New York – Les médias peuvent-ils vraiment apaiser ou enflammer une situation ? La question s’est à nouveau posée à la suite de deux crimes racistes visant des musulmans dans le Queens le mois dernier. Dans le premier, Ali Akmal, un grand-père de 72 ans, chéri des siens, a été agressé le 24 novembre au cours de sa promenade matinale. Dans le deuxième, le 19 novembre, c’est Bashir Ahmad, vendeur de kebab ambulant, qui s’est fait rosser et poignarder alors qu’il tentait d’entrer dans la mosquée Al-Saalihien pour y faire sa prière du matin.
Plusieurs agences de presse ont relaté ces incidents, exploitant sous tous les angles possibles ces crimes racistes. Une de ces démarches m’a interpellé, dans la mesure où elle renforçait le stéréotype. Songeant à des exemples positifs de journalisme objectif récusant les mythes au cours de l’année écoulée, je me suis rendu compte combien les médias peuvent faire la différence selon la démarche qu’ils adoptent.
Ainsi, plutôt que de décrire la victime innocente d’un crime raciste, certains articles mettent en évidence la colère de la victime à l’encontre de son agresseur. En fait, je suppose que toutes les victimes d’agressions violentes sont fort en colère. Ce parti pris m’a dérangé : la presse aurait-elle publié les mêmes grands titres s’il s’était agi de victimes appartenant à tout autre groupe social américain ? Les médias ne devraient-ils pas plutôt, au lieu de véhiculer le mythe, s’efforcer de dissocier l’islam de la violence ?
De multiples façons, la couverture de ces incidents en ville de New York est un modèle réduit de la façon dont la presse mondiale relate les conflits internationaux impliquant des musulmans. Trop souvent, ces articles réduisent à un entrefilet un crime contre des musulmans, ce qui renforce le stéréotype selon lequel la violence serait le propre des musulmans, minimisant le droit de toute victime à exprimer sa douleur.
En évitant les stéréotypes et en s’assurant que les titres et le texte font justice à la situation, les rédacteurs et les journalistes peuvent faire reculer ces stéréotypes et, au-delà, les actes de violence eux-mêmes.
En fait, les journalistes ont déjà beaucoup fait pour faire de New York une ville moins sectaire. Au début de 2012, lorsqu’une campagne publicitaire dans le métro a paru viser injustement les musulmans en général, plusieurs organes de presse se sont ouverts à des voix musulmanes afin de prouver que le musulman ne peut être réduit à quelque pub.
Dans un autre cas, les organes de presse sont eux-mêmes montés au créneau pour dénoncer des campagnes de surveillance antiterroriste visant des communautés musulmanes. De toute évidence, les médias ont les moyens de proposer une couverture objective et représentative de tous les intéressés, sans parler de tous les avantages qu’apporterait cette démarche.
En faisant leur métier avec sensibilité et professionnalisme, le journaliste a les moyens de faire reculer les stéréotypes et, faisant entendre une voix citoyenne dans la cité, de participer aux efforts de rapprochement dans la nation et dans le monde.
* Robert Amir Berry est diplômé de la Fletcher School of Law and Diplomacy. Il est spécialiste de la résolution des conflits et de la civilisation islamique de l’Asie du sud-ouest. Militant facilitateur de Soliya, il se consacre à des initiatives de rapprochement entre l’Occident et le monde musulman.
Plusieurs agences de presse ont relaté ces incidents, exploitant sous tous les angles possibles ces crimes racistes. Une de ces démarches m’a interpellé, dans la mesure où elle renforçait le stéréotype. Songeant à des exemples positifs de journalisme objectif récusant les mythes au cours de l’année écoulée, je me suis rendu compte combien les médias peuvent faire la différence selon la démarche qu’ils adoptent.
Ainsi, plutôt que de décrire la victime innocente d’un crime raciste, certains articles mettent en évidence la colère de la victime à l’encontre de son agresseur. En fait, je suppose que toutes les victimes d’agressions violentes sont fort en colère. Ce parti pris m’a dérangé : la presse aurait-elle publié les mêmes grands titres s’il s’était agi de victimes appartenant à tout autre groupe social américain ? Les médias ne devraient-ils pas plutôt, au lieu de véhiculer le mythe, s’efforcer de dissocier l’islam de la violence ?
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