Comprendre l’Islam pour pouvoir mieux l’enseigner. Une centaine de professeur ont ainsi avancé leur rentrée scolaire pour aller découvrir plus en profondeur la religion d’un grand nombre de leurs élèves. Depuis mercredi 28 août se tient à Sources d’Europe dans la Grande Arche de la Défense à Paris, la première université d’été de l’Education National sur le thème de « l’Europe et islam » et « Islams d’Europe ». Cette rencontre de trois jours devrait se terminer vendredi 30 août.
Combattre les préjugés
« Le dialogue avec l’islam modéré est aujourd’hui, pour les français comme pour tous les Européens, une nécessité… Expliquons aux jeunes d’origines musulmanes que pour eux aussi (…), l’adhésion aux valeurs de la République, leur intégration dans la société française, ne signifient en aucune manière la perte de ce qu’ils considèrent comme leur identité, leur foi » C’est ce que déclare Xavier Darcos, le ministre délégué à l’Enseignement scolaire lors de lors du discours inaugural. La lutte contre les préjugés, les idées à la mode telles que la fracture ou le choc des civilisations est l’une des grandes missions de l’école. Une autre mission de l’école appelle à « être ferme à l’égard des jeunes qui auraient perdu leurs repères en leur donnant une chance de se réconcilier avec la société qui les accueille (…) Evitons surtout cette dérive catastrophique pour les équilibres fondamentaux de notre République que constituerait l’évolution vers le communautarisme. »
Un dialogue encore incomplet
Cette nécessité de dialoguer avec l’Islam qu’il précise avec l’adjectif « modéré » (sic) n’est pourtant pas tout à fait entreprise. Parmi les interventions ponctuant l’université, aucune n’est assurée par un des représentants de la communauté musulmane, malgré l’affirmation du ministre que « ce qui compte, c’est le dialogue »
La méconnaissance de l’Islam est grande. Un professeur lors d’une diffusion d’un film sur sa classe lors d’un atelier pratique, s’interroge sur le terme de « gitans » qu’emploient quelques élèves musulmans de sa classe pour désigner des athées. Or, l’enseignante avait en réalité mal compris le terme car ses élèves ne disaient pas « gitans » comme le croyait la salle mais « chitane » signifiant 'diable' en arabe. On comprendra que l’ignorance des faits religieux rend encore plus difficile le dialogue.
L’islam au cœur de l’Europe
Pourtant, Xavier Darcos insiste que le poids du patrimoine culturel et scientifique musulman en Europe est énorme, ajoutant que « puisque notre imaginaire est à ce point nourri d’apports extérieurs, n’hésitons pas à le faire connaître et à faire comprendre à nos enfants (…) que l’on se construit, dans l’ordre culturel comme dans l’ordre affectif, par des apports successifs venus de l’extérieur. » C’est dans ce cadre qu’un inspecteur Jean-Pierre Rioux note qu’étudier la place de l’islam dans l’histoire consiste à « penser l’islam européen de depuis les califats de Cordoue jusqu’à nos banlieues » Car l’islam fait partie de l’avenir national et européen.