Sur le vif

Egypte : un journaliste dans la tourmente pour avoir douté de l'existence d'un miracle du Prophète

Rédigé par Lionel Lemonier | Lundi 21 Février 2022 à 16:15



En Egypte, il ne fait pas bon de contester les miracles de la tradition islamique. Le procureur général égyptien a ouvert, samedi 19 février, une enquête à l’encontre d’un célèbre journaliste réputé pour être un farouche opposant des Frères musulmans. Ibrahim Eissa est accusé par des députés et des avocats de « mépris de l’islam » pour avoir contesté, vendredi 18 février sur une chaîne de télévision, un miracle jalonnant la vie du Prophète Muhammad.

Le présentateur TV n’en est pas à sa première controverse ni à ses premiers ennuis avec la justice de son pays sur fond de polémiques religieuses. En 2014 déjà, il était passé devant la Cour d’appel traitant des offenses à la religion selon la presse égyptienne. Les juges l’avaient acquitté d’une accusation de mépris envers la religion après avoir utilisé des versets du Coran pour critiquer le président Mohamed Morsi.

Cette fois, Ibrahim Eissa a mis en doute l'ascension céleste du Prophète, le Mi'raj au cours duquel il est monté jusqu'au septième Ciel sur une monture ailée, Al-Bouraq. Un miracle ancré dans la tradition islamique dont Ibrahim Eissa a vivement critiqué la véracité au cours de son programme diffusé sur la chaîne de télévision Al-Qahira wal nass. Il a en effet assuré que cette histoire n'était que pure invention, ajoutant que les cheikhs et autres guides spirituels ne présentaient que des demi-vérités sur les histoires qu'ils racontent à leurs fidèles.

Al-Azhar réagit

Pour Ibrahim Eissa, les histoires entourant le miracle sont de « la propagande fabriquée par les cheikhs » qui ont choisi d'ignorer les récits niant l'existence du miracle. Elles sont typiques de la pensée « salafiste » qui présente des croyances biaisées et tendancieuses, selon Egypt Independent.

Ses déclarations ont alors provoqué un tollé. Tandis qu'Al-Azhar a fait savoir que tout ce qui est mentionné dans le Coran et la Sunna du Prophète ne peut être mis en doute, un avocat a déposé plainte contre le journaliste dès le lendemain de la diffusion du programme en l’accusant de mépris envers la religion. La requête précise qu’Ibrahim Eissa a violé le code d’honneur des journalistes et la loi régissant le fonctionnement de la presse et des médias.

Le Conseil suprême pour la régulation des médias, qui a lancé une investigation sur les propos d'Ibrahim Eissa, a réagi en recommandant aux animateurs d’éviter les sujets qui peuvent provoquer des controverses au sein de la société et de faire preuve de respect envers les religions abrahamiques et leurs enseignements.

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