Alors oui ou non pour le traité constitutionnel ? Les sondages en perdent les pédales ! Un temps la France semble dire oui, puis non. Le dernier sondage en date, publié hier 17 mai, indique qu’à nouveau 53% des français voteront non au référendum du 29 mai. Une France qui se divise en deux mais qui n'aura jamais autant traité de l'Europe.
Alors que la droite française, exceptée l’extrême, mène une campagne unanime en faveur du oui, la gauche apparaît plus que jamais divisée. Le référendum du 29 mai creuse ainsi le fossé socialiste, alimenté par des sondages oscillant entre le oui et le non.
Jusqu’à présent, les arguments du camp du oui semblent réduits à la menace qu’une Europe risquerait de se faire sans la France, ou pire encore ne se ferait plus du tout ! Jean-Pierre Raffarin s’est ainsi exprimé dans ce sens mardi soir à Bordeaux. En cas de non, le premier ministre a prédit une double crise : politique et économique. Du côté du « oui » du Parti Socialiste, la constitution européenne ne peut être plus sociale qu’elle n’est définie dans le traité. Une Europe sociale inscrite dans une logique d’économie de marché. Chez les « non » socialistes, groupe mené par Laurent Fabius, ce traité ne pourrait pas être sociale. Même son de cloche chez Lutte Ouvrière, la Ligue Communiste Révolutionnaire et les alter mondialistes représentés par Attac.
Alors Europe sociale ou libérale, ou les deux…
Tout le débat se situe là ! La directive Bolkestein, inscrite dans le traité, suivant laquelle un travailleur étranger pourrait travailler dans un pays européen selon les droits de son pays d’origine, avait fait tâche dans ce traité constitutionnel de l’ « Europe sociale ». Sous la pression de Jacques Chirac, les 25 chefs d'Etats et de gouvernements de l'Union européenne sont tombés d'accord le 22 mars sur la nécessité de modifier en profondeur la directive Bolkestein sur les services afin de « préserver le modèle social européen ».
« La directive ne sera pas retirée, mais des modifications seront effectuées », a annoncé le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, président en exercice du conseil européen. La directive sera modifiée suivant « deux principes » : « l'ouverture du marché intérieur des services » et le « respect du modèle social européen », a expliqué M. Juncker.
Passée cette fameuse directive, tout l’enjeu se résume alors à un combat sémantique. Ainsi par exemple les « services publiques » changés en « service d’intérêt générale » (SIG) ou encore le droit au travail transformé en droit de travailler… Des notions, des termes qui s’entremêlent au cours des débats, s’ajoutant à la complexité d’un traité qui est au final accessible à bien peu de monde.
Enfin, tout le monde est d’accord en tout cas, aussi bien chez les « oui » que chez les « non » sur le fait que l’économie européenne favorisera la concurrence et s’inscrira dans une économie de marché. A en croire d’ailleurs les partisans du « oui », l’économie de marché reste le seul avenir voire la seule issue concernant la question sociale.
Un vote non pour pénaliser le gouvernement Raffarin
Outre le débat autour de l’avenir de l’Europe, un mécontentement général de l’opinion française se fait sentir quant à la politique nationale de Jean-Pierre Raffarin. Le vote non serait, selon certain, un vote de sanction. « Raffarin n'est pas un bon avocat du oui » et « le pays est en colère contre lui ». « J'ai envie de lui dire: cachez-vous, laissez-nous faire la campagne », a asséné de son côté Jack Lang (PS), ardent militant du oui.
Le débat interactif organisé par Saphirnet.info avec Alima Boumediene-Thiery (ancienne députée européenne, et sénatrice de Paris (Les Verts)), et Mourad Gazli, membre de l’UMP, et qui aura lieu jeudi 19 mai, devrait éclairer les enjeux du « non » comme du « oui ». A suivre donc.