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En palestine, grève de la faim des prisonniers pour un peu de dignité

Rédigé par MAYOUFI Naziha | Mardi 24 Aout 2004 à 00:00

Les prisonniers palestiniens ont entamé une grève de la faim illimitée qui dure déjà depuis le 15 août. Leurs revendications premières sont relatives à leurs droits de détenus les plus élémentaires: Droits de visite, libération des enfants détenus sans procès, cessation des châtiments corporels et des fouilles humiliantes… Plus qu’un appel aux autorités israéliennes, cette grève sans précédent, depuis le début de la seconde Intifada, est une nouvelle tentative de la part des Palestiniens pour attirer l’attention du monde sur leur situation.



Les prisonniers palestiniens ont entamé une grève de la faim illimitée qui dure déjà depuis le 15 août. Leurs revendications premières sont relatives à leurs droits de détenus les plus élémentaires : Droits de visites, libération des enfants détenus sans procès, cessation des châtiments corporels et des fouilles humiliantes… Plus qu’un appel aux autorités israéliennes cette grève, sans précédent depuis le début de la seconde Intifada, est une nouvelle tentative de la part des Palestiniens pour attirer l’attention du monde sur leur situation.

 

A réclamations humaines, une répression inhumaine des autorités israéliennes…

Par le biais de cette grève de la faim, les détenus palestiniens réclament notamment que leurs droits de visites leur soient garantis (40% d’entre eux en sont exclus). Les prisonniers administratifs, à savoir ceux qui n’ont pas eu droit à un jugement, revendiquent leur droit à un jugement équitable dans un délai raisonnable. Tous revendiquent la cessation des punitions collectives, des châtiments corporels et des fouilles humiliantes pratiquées en public (devant les gardiens et les autres détenus), la suppression des vitres (en plus des fils de barbelés) les séparant de leurs parents durant leurs visites…


A ces revendications jugées « scandaleuses », l’administration pénitentiaire israélienne a répondu : Des prisonniers ont été transférés, leurs effets personnels confisqués (postes de radios et de télévisions, journaux, téléphones portables…).  Selon les quotidiens israéliens Haaretz et Maariv, pour briser cet élan de grève, des barbecues ont même été organisés dans les cours de certaines prisons. Des pains et des gâteaux ont été préparés spécialement dans les cuisines et les gardiens ont reçu l’ordre de manger devant les prisonniers. La porte parole de l’administration pénitentiaire, Sharon Gutman, a affirmé qu’« Il ne s'agit pas d'une politique officielle, mais il est possible que cela soit le cas dans certaines prisons à l'initiative des gardiens ».


M. Issa Qaraqéa, président du « club Du Prisonnier », principale association de défense des prisonniers, a affirmé à l’AFP que les gardiens avaient été jusqu’à confisquer le sel, gardé en stock par les prisonniers, qui leur servait à préparer les solutions pour  éviter de se déshydrater rapidement. Il a également précisé que le chef du Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghouti, détenu en isolement dans la prison de Beersheva, s’est joint à la grève.

Il y a vraiment urgence, ces milliers de prisonniers qui ont entamé la grève de la faim étaient déjà extrêmement affaiblis par leurs conditions de détention. Une répression continue, sans réactions de la communauté internationale, risque de faire rapidement tomber des vies. Ce qui ne semble pas alerter les autorités israéliennes dont le ministre de la Sécurité intérieure, Tzahi Hanegbi, a déclaré : « Nous ne céderons pas, de mon point de vue, ils pourront continuer leur mouvement un jour, un mois, ou  jusqu'à ce que mort s’en suive ».


L’association « Physicians for Human Rights » ( Médecins pour les droits de l’hommes) fait savoir par un communiqué que les autorités pénitentiaires ont prévenu le ministre de la santé, qu’ au regard de l’ampleur prise par le mouvement de grève de la faim, les hôpitaux doivent s’apprêter à recevoir des cas critiques de prisonniers palestiniens. le ministre israélien, Dani Naveh, de répondre  qu’il refuserait que soit prise en charge une multitude d’agonisants qui risqueraient de mettre en péril les équipes médicales et les malades…

 

Le combat de tous les Palestiniens

En Palestine, la question des prisonniers touche quasiment toutes les familles. Au sein de chacune d’elles, la prion ou la mort  touche un père, un fils, un mari, une épouse, une mère ou une fille… Pour soutenir ce mouvement de grève, la société toute entière, soutenue par les internationaux encore sur place, s'est donc mobilisée : Des « tentes de la liberté » ont été érigées dans les grandes villes palestiniennes. Les manifestations de soutien se succèdent, dont celle du 18 août dernier, qui fut décrétée journée de jeûn national.

Le Cheikh Tayseer Tamimi, premier juge musulman de la Palestine et président du Conseil supérieur des tribunaux légaux, a déclaré ce mardi 23 août que la grève des prisonniers 'est un moyen de faire entendre la voix des prisonniers opprimés... Il s'agit d'une forme de jihad légal. Si l'un des prisonniers tombait martyr il serait considéré comme s'il était martyr tombé sur le champ de bataille, et les autorités de l'occupation seraient responsables et considérées criminelles.'


Les manifestations de soutiens se multiplient dans les rues du Caire, de Beyrouth d’Amman et dans bien d'autres grandes villes du Proche et du Moyen Orient.

Le mercredi 25 août se tiendra une  réunion exceptionnelle de la Ligue des Etats Arabes pour discuter de la situation des prisonniers palestiniens dans les prisons de l'occupation, suite à une demande formulée par l'Autorité palestinienne. La Ligue arabe adressera un appel aux parties internationales et organisations humanitaires pour soutenir les prisonniers palestiniens et exiger qu'ils soient traités comme des prisonniers de guerre. La séance accueillera Muhammad Abu Jabbara, ancien prisonnier ayant passé 25 dans les prisons de l'occupation, ainsi que Ziyad Abu 'Ayn, pour exposer l'état de la situation dans les prisons et les traitements subis par les prisonniers.

 

 

En France, solidarité avec le mouvement de grève

Depuis le début de la grève de la faim des Palestiniens, des associations françaises n’ont cessé de relayer les informations. Dans un premier temps, par le biais de lettres de diffusion et de communiqués. Ensuite, depuis vendredi dernier, un collectif de soutien aux prisonniers politiques s’est  constitué, comprenant notamment l’Association France Palestine Solidarité, La CAPJPO, Abnah Philistine, Euro-Palestine et bien d’autres associations faisant partie de la plate-forme des ONG pour la Palestine. Ce collectif a notamment organisé un rassemblement de soutien samedi 21, à Paris, place de la Fontaine des innocents aux Halles, suivi d’un jeûne symbolique le dimanche sur la place Saint Michel qui a duré toute la journée.

Aujourd’hui est organisé un rassemblement place de l’Opéra Bastille à 18 h (métro Bastille) et sont déjà prévus des rassemblements quotidiens à partir de jeudi 25 août, de 18 h à 21 h, vendredi 26 août de 18 heures à 21 heures, samedi et dimanche de 10 heures à 21 h,  avec jeûne pour les volontaires.