qui est contestable sur le plan scientifique et qui ne montre absolument rien quand on regarde les chiffres et la façon dont il a été mené, on expose les gens à un faux espoir de guérison pour une maladie dont on sait que, dans 80 % des cas, au bout de quelques jours, on guérit spontanément », a-t-elle affirmé.
« Ce qui se passe à Marseille est absolument scandaleux. Utiliser un médicament hors autorisation de mise sur le marché (AMM) en exposant les personnes qui le prennent à des complications, sans avoir vérifié les conditions d’utilisation de base de la chloroquine, c’est vraiment en dehors de toute démarche éthique », a signifié l’infectiologue, qui appelle à « savoir raison garder » face au coronavirus. « Même si ce médicament peut potentiellement avoir une activité, ce qui a pu être montré dans des données in vitro, on ne peut pas le donner comme ça à n’importe qui, dans n’importe quelle condition. »
Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, a déclaré, au JT de 13h sur France 2 lundi 23 mars, être « absolument écœurée » par l’initiative prise ses pairs à Marseille. « Sur la base d’un essai qui est contestable sur le plan scientifique et qui ne montre absolument rien quand on regarde les chiffres et la façon dont il a été mené, on expose les gens à un faux espoir de guérison pour une maladie dont on sait que, dans 80 % des cas, au bout de quelques jours, on guérit spontanément », a-t-elle affirmé.
« Ce qui se passe à Marseille est absolument scandaleux. Utiliser un médicament hors autorisation de mise sur le marché (AMM) en exposant les personnes qui le prennent à des complications, sans avoir vérifié les conditions d’utilisation de base de la chloroquine, c’est vraiment en dehors de toute démarche éthique », a signifié l’infectiologue, qui appelle à « savoir raison garder » face au coronavirus. « Même si ce médicament peut potentiellement avoir une activité, ce qui a pu être montré dans des données in vitro, on ne peut pas le donner comme ça à n’importe qui, dans n’importe quelle condition. »
Attention à l’automédication
Si « l’importance de la voie médicale potentielle qu’est la chloroquine pour trouver un traitement contre le Covid-19 » ne doit pas être balayée d’un revers de la main, « d’importantes nuances éthiques sont donc à poser sur le discours spectaculaire du professeur Raoult », rapporte Numerama.
Interrogé sur ce sujet, Hervé Chnweiweiss, président du comité éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a indiqué être inquiet du « risque de faire naître de faux espoirs, d’inciter à des comportements inappropriés (si on a le traitement, pourquoi se protéger, pourquoi protéger les autres, pourquoi respecter les consignes du gouvernement) et in fine de décrédibiliser la science » face aux nombreuses incertitudes qui demeurent à ce stade quant aux réussites de la chloroquine.
Car un danger guette avec les émules provoquées autour de la chloroquine : le recours à l’automédication. Ce phénomène n’a rien de nouveau mais le confinement peut accentuer cette pratique, qui n’est pas sans conséquences sur la santé de ceux qui y recourent. Aux Etats-Unis, un homme est décédé des suites d’une ingestion de la chloroquine après avoir entendu Donald Trump vanté les mérites de l’antipaludique. « Ils n'arrêtaient pas de dire que c'était approuvé pour d'autres choses. Trump disait que c'était pratiquement comme un remède », a déclaré à la chaîne NBC son épouse, hospitalisée après avoir, elle aussi, pris de la chloroquine.
Plusieurs pharmaciens interrogés par Saphirnews ont confirmé la venue de nombreux clients dans leurs officines ces derniers jours pour tenter d’acheter (et de consommer) des médicaments à base de chloroquine à titre préventif, faisant fi des effets secondaires, sur le plan cardiaque entre autres, que peut provoquer leur ingestion sans contrôle.
