Une réforme du Conseil français du culte musulman (CFCM) était attendue depuis fort longtemps. L’Assemblée générale extraordinaire (AGE) de l’institution, convoquée samedi 23 février à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), a adopté à une large majorité (112 pour, 29 contre et 3 blancs) de nouveaux statuts en vue de nouvelles élections en juin 2013.
L’adoption du projet de réforme, validé par le Conseil d’administration du 16 décembre 2012, signe ainsi le retour des principales composantes de l’islam de France – exception faite de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) dont le RMF est issu - à la table de travail de l’instance.
Le projet est le fruit d’un travail de concertation entrepris principalement, depuis quelques mois, entre le Rassemblement des musulmans de France (RMF), la Grande Mosquée de Paris (GMP) et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). « Ces nouveaux statuts (...) renforceront l’esprit de concertation (choura) au sein de l’instance représentative du culte musulman afin de mieux répondre aux attentes des musulmans de France », fait savoir Mohammed Moussaoui dans un communiqué.
L’adoption du projet de réforme, validé par le Conseil d’administration du 16 décembre 2012, signe ainsi le retour des principales composantes de l’islam de France – exception faite de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) dont le RMF est issu - à la table de travail de l’instance.
Le projet est le fruit d’un travail de concertation entrepris principalement, depuis quelques mois, entre le Rassemblement des musulmans de France (RMF), la Grande Mosquée de Paris (GMP) et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). « Ces nouveaux statuts (...) renforceront l’esprit de concertation (choura) au sein de l’instance représentative du culte musulman afin de mieux répondre aux attentes des musulmans de France », fait savoir Mohammed Moussaoui dans un communiqué.
Une instance paralysée à l’image dégradée
Depuis 2008, l’ensemble des composantes du CFCM avait signifié la nécessité d’une réforme des statuts et du système électoral. Toutefois, rien dans leurs actes ne reflétait une réelle volonté de parvenir à des solutions pour ce dossier, chaque fédération ayant leurs propres intérêts à gérer.
Miné par des luttes internes, le CFCM a fini par se perdre pour échouer en juin 2011 lors des élections convoquées sur la base des statuts de 2003 mais boycottées alors par l’UOIF et la GMP. La victoire à la Pyrrhus du RMF, seul aux commandes d’un CFCM discrédité, avait renforcé la crise. L’image renvoyée par l’institution auprès des musulmans de France, qui lui reprochent son absence de légitimité, n’a fait que se dégrader.
M. Moussaoui le reconnaît dans un document dont Saphirnews a pris connaissance : « Les problèmes liés à la représentativité au sein du CFCM et à sa gouvernance ont pris beaucoup de temps et d'énergie au détriment des attentes des musulmans de France. Il faut donc conclure tout en cherchant le plus grand dénominateur commun. »
Miné par des luttes internes, le CFCM a fini par se perdre pour échouer en juin 2011 lors des élections convoquées sur la base des statuts de 2003 mais boycottées alors par l’UOIF et la GMP. La victoire à la Pyrrhus du RMF, seul aux commandes d’un CFCM discrédité, avait renforcé la crise. L’image renvoyée par l’institution auprès des musulmans de France, qui lui reprochent son absence de légitimité, n’a fait que se dégrader.
M. Moussaoui le reconnaît dans un document dont Saphirnews a pris connaissance : « Les problèmes liés à la représentativité au sein du CFCM et à sa gouvernance ont pris beaucoup de temps et d'énergie au détriment des attentes des musulmans de France. Il faut donc conclure tout en cherchant le plus grand dénominateur commun. »
Une direction collégiale, blocages assurés ?
Pour mettre fin à la paralysie institutionnelle, le CFCM assure vouloir désormais travailler en « collégialité ». Selon les termes du nouvel accord sur la réforme, une présidence collégiale partagée, à tour de rôle, entre la GMP, l’UOIF et le RMF va être mise en place tous les deux ans. Le mandat du bureau se voit ainsi allonger à six ans. « La présidence travaille d’une manière collégiale et consensuelle pour gérer les dossiers délicats qui intéressent le culte musulman, dans l’esprit de consultation et de dialogue permanent », lit-on dans l’accord.
« Le mode de décision au sein du bureau est fondé sur la concertation. Si celle-ci n’aboutit pas, les décisions sont prises à la majorité des quatre-cinquièmes », ajoute-t-on. Toutefois, ce compromis multiplie aussi les risques de blocage dans les dossiers dont les enjeux sont importants comme le halal, les décisions étant conditionnées par l’accord des vice-présidents issus de fédérations différentes de celle du président.
