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Dignitaires religieux et hommes d'Etat s'expriment

Rédigé par Laila Elmaaddi | Mardi 19 Septembre 2006 à 01:30

Dignitaires religieux et hommes d'Etat s'expriment suite à des propos de Benoit XVI sur l’Islam qui ont provoqués de vives réactions dans le monde musulman. De son côté, le Vatican a lancé lundi une offensive diplomatique pour tenter de surmonter la crise.



Faire preuve de tolérance vis-à-vis des musulmans et de toutes les religions

SM le roi Mohammed VI du Maroc
L'Organisation de la conférence islamique (OCI), qui regroupe 57 pays musulmans, a écrit au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies pour lui demander que la question de la tolérance religieuse soit mise à son agenda.

S'exprimant au nom de cette organisation, l'ambassadeur pakistanais à l'ONU à Genève, Massoud Khan, a expliqué que les pays musulmans "étaient rassurés par le fait que le pape ait fait part de ses regrets", mais que son discours la semaine dernière à l'université allemande de Ratisbonne n'en était pas moins "regrettable".

Le roi Mohammed VI du Maroc, en sa qualité de Commandeur des croyants, a écrit au pape pour lui demander de faire preuve de tolérance vis-à-vis des musulmans et de toutes les religions.

"Je m'adresse à vous, en votre qualité de chef de l'Eglise catholique, pour vous prier d'avoir à l'égard de l'islam le même respect que vous vouez aux autres cultes et que l'islam, d'ailleurs, voue lui aussi aux autres religions célestes, y compris le christianisme", explique le souverain du Maroc dans cette lettre.

En Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême du pays, a estimé que les personnes manifestant contre le pape devaient viser par leurs actions les Etats-Unis "qui tirent profit des déclarations du pape et conduisent leurs propres politiques arrogantes".

La réponse du pape était une bonne initiative, mais ce n'est pas suffisant

En Chine, l'agence Chine nouvelle cite un responsable musulman, Chen Guangyuan, qui estime que "le pape a insulté à la fois l'islam et le prophète Mahomet, ce qui a heurté les sentiments des musulmans à travers le monde, y compris en Chine".

Pour le porte-parole du gouvernement iranien, la déclaration par laquelle Benoît XVI s'est dit profondément attristé dimanche est bienvenue mais reste insuffisante.

"La réponse du pape assurant que ses propos ont été déformés était une bonne initiative et une explication nécessaire, mais ce n'est pas suffisant", a dit Gholamhossein Elham lors d'une conférence de presse hebdomadaire.

Elham a exigé des excuses plus nettes. "Il est nécessaire qu'il exprime de façon plus claire et plus franche le fait que ses propos ont été mal transmis, et qu'il les corrige le plus tôt possible", a dit Elham.

En novembre, Benoît XVI doit se rendre en Turquie. Les évêques catholiques du pays se sont réunis lundi et se sont prononcés pour le maintien de cette visite, malgré des appels à son annulation.

Le ministre d'Etat Mehmet Aydin, en charge des affaires religieuses en Turquie, a ainsi demandé aux autorités de son pays d'annuler le voyage du pape -qui s'est dit dimanche "vivement attristé" par la réaction à ses propos- si celui-ci ne présente pas des excuses en bonne et due forme.

"Nous attendons des autorités qu'elles annulent de manière unilatérale cette visite. La venue du pape en Turquie ne va pas conduire à une unification des civilisations, mais plutôt à un conflit de civilisations", a-t-il affirmé.



Une offensive diplomatique

Lundi, le Vatican a lancé une offensive diplomatique pour tenter de surmonter la crise avec le monde musulman.

En effet, le Vatican a demandé à ses ambassadeurs de "faire connaître le texte du Saint-Père pour valoriser les éléments ignorés jusqu'à présent", a souligné Mgr Bertone, affirmant que le texte avait été "lourdement manipulé".

Le discours prononcé par le pape mardi lors de son voyage en Allemagne, jugé insultant par le monde musulman, a été "transformé en quelque chose d'autre par rapport aux intentions du Saint-Père", a-t-il regretté.


Face au tollé soulevé par ses propos, le pape a pris l'initiative exceptionnelle dimanche de présenter ses regrets aux croyants musulmans, assurant que le bref passage de son discours qui a mis le feu aux poudres n'exprimait "en aucune manière" sa pensée personnelle.