Dans un climat de grande tension, de discriminations, où les esprits se crispent et s’expriment les exclusions, nous faisons le choix de persévérer dans la voie de l’ouverture et du don à autrui comme nous le faisons depuis maintenant plus de quinze ans au côté de l’étudiant. De plus, dans un contexte qui invite au dialogue et à l’échange, il est plus que jamais primordial que notre association soit représentée dans les différentes instances universitaires pour faire valoir le droit et rester vigilant quant aux différentes politiques proposées à l’endroit de la population étudiante. Ainsi, loin de considérer cette participation aux élections du CROUS comme l’expression d’un communautarisme, EMF voit dans cette participation une réelle dynamique citoyenne. En effet, toute l’action d’EMF s’inscrit dans une démarche d’ouverture et de contribution à la vie universitaire. C’est pourquoi depuis plus de 15 ans l’association s’évertue à agir dans l’intérêt de tous les étudiants par des actions de proximité (accueil, colis alimentaires, repas, aide, suivi administratif…).
De plus, le monde universitaire est l’endroit où la citoyenneté et la démocratie doivent avoir un sens ; nous estimons donc la présence d’EMF en ce lieu comme un enrichissement et l’expression d’une volonté d’affirmer une citoyenneté pleine et entière. Nous refusons l’idée de citoyens de seconde zone à qui l’on priverait l’accès à un certain nombre de domaines. Ainsi, pour une action encore plus efficace au service de l’étudiant, l’idée de participer aux élections universitaires s’est rapidement imposée. L’action syndicale d’EMF ne constitue donc pas un objectif en soi mais bel et bien un moyen pour la réalisation de son objet premier et principal : être au service de tous les étudiants et défendre leurs intérêts par tous les moyens légaux afin d’être utilement positif. EMF se veut un acteur parfaitement ancré dans le paysage estudiantin à l’instar de tous les acteurs en présence. Il faut donc comprendre l’engagement d’EMF comme la volonté d’agir pour renforcer un vivre ensemble au sein de l’université et par extension au sein de la Cité.
C’est pourquoi notre participation, comme son nom l’indique, est celle d’un « Engagement Républicain pour un Campus pluriel ». Nous refusons et dénonçons l’enfermement dans lequel d’aucuns voudraient confiner une partie de la population française. L’association aspire à être un élément qui donne sens à l’esprit républicain. Nous sommes loin de considérer la pluralité comme un danger pour la République, ou encore un frein au vivre ensemble, et à l’heure où nous baignons dans un univers de fantasmes inacceptables dont souffrent un grand nombre de citoyens, EMF, par son action, entend démontrer que les valeurs républicaines peuvent et doivent être une réalité.
S’il est compréhensible que la participation d’une association telle qu’ « Etudiants Musulmans de France » suscite des interrogations au premier abord, on ne peut admettre que cette participation soit interprétée à mauvais escient. La connotation religieuse de la dénomination de l’association est la marque d’une référence à une éthique et la volonté de démystifier une confession et une population trop souvent stigmatisées. Aussi, pour certains esprits malintentionnés, manifester publiquement nous est prohibé sous peine de « favoriser une montée de l’extrême-droite » ; la prise en charge d’un volet social fait de nous des « profiteurs de misère pour propager nos supposées idéologies totalitaires » ; et enfin, pour terminer par le paroxysme du ridicule, notre engagement syndical est interprété comme une « stratégie entriste pour infiltrer l’institution politique afin de la faire imploser » comme cela a pu être proféré par certains organes de presse peu scrupuleux ; face à cette réalité, nous avons pris l’initiative de dénoncer encore plus vigoureusement tous les actes diffamants relevant d’une malhonnêteté intellectuelle.
Enfin, alors que d’autres syndicats font prévaloir l’émergence d’un soit disant communautarisme, on peut relever qu’il s’agit là d’un étrange paradoxe pour ceux qui connaissent un tant soit peu le principe du communautarisme, qui se traduit par un repli et un isolement du reste de la société. Ces derniers en oublient même leur programme ou propositions. Ils ne nous proposent qu’une campagne très politisée, tournée contre EMF, dénuée d’intérêt pour l’amélioration de la vie de l’étudiant.
Quoiqu’il en soit nous resterons toujours fidèle au principe selon lequel : Un droit n’est jamais perdu tant qu’il y a quelqu’un pour le revendiquer
Bureau Exécutif National
Fait à Bordeaux le 14 mars 2004