Après le retour du débat concernant le droit de vote des étrangers, cette fois ci c’est sur la double peine que la droite remet sur table. Sarkozy, après avoir reçu une délégation de militants dont le cinéaste Bertrand Tavernier, s’est donné six mois pour modifier la loi. Cependant Etienne Pinte, député UMP, fervent combattant de la double peine s’est retrouvé, confronté à ses collègues et amis de l’assemblée nationale…
« Tout ce que nous a dit Sarkozy, c’est ce que j’aurai voulu entendre de la part du gouvernement Jospin » s’est exprimé Bertrand Tavernier, cinéaste, auteur d’un film sur la double peine… Vendredi 22 novembre, des militants contre la double peine s’étaient rendus chez le ministre de l’intérieur.
En 2000, la double peine a concerné 6405 personnes avec 2638 mis en exécution. Consistant en l’expulsion de personnes de nationalité étrangère après avoir purgé leur peine, la double peine fait l’objet de nombreuses critiques quant à son caractère de double punition. De nombreuses associations avaient réclamé sous la gauche sa suppression, sans succès…
Histoire de vies brisées
Sarkozy, quant à lui, a répondu à cet appel. Il s’est engagé à réformer la loi d’ici six mois, en protégeant certaines catégories d’étrangers. Visiblement ému par Histoire de Vies Brisées, le film de Bertrand Tavernier, Sarkozy a déclaré « je veux modifier assez sensiblement le cadre législatif en rendant toute expulsion impossible pour des gens arrivés suffisamment tôt en France et qui sont là depuis suffisamment longtemps ». Cependant il a refusé un moratoire sur les expulsions : « seraient exclues de cette protection les personnes condamnées pour des faits touchant à la sûreté de l’Etat, c'est-à-dire les incriminations de terrorisme. »
Qu’y a-t-il de pénalisant à rentrer chez soi ?
Cependant, Etienne Pinte s’est retrouvé bien seul mardi à l’assemblée national. Ce député UMP des Yvelines et maire de Versailles a toujours milité contre la double peine. « Je ne désespère pas de convaincre mes amis de la majorité » avait il déclaré, plein d’espoir… Vite désillusion, il s’est retrouvé confronté à ses amis. « Il nous parait normal de renvoyer chez eux des étrangers délinquants. Qu’y a-t-il de pénalisant à rentrer chez soi ? » a répliqué Jean Léonetti, avec un petit air ironique... Plus radical encore fut la réaction du député UDF du Tarn, « prévoir qu’un étranger coupable de trafic de stupéfiants ne pourraient plus être expulsé est tout à fait scandaleux. D’autant que bon nombre de trafiquants sont d’origine étrangère. »
La route vers la suppression de la double peine reste encore longue, et pour convaincre leur majorité, Etienne Pinte et son « ami » Sarkozy devront se montrer patients et intransigeants…