Serions-nous curieux de savoir comment Dieu s’adresse à tous sans exception ? Comment présente-t-Il Son Messager, Son Livre ? Quelles thématiques aborde-t-Il ? Quels registres émotionnels mobilise-t-Il ? Quelle pédagogie utilise-t-Il ?
Dix-neuf versets du Livre saint sont consacrés à tous. Un discours divin ouvert à tous, avec une formulation juste et des thématiques sélectionnées. Un cours magistral pratique à tracer parmi les multiples versets pour qui cherche à faire mieux, à faire juste et beau. Un modèle éloquent et éternel de conversation et de dialogue.
Dix-neuf versets du Livre saint sont consacrés à tous. Un discours divin ouvert à tous, avec une formulation juste et des thématiques sélectionnées. Un cours magistral pratique à tracer parmi les multiples versets pour qui cherche à faire mieux, à faire juste et beau. Un modèle éloquent et éternel de conversation et de dialogue.
Une offre publique de spiritualité
Déjà, ce qui vient d’être dit n’est pas conforme aux critères d’un discours pour tous. Le « divin », les « majuscules », le « Livre », rien de cela n’apparaît dans les versets adressés à tous ! « Ô gens ! … », refrain emblème de ces versets, sera notre boussole dans cette exploration.
Le Coran, sans être cité par son nom, est annoncé factuellement, sans mobiliser aucun concept, comme preuve, argument, accessible et abordable par les facultés rationnelles de tous : « Ô gens ! Certes, une preuve évidente vous est venue de la part de votre Seigneur. Et Nous avons fait descendre vers vous une lumière éclatante. » (Sourate Les Femmes, verset 174)
Les autres caractères et noms tels que guidée (houda), rappel (dhikr), miséricorde (rahma), Coran (récitation), discernement (fourqâne), prescription ou commandement (kitab) n’y sont pas mis en avant. Vraisemblablement parce que tous n’y croient pas forcément. Il s’agit probablement, dans ces versets, d’observer le champ de référence et le perçu de l’interlocuteur. Une attitude divine et prophétique déconcertante pour le fidèle qui observe le Livre par le prisme de la foi en l’Invisible.
Le même verset signale l’avènement, pour les humains, d’une lumière manifeste. Probablement pour ceux des humains qui touchent les limites de la raison matérielle et cherchent un ailleurs. Une offre publique de spiritualité qu’il nous revient de développer dans la juste mesure.
Le Coran, sans être cité par son nom, est annoncé factuellement, sans mobiliser aucun concept, comme preuve, argument, accessible et abordable par les facultés rationnelles de tous : « Ô gens ! Certes, une preuve évidente vous est venue de la part de votre Seigneur. Et Nous avons fait descendre vers vous une lumière éclatante. » (Sourate Les Femmes, verset 174)
Les autres caractères et noms tels que guidée (houda), rappel (dhikr), miséricorde (rahma), Coran (récitation), discernement (fourqâne), prescription ou commandement (kitab) n’y sont pas mis en avant. Vraisemblablement parce que tous n’y croient pas forcément. Il s’agit probablement, dans ces versets, d’observer le champ de référence et le perçu de l’interlocuteur. Une attitude divine et prophétique déconcertante pour le fidèle qui observe le Livre par le prisme de la foi en l’Invisible.
Le même verset signale l’avènement, pour les humains, d’une lumière manifeste. Probablement pour ceux des humains qui touchent les limites de la raison matérielle et cherchent un ailleurs. Une offre publique de spiritualité qu’il nous revient de développer dans la juste mesure.
Des versets qui sensibilisent et répondent à des doutes
Le Coran est annoncé aussi comme exhortation : « Ô gens ! Une exhortation vous est venue, de votre Seigneur, une guérison de ce qui est dans les poitrines, un guide et une miséricorde pour les croyants .» (Sourate Yunus, verset 57) Celle-ci conjugue, on le sait, une information sûre, une logique saine et une émotion mobilisatrice. Pour dire la puissance de l’exhortation, le modèle à grande échelle le plus éloquent de nos jours est la publicité et les campagnes de toutes sortes. Notre travail consistera à mettre en exergue la teneur exhortative du Livre et la présenter à tous.
Dans le même verset, le Coran est annoncé aussi, à tous, comme guérison de « ce que recèlent les poitrines ». Et Dieu sait les maux que recèlent les poitrines des humains. Ce n’est pas une guérison uniquement pour les croyants censés, eux, observer une attitude préventive.
Le Prophète y est présenté comme informateur clair : « Dis : "Ô gens ! Je ne suis pour vous, en vérité, qu’un avertisseur explicite." » (Sourate Le pèlerinage, verset 49) Face au doute de ses interlocuteurs, il use d’arguments rationnels : « Ô gens ! Si vous doutez au sujet de la Résurrection, c’est Nous qui vous avons créés de terre, puis d’une goutte de sperme, puis d’une adhérence puis d’un embryon… » (Sourate Le pèlerinage, verset 5).
