Grâce à nos différences

Coexister fête ses dix ans : dix ans de fidélité et d'engagement

Rédigé par | Mercredi 16 Janvier 2019 à 11:35



Ce lundi 14 janvier 2018, j’ai vécu une date tout à fait particulière dans ma vie de jeune. À tout juste 26 ans, j’ai eu l’occasion de fêter, avec les autres cofondateurs de Coexister, mes dix ans d’engagement et de fidélité au service d’une même idée ! Dix ans d’engagement, c’est un privilège que peu de jeunes peuvent s’offrir.

Le zapping - qu’il soit le fait d'une contrainte, d'une désillusion, d'une option personnelle, ou d'une mode tristement répandue - affiche une hégémonie sans partage. Pourtant, au sein même de mon entourage de vingtenaires, et de plus jeunes encore, je ressens très fortement cette aspiration à creuser son sillon, à stabiliser sa vocation en un lieu qui fait sens.

Un lieu qui fait sens, soit un lieu qui fait sens-oriel, c’est-à-dire qui suscite en nous l’expérience charnelle de nos cinq dimensions, là où l’émotion fait frémir et bouillir, quand le cap à atteindre nous attire. Un lieu qui fait sens, c’est-à-dire direction, c’est par là, dans ce sens, à droite plutôt qu’à gauche ou à gauche plutôt qu’à droite, ou en face tout simplement. Un lieu qui fait sens, c’est-à-dire qui répond à un « pourquoi » profond, un « pourquoi » intime, capable d’éclairer le « pourquoi » du monde et des choses autour de nous, afin de les relier à une signification qui dépasse la seule évidence, la seule apparence rendue visible par la matière.

Trouver dans la fidélité une véritable sérénité

En atteignant ce dixième anniversaire avec Coexister, je serais tenté de vous dire tout ce que nous avons pu réaliser collectivement, auprès de jeunes de nos âges pour développer cet apprentissage fin, subtil, compliqué de l’être ensemble, les uns avec les autres, dans nos différences qui s’apparentent souvent à des divergences. Je serais tenté de vous dire comment ces divergences constatées ont pu faire émerger des convergences consenties.

Mais c’est sur ce consentement, justement, que j’aimerais attirer votre attention ! Car au moment de boucler une décennie de fidélité, c’est ce seul fait d’avoir consenti à rester là où j’avais un jour déjà dit oui, avec persévérance, et parfois acharnement qui, aujourd’hui, me retourne tout entier à l’intérieur de moi et me fait passer de l’expérience à l’expériment, là où le sujet ne façonne plus son objet mais où le sujet est façonné par son objet. Non pas une persévérance orgueilleuse de compter sur ses propres forces, mais la persévérance respectueuse de la vérité déjà vécue, qui une fois creusée peut faire goûter à quelque chose de l’éternité.

La foi, c’est de ne pas douter dans l’obscurité de ce qu’on a un jour vu dans la lumière. La foi vient de fides en latin, qui a donné fidélité. Et c’est cela la fidélité : c’est cette foi, cette confiance à trembler sans couler. Une certaine idée contemporaine de la liberté aurait tendance à nous faire croire qu’être libre, c’est de partir quand la vie devient trop difficile. Mais cette liberté là oublie qu’en renonçant à son engagement, l’âme s’expose à d’autres tourments des déterminismes qui, parfois, sont plus forts qu’un vrai choix personnel consenti.

Au moment de célébrer cette fidélité d’engagés, bien au-delà d’une valeur morale ou d‘un pauvre principe, un piètre précepte, j’atteste avoir découvert dans cette fidélité une véritable sérénité : celle de la pleine conviction que l’accomplissement totale de moi-même est possible ici et à cet endroit, dans cet infini que je peux creuser dans le puits qui est sous mes pieds en renonçant à creuser dans le puits d’à côté.

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Samuel Grzybowski est entrepreneur social et militant associatif. Il est fondateur de Coexister… En savoir plus sur cet auteur