Politique

Daniel Canepa, préfet d'Île-de-France : « L’État a voulu parfaire le dispositif de l'Aïd al-Adha »

J − 1 avant l'abattage rituel de l'Aïd el-Kébir 2010

Rédigé par Propos recueillis par Hanan Ben Rhouma | Lundi 15 Novembre 2010 à 16:45

À la veille de l’Aïd al-Adha ce mardi, les préfets veillent au grain. Parmi eux figure Daniel Canepa, préfet de la région Île-de-France, où se concentre une grande partie de la population musulmane en France. Contacté par Saphirnews, le préfet répond à quelques-unes de nos questions.



Daniel Canepa, préfet de la Région Île-de-France : « Le nombre de marchés au vif augmente de 60 %, passant de 12 à 20 en 2010 ; et sont le plus souvent annexés au site d’abattage. »

Saphirnews : Quel bilan avez-vous tiré de l'Aïd al-Adha 2009 dans votre Région ?

Daniel Canepa : Le retour d’expérience 2009 en Île-de-France est bon. L’État a voulu en 2010 parfaire le dispositif en améliorant, notamment, les capacités d’abattage, tout particulièrement en Seine-Saint-Denis (La Courneuve), département où réside une part importante de la communauté musulmane.

Combien d’abattoirs pérennes et temporaires organiseront l'opération Aïd cette année dans la Région ?

D. C. : En 2010 , neuf abattoirs sont ouverts pour répondre à la demande francilienne : cinq abattoirs pérennes à Jossigny, à Meaux et à Montereau (77), Ézanville et à Ableiges (95) et quatre abattoirs temporaires à Coulommiers (77), à Élancourt (78), à La Courneuve (93) et à Villiers-sur-Marne (94). Par rapport à 2009, un abattoir supplémentaire temporaire est agréé. Il est ouvert en Seine-Saint-Denis (La Courneuve).

L'an dernier, une trentaine d'abattoirs étaient disponibles au total. Le nombre devrait se réduire cette année, alors que le nombre de musulmans est important. Pour quelles raisons ?

D. C. : Il n’y a jamais eu 30 abattoirs en Île-de-France en 2009, mais huit (ndlr : lire « Aïd el-Kébir 2010 : un abattoir mobile dans le 9-3 six ans après », où le CRCM s'étonnait de la baisse du nombre d'abattoirs) ; en 2010, il y en aura 9. Le nombre de marchés au vif augmente de 60 % : il passe de 12 à 20. Ces marchés sont situés dans tous les départements franciliens, sauf dans le Val-de-Marne (94) et à Paris, et sont le plus souvent annexés au site d’abattage.

Quelles instructions avez-vous reçues du ministère de l'Intérieur ? Quels dispositifs votre préfecture compte mettre en place pour que la fête se passe le mieux possible, au niveau tant sanitaire que sécuritaire ?

D. C. : Les instructions du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Agriculture et de la Pêche visent à concilier l'attachement des musulmans à cette fête, les exigences sanitaires liées à la consommation de la viande et le respect des animaux, ainsi que l'ordre public. Les services de l’État sont particulièrement mobilisés depuis l’ouverture des marchés au vif il y a plus d’une semaine, et une trentaine d'inspecteurs sanitaires est en place durant toute la durée des abattages pour examiner les carcasses.
Des contrôles renforcés sont prévus pour les centres de rassemblement (20 marchés au vif en Île-de-France) pour contrôler la bonne santé des animaux et leur provenance. Un dispositif de gestion des animaux en cas de découverte de sites d'abattage clandestin est en place par la DRIAAF (la Direction régionale et interdépartementale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt, ndlr), 24 heures sur 24, pendant les trois jours (transport et mise en fourrière). Toutes les infractions relevées seront transmises au procureur de la République.

Un document d'accompagnement pour le transport d'animaux vivants, notamment pour les ovins et caprins, existe. Par qui est-il délivré ? Un particulier peut-il l'avoir ? Quelles sont les conditions pour obtenir ce document ?

D. C. : Seuls les transporteurs professionnels sont autorisés à transporter des animaux durant cette période, sauf dérogation délivrée par les directions départementales de la protection des populations. Cette dérogation peut être accordée à un particulier dans le cas d'un animal dûment identifié voyageant à destination d'un abattoir autorisé.

Quelles règles rappelez-vous aux opérateurs et aux consommateurs ? À quelles peines s'exposent-ils en cas d'infraction ?

D. C. : L’abattage en dehors des sites autorisés par les préfets est interdit, le transport des moutons vivants est interdit, sauf dérogation accordée par les Directions départementales de la protection des populations (DDPP).
Les consommateurs doivent s’adresser aux filières organisées (boucheries traditionnelles, grandes surfaces, marchés au vif organisés sous le contrôle des DDPP ou abattoirs autorisés).
Les infractions constatées sur les questions d’identification, de transport, d’abattage clandestin, de détention ou de commercialisation vont de la contravention au délit, avec des peines d’amende et d’emprisonnement. En 2009, une dizaine de sites clandestins a été découvert ; les PV ont été transmis au procureur.