Il réaffirme sa propre foi : « Dis : "Ô gens ! Si vous êtes en doute sur ma religion, moi, je n’adore point ceux que vous adorez en dehors de Dieu ; mais j’adore Dieu qui vous fera mourir." » (Sourate Yunus, verset 104). Il lance des défis rationnels : « Ô gens ! Une parabole vous est proposée, écoutez-la : "Ceux que vous invoquez en dehors de Dieu ne sauraient même pas créer une mouche, quand même ils s’uniraient pour cela." » (Sourate Le pèlerinage, verset 73). Il sensibilise en évoquant le vécu de tout un chacun : « Ô gens ! Craignez votre Seigneur et redoutez un jour où le père ne répondra en quoi que ce soit pour son enfant, ni l’enfant pour son père. » (Sourate Luqmane, verset 33) Il responsabilise en évoquant les conséquences sociétales des corruptions : « Ô gens ! Votre transgression ne retombera que sur vous-mêmes. C’est une jouissance temporaire de la vie présente. » (Sourate Yunus, verset 23) Il se montre pédagogue en illustrant par des métaphores.
Lorsque ces versets parlent d’adoration : « Ô gens ! Adorez votre Seigneur, qui vous a créés vous et ceux qui vous ont précédés. Ainsi atteindriez-vous la piété. » (Sourate La Vache, verset 21), ce n’est pas pour créer un nouveau concept, mais pour diriger cette adoration vers Celui qui en est digne, de manière pragmatique.
Lorsqu’ils parlent de foi, c’est de manière pragmatique : « Ô gens ! Le Messager vous a apporté la vérité de la part de votre Seigneur. Ayez la foi, donc, cela vous sera meilleur. » (Sourate Les Femmes, verset 170), en offrant à chacun la liberté de choisir : « Dis : "Ô gens ! Certes la vérité vous est venue de votre Seigneur. Donc, quiconque est dans le bon chemin ne l’est que pour lui-même ; et quiconque s’égare, ne s’égare qu’à son propre détriment." » (Sourate Yunus, verset 108)
Dans le même verset, le Coran est annoncé aussi, à tous, comme guérison de « ce que recèlent les poitrines ». Et Dieu sait les maux que recèlent les poitrines des humains. Ce n’est pas une guérison uniquement pour les croyants censés, eux, observer une attitude préventive.
Le Prophète y est présenté comme informateur clair : « Dis : "Ô gens ! Je ne suis pour vous, en vérité, qu’un avertisseur explicite." » (Sourate Le pèlerinage, verset 49) Face au doute de ses interlocuteurs, il use d’arguments rationnels : « Ô gens ! Si vous doutez au sujet de la Résurrection, c’est Nous qui vous avons créés de terre, puis d’une goutte de sperme, puis d’une adhérence puis d’un embryon… » (Sourate Le pèlerinage, verset 5).
Il réaffirme sa propre foi : « Dis : "Ô gens ! Si vous êtes en doute sur ma religion, moi, je n’adore point ceux que vous adorez en dehors de Dieu ; mais j’adore Dieu qui vous fera mourir." » (Sourate Yunus, verset 104). Il lance des défis rationnels : « Ô gens ! Une parabole vous est proposée, écoutez-la : "Ceux que vous invoquez en dehors de Dieu ne sauraient même pas créer une mouche, quand même ils s’uniraient pour cela." » (Sourate Le pèlerinage, verset 73). Il sensibilise en évoquant le vécu de tout un chacun : « Ô gens ! Craignez votre Seigneur et redoutez un jour où le père ne répondra en quoi que ce soit pour son enfant, ni l’enfant pour son père. » (Sourate Luqmane, verset 33) Il responsabilise en évoquant les conséquences sociétales des corruptions : « Ô gens ! Votre transgression ne retombera que sur vous-mêmes. C’est une jouissance temporaire de la vie présente. » (Sourate Yunus, verset 23) Il se montre pédagogue en illustrant par des métaphores.
Lorsque ces versets parlent d’adoration : « Ô gens ! Adorez votre Seigneur, qui vous a créés vous et ceux qui vous ont précédés. Ainsi atteindriez-vous la piété. » (Sourate La Vache, verset 21), ce n’est pas pour créer un nouveau concept, mais pour diriger cette adoration vers Celui qui en est digne, de manière pragmatique.
Lorsqu’ils parlent de foi, c’est de manière pragmatique : « Ô gens ! Le Messager vous a apporté la vérité de la part de votre Seigneur. Ayez la foi, donc, cela vous sera meilleur. » (Sourate Les Femmes, verset 170), en offrant à chacun la liberté de choisir : « Dis : "Ô gens ! Certes la vérité vous est venue de votre Seigneur. Donc, quiconque est dans le bon chemin ne l’est que pour lui-même ; et quiconque s’égare, ne s’égare qu’à son propre détriment." » (Sourate Yunus, verset 108)
Dessiner une ligne authentique et cohérente de participation et de co-construction grand public
Les hommes et les femmes y sont ramenés à une seule âme : « Ô gens ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse. » (Sourate Les Femmes, verset 1) Ils forment des peuples et des tribus pour pouvoir s’identifier et avoir une adresse : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. » (Sourate Les Appartements, verset 13) Une égalité d’essence que chacun appelle de ses vœux.