« Le mode de décision au sein du bureau est fondé sur la concertation. Si celle-ci n’aboutit pas, les décisions sont prises à la majorité des quatre-cinquièmes », ajoute-t-on. Toutefois, ce compromis multiplie aussi les risques de blocage dans les dossiers dont les enjeux sont importants comme le halal, les décisions étant conditionnées par l’accord des vice-présidents issus de fédérations différentes de celle du président.
Le critère du mètre carré toujours en vigueur
Reste à voir si l’esprit de concertation va perdurer ces prochains mois. Avec les nouveaux statuts, un nouveau règlement électoral devrait être rédigé sous peu et validé vers le mois d'avril par le Conseil d’administration du CFCM. De nouvelles élections sont prévues en juin prochain pour ses antennes régionales (CRCM).
Toutefois, le critère du mètre carré, longtemps critiqué par l’UOIF ou encore la GMP, est maintenu, faute de mieux selon des sources proches du dossier. Ainsi, c'est toujours la surface des lieux de culte, disposant de salles de prière font plus de 50 m² et gérées par des structures « dont les statuts ont été régulièrement déposés en préfecture », qui déterminera le nombre de représentants aux CRCM : un délégué pour un 100 m², cinq pour les mosquées de plus de 300 m² qui ont un centre d’enseignement selon les nouveaux statuts. Ces derniers auront droit de siéger à l’AG des CRCM auxquelles ils sont géographiquement liés et auront la charge d'élire un bureau.
Un système qui continue d'avantager les fédérations au détriment des mosquées indépendantes, d'autant qu'« à ce Bureau, une fois constitué, s’ajoutent des membres cooptés, à hauteur de 20 % du nombre de membres déjà désignés » et « issus des Fédérations* ou Grandes Mosquées** implantées dans le ressort géographique du CRCM ».
Par ailleurs, la part des désignés dans l’instance nationale va être augmentée, officiellement « pour atténuer les conséquences de la compétition électorale ». Or, le CFCM pâtit aussi de l’image d’une institution coupée de la réalité du terrain. Son défi, qui est de renforcer ses relations avec les 25 CRCM pour mieux servir les musulmans, n'en sera que plus difficile. Le chemin vers le succès sera encore long.
Toutefois, le critère du mètre carré, longtemps critiqué par l’UOIF ou encore la GMP, est maintenu, faute de mieux selon des sources proches du dossier. Ainsi, c'est toujours la surface des lieux de culte, disposant de salles de prière font plus de 50 m² et gérées par des structures « dont les statuts ont été régulièrement déposés en préfecture », qui déterminera le nombre de représentants aux CRCM : un délégué pour un 100 m², cinq pour les mosquées de plus de 300 m² qui ont un centre d’enseignement selon les nouveaux statuts. Ces derniers auront droit de siéger à l’AG des CRCM auxquelles ils sont géographiquement liés et auront la charge d'élire un bureau.
Un système qui continue d'avantager les fédérations au détriment des mosquées indépendantes, d'autant qu'« à ce Bureau, une fois constitué, s’ajoutent des membres cooptés, à hauteur de 20 % du nombre de membres déjà désignés » et « issus des Fédérations* ou Grandes Mosquées** implantées dans le ressort géographique du CRCM ».
Par ailleurs, la part des désignés dans l’instance nationale va être augmentée, officiellement « pour atténuer les conséquences de la compétition électorale ». Or, le CFCM pâtit aussi de l’image d’une institution coupée de la réalité du terrain. Son défi, qui est de renforcer ses relations avec les 25 CRCM pour mieux servir les musulmans, n'en sera que plus difficile. Le chemin vers le succès sera encore long.
* Dans les statuts, sont reconnues parmi les fédérations : le RMF, l'UOIF, la GMP ainsi que le Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France (CCMTF), la Fédération Française des Associations Islamiques d’Afrique, Comores et Antilles (FFAIACA), Invitation et Mission pour la Foi et Pratique, Tabligh al Dawa Il Allah.
** Dans les statuts, sont reconnues comme Grandes Mosquées : le Centre Culturel Islamique d’Evry (ACMIF), la Grande Mosquée de Lyon (ACLIF), la Mosquée de Mantes-la-Joly (UIY), la Mosquée de Saint-Denis de la Réunion (AISD), la Mosquée Al-Islah de Marseille.
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** Dans les statuts, sont reconnues comme Grandes Mosquées : le Centre Culturel Islamique d’Evry (ACMIF), la Grande Mosquée de Lyon (ACLIF), la Mosquée de Mantes-la-Joly (UIY), la Mosquée de Saint-Denis de la Réunion (AISD), la Mosquée Al-Islah de Marseille.
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