Sur le vif

Egypte: un référendum controversé

Rédigé par Laila Elmaaddi | Lundi 26 Mars 2007 à 08:43



C'est aujourd'hui que l'Egypte se prononce sur une réforme constitutionnelle du président Hosni Moubarak.

Trois mois après son annonce et à peine une semaine après son adoption à la hâte par le Parlement, un paquet de 34 amendements est soumis à 35,6 millions (bien 35,6) d'électeurs.

"Ces changements sont déterminants pour le futur du pays", a affirmé M. Moubarak, 78 ans, au pouvoir depuis 26 ans, lors de son unique discours samedi en faveur du "oui" à Assiout (Haute-Egypte).

Le président a indiqué sa volonté de "barrer la route à ceux qui essayent d'utiliser la religion à des fins politiques", c'est-à-dire les Frères musulmans.

Devenue la principale force d'opposition avec un député sur cinq, cette confrérie, interdite mais tolérée, est visée par un amendement qui interdit la création d'un parti sur une base religieuse.

Il lui serait aussi impossible de présenter un candidat à la présidentielle, prévue pour 2011, contre un candidat du régime qui pourrait être, selon les observateurs, Gamal Moubarak, le fils cadet du président.

Pour l'opposition unie comme pour des ONG des droits de l'Homme et les Etats-Unis, dont l'Egypte est l'alliée, cette réforme et le scrutin si précipité constituent des revers pour la démocratie.

Des centaines de personnes ont manifesté dimanche contre la réforme, brandissant des pancartes proclamant: "les amendements constitutionnels sont une violation des droits individuels".

Les Frères musulmans ainsi que les partis Al-Wafd (libéral), Tagamoue (gauche) et Al-Karama (nassérien) ont appelé au boycottage du référedum.

Amnesty International a dénoncé la "plus grave atteinte" aux droits de l'Homme depuis l'instauration de l'état d'urgence en 1981.

Ces critiques ont été rejetées par le Parti national démocratique (PND, au pouvoir). Le président du Sénat, Safouat al-Cherif, a affirmé que "le référendum couronnerait la démocratie en Egypte".

Les articles les plus controversés portent sur la lutte anti-terroriste, avec l'élargissement des pouvoirs de la police, et sur la supervision des élections, avec une réduction du contrôle exercé par les juges.

Très critiqué, l'article 179 permet aux autorités des arrestations, fouilles domiciliaires ou écoutes téléphoniques sans mandat judiciaire. Le président peut aussi déférer un terroriste présumé devant une cour martiale.