Rokhaya Diallo, essayiste et militante féministe et antiraciste, a présenté le 7 avril sa BD "Pari(s) d'amies" avec l'illustratrice Kim Consigny.
Pour le lancement officiel de sa BD, mardi 7 avril, Rokhaya Diallo a tenu à être entourée de ses très nombreux amis. Au Hangar, sur les quais de Seine dans le 19e arrondissement parisien, s’est tenue une soirée festive et joyeuse avec du beau monde. Pas moins de 200 personnes, de tous les âges, de toutes les couleurs et de tous les milieux, se sont déplacées, dont quelques personnalités telles que le champion du monde de football Lilian Thuram ou le rappeur Kery James… Tous se mélangent, verre à la main, dans une ambiance bon enfant. Pas si étonnant donc que la militante ait choisi les aventures d’une bande de copines pour sa première BD.
Entre deux photos et éclats de rire, l’auteure a réussi à se frayer un chemin pour prononcer un discours : « Merci d’être venus si nombreux ! J’espère que cette BD va vous plaire ! Je pense que certains d’entre vous vont sûrement s’y reconnaître… » Pari(s) d’amis ressemble en effet à ce public divers, croqué par l’illustratrice Kim Consigny. « Il est vrai que j’ai été très influencée par mes vraies amies et nos vraies aventures ! Par exemple, l’histoire du prénom de Mariame qui se fait appeler Marianne à la suite d’une erreur d’état civil est vraie ! (Rires) On ne peut pas l’inventer celle-là ! », raconte-t-elle.
Entre deux photos et éclats de rire, l’auteure a réussi à se frayer un chemin pour prononcer un discours : « Merci d’être venus si nombreux ! J’espère que cette BD va vous plaire ! Je pense que certains d’entre vous vont sûrement s’y reconnaître… » Pari(s) d’amis ressemble en effet à ce public divers, croqué par l’illustratrice Kim Consigny. « Il est vrai que j’ai été très influencée par mes vraies amies et nos vraies aventures ! Par exemple, l’histoire du prénom de Mariame qui se fait appeler Marianne à la suite d’une erreur d’état civil est vraie ! (Rires) On ne peut pas l’inventer celle-là ! », raconte-t-elle.
« Je ne veux pas décrire une France dépolitisée »
Pari(s) d’amies, c’est l’histoire de Cassandre, jeune trentenaire métisse qui rentre dans son pays natal, la France, après deux années passées aux Etats-Unis. Elle y retrouve ses copines d’enfance : Claire, blonde aux yeux bleus, militante d’extrême gauche ; Mariame, une « beurette » qui travaille dans la communication et dont la sœur Malika est voilée ; Minh-Chau « l’asiat », lesbienne qui tente de percer dans le milieu de la musique ; Aminata, qu’on appelle Amy et qui est en couple avec un fils de bourgeois…
« Ces personnages peuvent paraître particuliers, trop typés pour certains, mais ils ne le sont pas du tout ! Je suis réellement entourée par des copines de ce genre. Rien d’extraordinaire pour moi », raconte à Saphirnews Rokhaya Diallo au lendemain de la soirée. En effet, elle a remarqué que, selon le milieu d’où l’on vient, et surtout selon de quel côté du périph on vient, on ne lit pas la BD de la même manière. « Les gens qui me ressemblent, qui vivent dans la France multiculturelle, dans la diversité, ne sont pas étonnés par mes personnages. Elle étonnera peut-être davantage certains bourgeois de la rive gauche ou du monde des médias ! », dit-elle.
Le décalage est d’autant plus vrai pour ce qui concerne le contexte socio-politique dépeint. « Même s’il s’agit d’une comédie, je ne vois pas pourquoi je me déconnecterai pour autant du contexte politico-social. Je ne veux pas décrire une France dépolitisée sans rappeler le racisme ordinaire que subissent beaucoup de gens », déclare la militante. En lisant les vignettes, on voit comment Malika, de confession musulmane et voilée, se fait refouler de l’entrée d’une soirée alors qu’elle a un carton d’invitation. « Pour certains, cette situation est complètement réaliste, c’est même du déjà-vu ! Mais d’autres vont penser que j’exagère, que je vois des racistes partout… Parfois, au sein de la même ville qu’est Paris, on ne vit pas du tout dans le même monde », poursuit-elle.
« Ces personnages peuvent paraître particuliers, trop typés pour certains, mais ils ne le sont pas du tout ! Je suis réellement entourée par des copines de ce genre. Rien d’extraordinaire pour moi », raconte à Saphirnews Rokhaya Diallo au lendemain de la soirée. En effet, elle a remarqué que, selon le milieu d’où l’on vient, et surtout selon de quel côté du périph on vient, on ne lit pas la BD de la même manière. « Les gens qui me ressemblent, qui vivent dans la France multiculturelle, dans la diversité, ne sont pas étonnés par mes personnages. Elle étonnera peut-être davantage certains bourgeois de la rive gauche ou du monde des médias ! », dit-elle.
Le décalage est d’autant plus vrai pour ce qui concerne le contexte socio-politique dépeint. « Même s’il s’agit d’une comédie, je ne vois pas pourquoi je me déconnecterai pour autant du contexte politico-social. Je ne veux pas décrire une France dépolitisée sans rappeler le racisme ordinaire que subissent beaucoup de gens », déclare la militante. En lisant les vignettes, on voit comment Malika, de confession musulmane et voilée, se fait refouler de l’entrée d’une soirée alors qu’elle a un carton d’invitation. « Pour certains, cette situation est complètement réaliste, c’est même du déjà-vu ! Mais d’autres vont penser que j’exagère, que je vois des racistes partout… Parfois, au sein de la même ville qu’est Paris, on ne vit pas du tout dans le même monde », poursuit-elle.
