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Coronavirus : avec le confinement, quels dispositifs pour remplacer la prière du vendredi ?

Rédigé par | Vendredi 20 Mars 2020 à 16:35

Le confinement, décrété en France pour enrayer la propagation du coronavirus, bouleverse les habitudes de ceux et celles parmi les musulmans qui se rendaient à la mosquée pour effectuer la prière du vendredi. Ce rite peut-il être accompli d'une manière ou d'une autre chez soi, avec l'avènement des réseaux sociaux ? Que peuvent faire les fidèles pour remplacer ce rite ? A ces questions, des réponses claires existent.



Avec l’instauration du confinement en France, les mosquées de France ont fermé, pour l’immense majorité d’entre elles, leurs portes et n’assurent plus l’organisation des prières quotidiennes et de la prière du vendredi. Une immense majorité et non pas l’ensemble des mosquées car les lieux de culte, toutes obédiences confondues, ont l’autorisation de demeurer ouverts à la condition qu’ils ne rassemblent pas plus de 20 personnes et qu’ils s’assurent du strict respect des règles sanitaires comme la distanciation sociale et les gestes-barrières.

Au regard de ces consignes et des difficultés à les faire appliquer, les responsables de mosquées ont très vite fait le choix de la fermeture, plus particulièrement pour la prière du vendredi (jumu’a, en arabe). En islam, ce rite, obligatoire pour les hommes, ne peut être effectué qu’en groupe, à la mosquée après l’écoute d’un prêche de l’imam (khotba).

Lorsqu’une personne est dans l’impossibilité de la faire, cette prière est traditionnellement remplacée par la première prière de l’après-midi (dhor), qui compte non pas deux mais quatre unités de prière (rak’at). Confinement oblige, et dans l‘impossibilité d’accomplir la prière du vendredi, la prière du dhor est à effectuer chez soi.

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Quelle alternative à la prière du vendredi ?

Si les règles semblent claires, une question a émergé ces derniers jours parmi des fidèles : peut-on effectuer la traditionnelle prière du vendredi après avoir suivi le prêche d’un imam sur les réseaux sociaux ? Bien que peu nombreux à se poser la question, selon nos constats, une réponse claire est toujours des plus bienvenues. C’est le non qui prévaut du côté du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui a fait savoir que de telles initiatives sont à prendre « avec beaucoup de réserve ».

« Selon l’immense majorité des théologiens musulmans, ce type de dispositif n’est pas fondé », rappelle l’instance, qui avait déjà fait savoir, début mars, que, « parce que la situation l’exige, les fidèles concernés remplaceront, la prière du vendredi par une prière individuelle de dhor », dans le cas d’une annulation. « D’ailleurs, aucun des pays du monde musulman qui sont tout aussi concernés que la France (par la pandémie de Covid-19), n’a opté pour ce dispositif de substitution. »

C’est non aussi du côté de Musulmans de France (MF) qui, par la voix de Larabi Becheri, doyen de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon, a fait savoir que la prière du vendredi est « un rassemblement physique, avec une orientation unique du groupe » qui « doit rester à la mosquée ».

« Il faut savoir qu’à l’origine, jumu’a devrait être officiée dans une seule mosquée par ville. Etant donné les difficultés, il est toléré que chaque mosquée fasse sa salat jumu’a, mais ceci constitue déjà une facilité accordée et il n’est pas judicieux d’aller plus loin. Le risque est de nourrir la dispersion », indique-t-il.

Son conseil aux fidèles des mosquées en cette période de confinement : ils « peuvent suivre un prêche, qui sera comme un darss (rappel) et non comme une khotba, afin de conserver cet apport habituel du vendredi. Mais la prière qui suivra sera salat dhor et non salat jumu’a ».

Continuer à accompagner les fidèles dans leur vie spirituelle

Le CFCM, « dans la perspective d’absence de célébration de prière collective du vendredi, dès aujourd’hui et probablement pour plusieurs semaines, ainsi que les prières journalières dans nos mosquées », appelle les imams « à doubler d’efforts pour accompagner les fidèles dans leur vie spirituelle et répondre à leurs interrogations en ces moments difficiles », avec « une attention particulière (qui) doit être réservée aux familles touchées par la perte d’un cher ».

L’instance préconise aux cadres religieux la réalisation régulière d’enregistrements audio ou vidéo pour diffusion sur les réseaux sociaux afin d’aider leurs fidèles « à surmonter la contrainte de confinement qui est nécessaire pour la protection de tous ». Sans attendre de telles préconisations, des mosquées, parmi celles qui diffusaient déjà régulièrement leurs prêches du vendredi, ont procédé, vendredi 20 mars, à la diffusion de vidéos, toutes axés, pour celles que nous avons pu consulter, sur la crise sanitaire que traverse la France.

En date du 20 mars, le coronavirus a tué en France 372 personnes et a contaminé plus de 10 000 personnes. Plus de 4 000 décès ont été enregistrés en Europe, bien plus que les 3 250 morts enregistrés jusque là en Chine.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur