Société

Crise : pour les sans-abri, l'hiver n'est pas le bienvenu

Rédigé par Leïla Belghiti | Vendredi 11 Décembre 2009 à 00:01

L’hiver approche, avec son lot de détresse pour les plus démunis. Chaque année, ce sont des centaines d’associations qui se mettent sur le pied de guerre pour apporter un peu de chaleur à cette dure période de l’année. Saphirnews a été à la rencontre de quelques-unes d’entre elles.



En France, plus de 100 000 personnes sont sans domicile fixe. (Photo : Amatullah)
Pas de statistiques officielles. Le fait dérange. Le dur constat est réalisé par toutes les associations humanitaires : chaque année, ce sont plusieurs centaines de sans-abri qui meurent de froid. L’hiver 2008-2009 a été le troisième hiver le plus froid depuis vingt ans. Cette année encore, les températures s’annoncent bien rudes, et dans certaines régions, l’hiver a déjà pointé le bout de son nez.

Plats chauds, couvertures... et un toit surtout !

Le local d’Une chorba pour tous, une association parisienne caritative et d’aide sociale (1992), bat son plein, et tente de transmettre ses rayons de soleil aux plus déshérités.

« On en est à huit marmites par jour actuellement », nous explique le président de l’association, Ali Hasni, qui prévoit une croissance de l’activité dans les jours qui arrivent. Les maraudes, ils en organisent depuis six ans : chaque hiver, Ali et son équipage sillonnent les rues, métros, gares avec leur camionnette pour distribuer trousses de premiers secours, vêtements, couvertures et plus de 900 colis alimentaires par jour. «On prépare de la chorba, du couscous, des haricots, de la viande, des pâtes, du riz... Les sans-abris ont besoin de plats chauds. »

Un chantier tellement lourd que l’association, financée par des dons privés (supermarchés, etc.) et particuliers, se bat pour survivre. Et comme si cela ne suffisait pas, le propriétaire du local veut récupérer les clés : l’association sera à la porte début 2010, si elle ne trouve pas un nouveau toit. «SOS ! », crie presque Chafia Azouni, la gestionnaire de l’association.

Djilali Bennaboura, lui aussi, connaît bien les périodes de grand froid. Travailleur social et ancien de la Croix-Rouge, il est responsable de la Mission sociale du Secours Islamique France.

Le plan « maraudes » a déjà commencé : depuis le 17 novembre, une vingtaine de bénévoles sautent dans leur camion tout neuf estampillé « Secours Islamique », se mobilisant chaque jour pour transporter le minimum nécessaire aux plus démunis des villes de Saint-Denis et de Saint-Ouen, en partenariat avec le SAMU, les Restos du cœur et la Croix-Rouge.

« Nous espérons élargir notre zone de distribution dans les années à venir », nous confie M. Bennaboura. Le nerf de la guerre contre le froid : l’argent. Loger les sans-abri, au moins pour la nuit, fait partie de leurs préoccupations premières. « On aura beaucoup de mal à loger tout le monde cette année, s’inquiète-t-il. Avec la grippe A, les mairies réquisitionnent les gymnases ».

« La misère n’a pas de nationalité », fait-il remarquer, relevant un phénomène récent : « Entre 5 et 10 % des clients de notre épicerie solidaire sont des travailleurs pauvres, et il y en a de plus en plus ».

La toute fraîche organisation humanitaire Muslim-Hands France (lancée depuis un an) se prépare aussi à se jeter dans le grand bain hivernal. « Nous sommes encore à l’état embryonnaire du projet, mais cela avance sûrement », nous déclare Djamel Misraoui, son directeur.

Il n'empêche. Muslim Hands et l'association Amatullah, en partenariat avec l'entreprise de livraison de viande halal à domicile Halaldom ont organisé samedi 5 décembre, un grand repas de l'Aïd, près du cimetière du Père-Lachaise, dans le 20e arrondissement de Paris. C'est là que l'association Amatullah distribue habituellement de 300 à 600 repas gratuits, chaque samedi. Ce samedi 5 décembre, ce sont 1 500 repas qui ont été servis pour partager l'esprit de l'Aïd el-Kébir, empreint de solidarité, avec les plus démunis.

Les migrants de Calais, des sans-abri, eux aussi

À Calais, c’est un tout autre « public » qui se présente aux portes de l’association Salam. Si la jungle a été rasée, les migrants sont toujours là, et comme tous les sans-abris, c’est la galère de la survie qui les suit tous les jours. L'association attend la décision du préfet de Calais pour l’obtention d’un local, place de Norvège, pour loger les migrants la nuit.

« On va avoir besoin de matelas et de couvertures surtout », nous confie Sylvie Copyans, une des responsables de l’association, qui craint bien de vite se retrouver dépassée par la demande. L’année dernière, près de 100 migrants ont pu bénéficier des locaux d’un gymnase et de repas chauds et équlibrés.

Cette année, ils seront sans doute plus 300. « 80 % sont des dons de particuliers et, à l’heure actuelle, nos quelque 360 adhérents ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins criants des sans-abri ». Avis aux volontaires !

À Calais, les migrants, sans abri, sont très jeunes et ne dépassent pas la trentaine. « Beaucoup sont des enfants de douze ou treize ans. »


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