Sur le vif

Détecter le musulman par le prénom : Robert Ménard assume le fichage puis rétropédale

Rédigé par La Rédaction | Mardi 5 Mai 2015 à 11:55



Robert Ménard surveille les petits musulmans. Le maire de Béziers, allié du Front national, a révélé cette semaine l'existence d'un fichier recensant les enfants supposés musulmans de sa ville.*

Dans le cadre d'un débat de l'émission « Mots croisés » sur France 2 consacré lundi 4 mai aux querelles internes du FN, Robert Ménard a donné des pourcentages d'enfants de confession musulmane dans les écoles de sa ville pour appuyer sa thèse selon laquelle il y aurait « un problème avec l'immigration » à Béziers. « Dans ma ville, il y a 64,6 % des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles », lance-t-il, en stigmatisant au passage les parents « qui parlent très souvent mal le français ».

« Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a les noms, classe par classe, des enfants. Je sais que je n'ai pas le droit, mais on le fait », a répondu Robert Ménard, interpellé sur ce chiffre en plateau après un tweet d'un téléspectateur. Les statistiques ethniques sont bien interdites en France mais le maire, qui entretient de longue date un discours xénophobe, ne se laisse pas intimider par la loi.

Selon lui, « les prénoms disent les confessions. Dire l'inverse, c'est nier une évidence ». Une évidence qui ne saute qu’aux yeux de l’extrême droite et des identitaires, dont Robert Ménard est un allié. Cette idée selon laquelle les prénoms suffiraient à deviner la religion, il en avait déjà fait part publiquement, et à plusieurs reprises par le passé, avant son élection aux municipales de 2014.

Désormais aux affaires, il s'est laissé pousser des ailes pour se permettre de mettre en place un fichier qui lui sert avant tout à appuyer ses thèses anti-islam et anti-immigration nauséabondes. Une nouvelle qui inquiète les musulmans de la commune que Robert Ménard considère encore comme des éternels étrangers.

*Mise à jour mardi à 13h : Après les propos de Robert Ménard, la mairie de Béziers a émis un communiqué officiel, mardi 5 mai, dans lequel elle déclare qu’elle « ne constitue pas et n'a jamais constitué de fichiers des enfants scolarisés dans les écoles publiques de la ville. Le voudrait-elle qu'elle n'en a d'ailleurs pas les moyens. Il ne peut donc exister aucun "fichage" des enfants, musulmans ou non », a-t-elle indiqué.

« Le seul fichier existant à notre connaissance recensant les élèves des écoles publiques de la ville est celui de l’Éducation nationale. C'est donc à elle, et elle seule, de rendre publique cette liste. Elle ne le fera certainement pas au prétexte de motifs juridiques », ajoute la municipalité. Pourtant, c'est bien le maire même qui a déclaré la veille qu'il « a les noms, classe par classe, des enfants ». « Je sais que je n'ai pas le droit, mais on le fait », a ajouté Robert Ménard. La crainte de lourdes conséquences judiciaires pourrait bien expliquer le soudain rétropédalage. Toujours est-il que le procureur de Béziers a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire après les déclarations du maire.