« Nous leur expliquons que, non seulement il faut une ordonnance mais que, de toute façon, que nous sommes en rupture en stock », nous indique une pharmacienne travaillant en région parisienne. Mais les plus farouches iront malheureusement en chercher sur Internet, s'ils ne trouvent rien dans leurs tiroirs à pharmacie... L'attitude la plus sage est encore de savoir faire preuve de patience plutôt que de se précipiter au risque, au bout du compte, de mettre sa vie en danger.
Interrogé sur ce sujet, Hervé Chnweiweiss, président du comité éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a indiqué être inquiet du « risque de faire naître de faux espoirs, d’inciter à des comportements inappropriés (si on a le traitement, pourquoi se protéger, pourquoi protéger les autres, pourquoi respecter les consignes du gouvernement) et in fine de décrédibiliser la science » face aux nombreuses incertitudes qui demeurent à ce stade quant aux réussites de la chloroquine.
Car un danger guette avec les émules provoquées autour de la chloroquine : le recours à l’automédication. Ce phénomène n’a rien de nouveau mais le confinement peut accentuer cette pratique, qui n’est pas sans conséquences sur la santé de ceux qui y recourent. Aux Etats-Unis, un homme est décédé des suites d’une ingestion de la chloroquine après avoir entendu Donald Trump vanté les mérites de l’antipaludique. « Ils n'arrêtaient pas de dire que c'était approuvé pour d'autres choses. Trump disait que c'était pratiquement comme un remède », a déclaré à la chaîne NBC son épouse, hospitalisée après avoir, elle aussi, pris de la chloroquine.
Plusieurs pharmaciens interrogés par Saphirnews ont confirmé la venue de nombreux clients dans leurs officines ces derniers jours pour tenter d’acheter (et de consommer) des médicaments à base de chloroquine à titre préventif, faisant fi des effets secondaires, sur le plan cardiaque entre autres, que peut provoquer leur ingestion sans contrôle.
« Nous leur expliquons que, non seulement il faut une ordonnance mais que, de toute façon, que nous sommes en rupture en stock », nous indique une pharmacienne travaillant en région parisienne. Mais les plus farouches iront malheureusement en chercher sur Internet, s'ils ne trouvent rien dans leurs tiroirs à pharmacie... L'attitude la plus sage est encore de savoir faire preuve de patience plutôt que de se précipiter au risque, au bout du compte, de mettre sa vie en danger.
L’OMS met en garde, la HSCP arbitre
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a condamné, lundi 23 mars, l'administration de médicaments aux patients infectés par le nouveau coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité, mettant elle aussi en garde contre les « faux espoirs » qu'ils pourraient susciter. « Des études réduites et non randomisées, réalisées à partir d’observations, ne nous apporteront pas les réponses dont nous avons besoin », a averti le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sans citer explicitement l'initiative prise à Marseille.
Lire aussi : Contre le coronavirus, halte aux fake news ! En finir avec les idées reçues
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Face à cette situation, le Haut conseil de santé publique (HSCP) recommande de ne pas utiliser la chloroquine « en l’absence de recommandation, à l’exception de formes graves, hospitalières sur décision collégiale des médecins et sous surveillance médicale stricte », a déclaré Olivier Véran lundi 23 mars. Le HSCP exclut aussi « toute prescription dans la population générale ou pour des formes non sévères à ce stade, en l’absence de toute donnée probante ».
Un essai clinique européen, baptisé « Discovery », a débuté, lundi 23 mars, pour tester plusieurs traitements au Covid-19 dont la chloroquine sur 3 200 patients répartis dans sept pays. Les premiers résultats sont attendus dans 15 jours. A l’issue de l’essai clinique, l’efficacité des traitements administrés sur les malades sera alors validée ou non.
A ce jour, aucun vaccin n’existe pour venir à bout du coronavirus, qui a tué plus de 16 000 personnes à travers le monde.
Mise à jour jeudi 26 mars : La prescription de la chloroquine autorisée mais encadrée par décret. Ce qu'il faut savoir ici
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Epidémies, guerres, catastrophes naturelles : l’éthique musulmane face à l’épreuve
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