Sur le vif

Deux journalistes français arrêtés pour avoir fait chanter le roi du Maroc

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 28 Aout 2015 à 08:00



Un scénario presque digne d'un film d'espionnage. Éric Laurent et Catherine Graciet ont été interpellés par la police française, jeudi 27 août, rapporte le même jour RTL. Les deux journalistes français sont accusés d’avoir réclamé la somme de 3 millions d'euros au roi du Maroc Mohammed VI en échange de l'annulation d'un nouveau livre à charge… « Il y a là quelque chose qui dépasse l’entendement. Un journaliste qui dit "Je ne publie pas mon livre moyennant finance", c’est du jamais vu. C’est la première fois qu’un chef de l’Etat fait l’objet d’un tel chantage », a déclaré à France Info Eric Dupond-Moretti, l’avocat en France de Mohammed VI, le jour de l'interpellation.

Tout a commencé le 23 juillet dernier à Paris. Eric Laurent et Catherine Graciet, qui ont déjà signé une enquête sur le roi en 2012 (Le Roi prédateur, Éd. du Seuil, 2012), travaillent sur un nouveau projet. Ils auraient en leur possession des informations compromettantes et contactent le cabinet royal pour une demande d'entrevue. Un rendez-vous est organisé à Paris, le 11 août, avec un avocat marocain. Lors de l’échange, Eric Laurent aurait demandé 3 millions d'euros pour éviter la publication du livre. C’est en tout cas ce qu’affirment les autorités marocaines qui lancent aussitôt une plainte auprès du procureur de Paris. Le parquet ouvrira une information judiciaire pour chantage et tentative d'extorsion de fonds. Trois juges seront désignés au vu de la gravité des faits.

Puis, le 21 août, un nouveau face-à-face est organisé entre ce même avocat marocain et l’auteur français. Mais, cette fois, la police est de la partie et surveille discrètement les deux hommes. Éric Laurent aurait alors reformulé sa menace : 3 millions d'euros contre le silence.

Interpellés la main dans le sac

C’est ce jeudi 27 août que les journalistes auraient été pris la main dans le sac. Lors d’un nouveau rendez-vous de négociation, toujours surveillé par la police, l'écrivain aurait accepté une transaction à 2 millions d'euros, avec une avance de 80 000 €. « Des photos vont être prises. (…) de l'argent va être donné à Monsieur Laurent et Madame Graciet. Ils vont l'accepter et signer le contrat. C'est en réalité la signature de leur culpabilité et de ce chantage digne de voyous », raconte l’avocat français du roi à RTL, jeudi. Ce dernier affirme qu'Eric Laurent a été interpellé à la sortie du restaurant avec sa co-auteure, Catherine Graciet, en possession de l’argent.

Selon une source judiciaire interrogée par l'AFP, les deux journalistes sont actuellement en garde à vue à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de Paris. Une information judiciaire a été ouverte mercredi 26 août pour tentative d'extorsion de fonds et tentative de chantage,

Le livre en question était annoncé comme abouti et comportant des informations sensibles contre Mohammed VI. Est-ce que, au lendemain de cette histoire rocambolesque, l’éditeur va oser le publier ?* « On sait qu'il n'y a aucune révélation fracassante. Il n'y a absolument rien à dire. Ce monsieur a précédemment écrit un ouvrage dans lequel il louait le régime de Hassan II. Il a été à la fois laudateur et il est aujourd'hui racketteur. Tout ça est extrêmement glauque », a déclaré Éric Dupond-Moretti. Ce qui est sûr, c’est que cette affaire n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre des deux côtés de la Méditerranée.

Mise à jour mardi 1er septembre : Les éditions du Seuil ont refusé de faire paraître le livre des deux auteurs accusés de chantage sur le roi du Maroc. La « relation de confiance » entre Le Seuil et les journalistes est « de facto dissoute », a-t-il été annoncé lundi 31 août.

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