En termes de consommation, deux aspects essentiels sont soulevés : la légalité et la santé : « Ô gens ! Mangez de ce qui est licite et bon sur la terre, et ne suivez pas les pas de Satan, car il est pour vous un ennemi déclaré. » (Sourate La Vache, verset 168) Deux aspects qui touchent à plusieurs thématiques modernes comme le commerce équitable, les fraudes, la pollution, sans être exhaustif.
Autant de savoir-faire, de thématiques et de champs d’investissement que ces versets proposent. De quoi dessiner une ligne authentique et cohérente de participation et de co-construction grand public.
Pour aller plus loin, existe-t-il une formulation, une caractérisation, sociétale et grand public de l’Islam ? Peut-on parler d’un islam pour tous exprimé dans les sources en mobilisant uniquement des terminologies communes ? Qu’en est-il de la foi ? Qu’en est-il de la mécréance ? A-t-elle une caractérisation sociétale, humaine ? Qu’en est-il de toute la mission du Prophète, paix et salut sur lui ?
Cette recherche, bien sûr, n’a pas pour objectif d’émettre un statut légal sur qui est et qui n’est pas musulman. Elle explore le vocabulaire coranique et prophétique par lequel des notions abordées uniquement par un biais théologique sont exprimées au grand public.
« Quel islam est le meilleur ? », demanda un homme au Messager de Dieu. On pourrait s’attendre à une réponse qui évoque la prière, la foi, le Coran. Pas cette fois-ci. « Offrir le repas, et saluer ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas », répondit le Prophète (hadith rapporté par Al Boukhari). L’homme qui posa la question fut Abû Dhar, un auguste compagnon connu pour son goût pour la justice et l’équité. Cette définition apporte une approche différente de la définition qui met en avant les cinq piliers principaux. La solidarité et la paix sociale sont des sommets où l’islam culmine.
« Quiconque recèle trois qualités aura réuni la foi », nous enseigne Ammar, fils de Yasser, un autre illustre compagnon, selon un hadith rapporté par l’imam Al-Bayhaqi dans son ouvrage Shu’ab al-Iman : « Faire justice contre soi, offrir la paix à tous, faire don malgré son besoin. »
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Première parution sur le site de Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM).
En termes de consommation, deux aspects essentiels sont soulevés : la légalité et la santé : « Ô gens ! Mangez de ce qui est licite et bon sur la terre, et ne suivez pas les pas de Satan, car il est pour vous un ennemi déclaré. » (Sourate La Vache, verset 168) Deux aspects qui touchent à plusieurs thématiques modernes comme le commerce équitable, les fraudes, la pollution, sans être exhaustif.
Autant de savoir-faire, de thématiques et de champs d’investissement que ces versets proposent. De quoi dessiner une ligne authentique et cohérente de participation et de co-construction grand public.
Pour aller plus loin, existe-t-il une formulation, une caractérisation, sociétale et grand public de l’Islam ? Peut-on parler d’un islam pour tous exprimé dans les sources en mobilisant uniquement des terminologies communes ? Qu’en est-il de la foi ? Qu’en est-il de la mécréance ? A-t-elle une caractérisation sociétale, humaine ? Qu’en est-il de toute la mission du Prophète, paix et salut sur lui ?
Cette recherche, bien sûr, n’a pas pour objectif d’émettre un statut légal sur qui est et qui n’est pas musulman. Elle explore le vocabulaire coranique et prophétique par lequel des notions abordées uniquement par un biais théologique sont exprimées au grand public.
« Quel islam est le meilleur ? », demanda un homme au Messager de Dieu. On pourrait s’attendre à une réponse qui évoque la prière, la foi, le Coran. Pas cette fois-ci. « Offrir le repas, et saluer ceux que tu connais et ceux que tu ne connais pas », répondit le Prophète (hadith rapporté par Al Boukhari). L’homme qui posa la question fut Abû Dhar, un auguste compagnon connu pour son goût pour la justice et l’équité. Cette définition apporte une approche différente de la définition qui met en avant les cinq piliers principaux. La solidarité et la paix sociale sont des sommets où l’islam culmine.
« Quiconque recèle trois qualités aura réuni la foi », nous enseigne Ammar, fils de Yasser, un autre illustre compagnon, selon un hadith rapporté par l’imam Al-Bayhaqi dans son ouvrage Shu’ab al-Iman : « Faire justice contre soi, offrir la paix à tous, faire don malgré son besoin. »
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Première parution sur le site de Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM).