Points de vue

Coronavirus : Quand la nature se rappelle à notre bon souvenir

Rédigé par Hassni Berrebha | Jeudi 7 Mai 2020 à 15:03



La nature a horreur du vide. Plus que jamais cette maxime aristotélicienne prend tout son sens dans les moments que nous vivons actuellement. A l’heure où les convictions ont laissé place aux incertitudes, des barrières se sont érigées entre nos demeures et le monde extérieur. Les rôles se sont peu à peu inversés et le prédateur d’hier est devenu malgré lui la proie d’aujourd’hui, jeté en pâture à un ogre microscopique, laissant ainsi le champ libre à une faune et une flore avide d’espace et de reconquête.

Notre récent passage de dominants à dominés lève le voile sur nos failles et nous renvoie à une cruelle vérité que nous avions enfouie sous les siècles de progrès scientifique et de croissance économique, celle de notre élémentaire et ordinaire statut dans ce monde. Au-delà des considérations écologiques, l’être humain est aujourd’hui rappelé à sa condition de simple composant d’un ensemble qui le dépasse, cette bonne vieille planète. Celle qu’il a façonnée à sa guise afin qu’elle subvienne à ses besoins élémentaires et réponde à ses envies parfois à l’excès lui renvoie ainsi son incommensurable et inexorable fragilité.

Qui veut façonner un avenir meilleur s’attèle d’abord à tirer les leçons du présent en devenir

Au cours des derniers mois durant lesquels une grande partie de l’humanité s’est résignée, malgré elle, à limiter ses déplacements et ses activités, nous avons pu voir le ciel s’éclaircir, l’air gagner en qualité, les cours d’eau en limpidité et la pollution diminuer de façon drastique à l’échelle mondiale. Cette période qui a sonné le glas de l’omniprésence humaine et de ces conséquences nous amène à nous questionner sur la corrélation devenue incontestable entre diminution de l’activité humaine et progrès environnemental.

Le constat est autant amer qu’il en est indéniable, n’en déplaise aux climato-sceptiques et autres défenseurs des logiques néo-libérales, la dichotomie entre compétition économique à outrance et préservation de l’environnement n’est désormais plus à prouver et c’est bien là où le bât blesse. Nier l’évidence, c’est nous plonger dans l’ignorance, celle qui nous aveugle et nous conforte dans nos comportements et notre capacité à feindre l’optimisme absurde.

Non, les choses ne vont pas aller en s’améliorant et l’actualité est bien là pour se rappeler au bon souvenir des amnésiques qui s’entêtent à se rassurer en pensant que le pire fait dorénavant partie du passé. Qui veut façonner un avenir meilleur s’attèle d’abord à tirer les leçons du présent en devenir, des crises qui l’accablent et des erreurs qu’il a pu commettre.

Une autre voie est possible, conciliant progrès avec considération pour cette Terre que nous avons tant malmenée

Chacun se doit de porter une oreille attentive à cet avertissement lancé par ce qui nous entoure dans nos villes, dans nos campagnes, tant à l’échelle locale qu’au niveau global et s’en faire l’écho auprès de tous. Une autre voie est possible, conciliant croissance, progrès mais également considération pour cette Terre que nous avons tant malmenée.

L’avenir doit se construire autour d’un maître mot : l’humilité qui devra être nôtre et le leitmotiv de nos actions futures devant ces paysages grandioses qui se dressent devant nous et contemplent avec tant de sévérité notre inconscience. Mettre l’humain au centre de nos préoccupations est primordial mais cela doit aller de paire avec la préservation de cette nature dont nous sommes tant tributaires. Contrairement à ce que veulent nous faire croire certains politiques, les domaines d’action que sont la santé, le social et l’environnement ne sont pas à opposer mais bien à intégrer à une réflexion globale puisqu’ils sont définitivement intrinsèquement liés.

La tâche à accomplir peut paraître ardue, complexe, elle est immense mais le champ du possible l’est tout autant pour qui se préoccupe un tant soit peu de ce qu’il va léguer à ses enfants, aux générations futures. Le respect de ce qui nous entoure doit être l’idée qui nous anime car c’est lorsqu’on se bat malgré les échecs essuyés qu’on est digne de respect.

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Hassni Berrebha est titulaire d'un master d'histoire.