Hijab et coupe afro, même combat
Pari(s) d'amies, de Rokhaya Diallo
Le personnage de Cassandre est très inspirée de celui de Rokhaya sur « l’obsession capillaire ». L’étudiante en sociologie revient des Etats-Unis avec plus d’assurance sur son identité noire et décide de se laisser les cheveux crépus au naturel, sans tissage ni défrisage. Tout comme Rokhaya, Cassandre est adepte du mouvement Nappy. « Je considère que les femmes noires qui ont les cheveux crépus devraient pouvoir les laisser au naturel sans avoir peur d’être montrées du doigt ou moquées », indique-t-elle.
Rokhaya Diallo, auteure dernièrement de Moi, raciste ? Jamais ! avec Virginie Sansoon, finalise d’ailleurs déjà un nouvel ouvrage pour la rentrée intitulé Mon Pari(s) Afro (Ed. Les Arènes). Cette fois, il s’agit d’une série de portraits de Parisiens et de Parisiennes qui décident d’assumer leurs chevelures naturelles et qui ne s’en portent que mieux.
« On pense parfois que c’est un sujet futile mais pas du tout ! Je pense que, quel que soit notre choix, se sentir au plus proche de sa nature et s’assumer ne peut être que bénéfique », estime l'écrivaine. Elle fait même un parallèle entre les femmes voilées et les filles qui portent la coupe afro… « Une femme qui fait le choix de se voiler les cheveux par conviction religieuse mérite autant le respect que celle qui se sent bien avec ses cheveux au naturel, hors du canon de beauté qu’on veut nous imposer. »
Rokhaya Diallo, auteure dernièrement de Moi, raciste ? Jamais ! avec Virginie Sansoon, finalise d’ailleurs déjà un nouvel ouvrage pour la rentrée intitulé Mon Pari(s) Afro (Ed. Les Arènes). Cette fois, il s’agit d’une série de portraits de Parisiens et de Parisiennes qui décident d’assumer leurs chevelures naturelles et qui ne s’en portent que mieux.
« On pense parfois que c’est un sujet futile mais pas du tout ! Je pense que, quel que soit notre choix, se sentir au plus proche de sa nature et s’assumer ne peut être que bénéfique », estime l'écrivaine. Elle fait même un parallèle entre les femmes voilées et les filles qui portent la coupe afro… « Une femme qui fait le choix de se voiler les cheveux par conviction religieuse mérite autant le respect que celle qui se sent bien avec ses cheveux au naturel, hors du canon de beauté qu’on veut nous imposer. »
Le dessin, ses premiers amours
On le sait moins mais, avec sa BD, la féministe militante antiraciste revient à ses premières amours puisqu'elle vient à l’origine du monde de l’animation. Elle a travaillé chez Disney Channel, IBM, « et je suis personnellement une grande lectrice de BD et fan de mangas… C’est mon univers depuis toute petite », affirme-t-elle.
En travaillant sur la bande dessinée, elle avait des images précises plein la tête. « C’est grâce à Kim Consigny qu’elle ont pu être couchées sur papier. Je lui ai expliqué comment je voyais mes personnages et elle a réussi merveilleusement à les mettre en forme ! », précise-t-elle.
L’humour tient également une place importante dans Pari(s) d’amies. On rit beaucoup à le lire… Et c’est encore une fois l’univers de Rokhaya Diallo. « J’adore ce registre qui permet de faire passer énormément de choses. Quand j’ai lancé l’association les Indivisibles en 2007 (association à l'origine des Y'a Bon Awards, ndlr), j’ai tout de suite voulu utiliser l’humour dans les petites vidéos, lors les soirées de remise de trophées… », raconte Rokhaya Diallo.
Après les productions récentes de Rokhaya Diallo, le livre Le racisme expliqué aux enfants, le documentaire « Les réseaux de la haine » diffusé sur LCP et France 3, la militante s’autorise une parenthèse drôle, une respiration salutaire en cette actualité difficile, mais non dénué d'un sens politique intelligemment distillé. C’est ce qu’on attendait de l’une des intellectuelles les plus créatives de sa génération.
En travaillant sur la bande dessinée, elle avait des images précises plein la tête. « C’est grâce à Kim Consigny qu’elle ont pu être couchées sur papier. Je lui ai expliqué comment je voyais mes personnages et elle a réussi merveilleusement à les mettre en forme ! », précise-t-elle.
L’humour tient également une place importante dans Pari(s) d’amies. On rit beaucoup à le lire… Et c’est encore une fois l’univers de Rokhaya Diallo. « J’adore ce registre qui permet de faire passer énormément de choses. Quand j’ai lancé l’association les Indivisibles en 2007 (association à l'origine des Y'a Bon Awards, ndlr), j’ai tout de suite voulu utiliser l’humour dans les petites vidéos, lors les soirées de remise de trophées… », raconte Rokhaya Diallo.
Après les productions récentes de Rokhaya Diallo, le livre Le racisme expliqué aux enfants, le documentaire « Les réseaux de la haine » diffusé sur LCP et France 3, la militante s’autorise une parenthèse drôle, une respiration salutaire en cette actualité difficile, mais non dénué d'un sens politique intelligemment distillé. C’est ce qu’on attendait de l’une des intellectuelles les plus créatives de sa génération.
Rokhaya Diallo et Kim Consigny, Pari(s) d'amies, Ed. Delcourt, avril 2015, 144 p., 17,95 €.
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