Sur le vif

Discriminations : non au CV anonyme, une campagne de testing annoncée

Rédigé par La Rédaction | Mardi 22 Mars 2016 à 14:24



Les entreprises pratiquent-elles la discrimination à l’embauche selon le patronyme des candidats ? La réponse est affirmative comme en témoigne plusieurs études. La dernière en date est celle de l’Institut Montaigne sur les discriminations liées à la religion supposée de candidats.

Pour autant, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé, lundi 21 mars, une campagne de testing qui durera trois mois à compter du mois d’avril 2016. La société ISM Corum, qui a remporté l’appel d’offre du gouvernement, testera une cinquantaine d’entreprises de plus de 1 000 salariés. Elles ont été choisies car elles affichent un flux régulier de recrutements.

Seuls les noms à consonance arabe sont concernés par l’opération. Le mode opératoire sera le suivant : deux candidatures similaires, même diplôme, même expérience professionnelle mais des patronymes différents seront envoyés aux recruteurs.

Cette campagne a été décidée au printemps 2015 afin de compenser l’abandon du CV anonyme. Les résultats chiffrés devraient être publiés en septembre mais on peut d’ores et déjà questionner la pertinence de cette étude. L’annonce officielle du lancement de la campagne mais surtout les informations sur le mode opératoire risquent de fausser les résultats.

Le choix de ne tester que les patronymes à consonance arabe est aussi curieux. Les discriminations à l’origine supposée peuvent tout autant concerner les personnes ayant un nom à consonance subsahararienne ou turque. Les personnes perçues comme noires ou arabes mais peuvent aussi être discriminées à cause de leur photo de CV et ce, même si elles ont un nom de famille qui ne laisse pas deviner leurs origines. Mais pour Jean-Christophe Sciberras, ce fut « un choix difficile, il a fallu trancher » car « l’opération est courte ».

En 2013, l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS) avait envoyé 3 000 CV factices en réponse à des offres d’emplois de serveurs ou cuisiniers dans la restauration en région parisienne. L’étude avait pour but de connaître l’ampleur des discriminations liées au lieu d’habitation. Résultat, si on a une adresse parisienne, on a trois fois plus de chance de décrocher un entretien qui si on habite en ZUS.