Religions

Des mosquées vigilantes et responsables, ce que disent les résultats de notre consultation

Rédigé par | Lundi 1 Juin 2020 à 14:15

A l'heure où les lieux de culte se déconfinent en France, Saphirnews.com a désiré recueillir les positions des responsables de mosquées de France à travers une consultation. Voici les résultats et les enseignements que nous en tirons, avec le lancement de la deuxième phase du déconfinement mardi 2 juin.



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Les cérémonies religieuses sont désormais autorisées en France sur décret. Néanmoins, les responsables de mosquées, qui se sont distingués par leur sens des responsabilités durant la crise sanitaire du Covid-19, font montre d’une extrême vigilance. C’est l’un des principaux enseignements de la consultation menée du 23 au 28 mai par Saphirnews auprès de 152 lieux de culte musulmans en France.

Trois critères choisis pour une consultation aux résultats collant au mieux aux observations de terrain

Cette consultation assure une représentativité des mosquées sur trois critères : l’affiliation ou non à une fédération, la répartition géographique, la taille de la salle de prière (ici expliqués).

Sur les 152 mosquées qui ont répondu à la consultation du 23 au 28 mai, une majorité d’entre elles ont déclaré être indépendantes de toute fédération musulmane (55 % contre 42 %). Quant à la répartition géographique, toutes les régions de France sont représentées, y compris les Outre-mer (La Réunion et la Guyane), avec une surreprésentation des mosquées à noter dans les régions Ile-de-France, Auvergne Rhône-Alpes et Hauts-de-France.

Enfin, s’agissant de leur taille, les grandes mosquées côtoient les très petites. La plus petite mosquée sondée peut accueillir 20 fidèles en temps normal quand la plus grande peut en accueillir jusqu’à 5 000. En tenant compte de leur capacité d’accueil maximum de fidèles, ces mosquées représentent quelque 109 000 fidèles.

A la question « Jugez-vous le risque sanitaire trop grand pour ouvrir les lieux de culte avant le 2 juin ? », date à laquelle la phase 2 du déconfinement est actée, deux responsables de mosquées sondés sur trois (68,6 %) ont répondu « oui » contre 20,5 % « non ». 10,9 % ont choisi de ne pas se prononcer, préférant fort probablement laisser la réponse aux autorités sanitaires compétentes.

« Si la reprise des cérémonies religieuses est autorisée, rétablirez-vous tout de suite l’organisation de la prière du vendredi ? » A cette question, une majorité de responsables de mosquées (44,9 %) disent « non ». S’ils sont un tiers (30,1 %) à déclarer à être prêts à reprendre l’organisation des prières collectives du vendredi, nous constatons que ces mosquées ont majoritairement une capacité d’accueil de moins de 400 personnes en temps normal qu’elles entendent souvent réduire du deux tiers et plus afin de respecter les règles de distanciation physique.

Lire aussi : Pourquoi la reprise de la prière du vendredi dans les mosquées de France est recommandée après le 22 juin

A ce titre, 100 % des mosquées ont annoncé une réduction drastique du nombre de fidèles, jusqu’à deux tiers en moyenne. D’autres vont plus loin. La mosquée Ibn Rochd de Montpellier, première à avoir répondu à notre consultation, qui accueille jusqu’à 2 000 personnes, annonce vouloir n’en qu’accueillir que 200 en son sein, soit 10 % de sa capacité d’accueil.

Quand sécurité rime avec aménagements

Ce constat nous amène tout droit à la prochaine question : pour permettre la reprise des cérémonies religieuses, « quels aménagements êtes-vous en capacité de mettre en place pour votre mosquée ? » Une très large majorité des responsables de mosquées indiquent pouvoir imposer le masque à leurs fidèles (89 %), mettre à disposition du gel hydroalcoolique à leurs fidèles (86 %), deux des conditions sine qua none à la reprise des offices religieux.

Un soin particulier doit être porté par les lieux de culte à la gestion des flux de fidèles. Alors, « prévoyez-vous un service d'ordre pour gérer le flux de fidèles ? » A cette question, 41,6 % des responsables répondent « oui » mais uniquement pour la prière du vendredi, le moment de la semaine qui voit la mosquée pleine. 35,2 % vont plus loin en déclarant l’instauration d’un service d’ordre quotidien. Les autres répondants oscillent entre le « non » (12,2 %) et un « peut-être » (11 %).

Ils sont 59 % à déclarer pouvoir désinfecter régulièrement la salle de prière. Sur cette proportion, 38 % indiquent pouvoir le faire tous les jours et 33,5 %, plusieurs fois par semaine, soit au total 72,5 %. Ceux qui déclarent ne pas pouvoir le faire (13 %) ou le faire qu’une fois par semaine (15 %) sont nombreux à mettre le doigt sur le coût que représenterait une désinfection de leurs salles de prières.

Au-delà de la reprise des prières, « prévoyez-vous d’ouvrir vos locaux pour d’autres usages (enseignement, conférences, activités culturelles, visites extérieures…) ? » Les responsables de mosquées répondent « non » à 68 %. Ceux qui ne se prononcent pas sont plus nombreux (17,9 %) que ceux qui répondent « oui » (14,1 %).


Avec la crise, des interlocuteurs utiles désignés

Le Conseil français français du culte musulman (CFCM) s'est particulièrement mobilisé pendant la crise sanitaire afin d'émettre des recommandations aux mosquées et aux musulmans de France. Ainsi, 48,1 % des mosquées ont reconnu que l'instance a joué son rôle de représentant du culte musulman durant cette période sans précédent. Seuls 17,9 % répondent ouvertement par la négative contre 34 % qui choisissent de ne pas se prononcer.

En parallèle, 60,9 % des responsables de mosquées ont reconnu l'utilité de la préfecture dans la gestion de la crise sanitaire, devant le CFCM (48,7 %), ses antennes régionales (33,9 %), à égalité avec la fédération à laquelle leur mosquée est affiliée. Enfin, ils sont tout de même 27,4 % à souligner l'utilité du conseil des mosquées de leur département. C'est le cas, notons-le, des mosquées du Rhône ou encore de l'Isère, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

La solidarité en partage

A noter enfin, 73,1 % des mosquées sondées ont pu organiser des actions caritatives et sociales durant ces derniers mois de crise sanitaire, faisant ainsi vivre les valeurs de solidarité, de partage et de fraternité, intrinsèques à l’islam. Il témoigne du rôle tout aussi social des lieux de culte au profit des personnes démunies de leur localité.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur