Le rapport 2016 du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) confirme les tendances déjà affichées en janvier par l'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (DILCRA), en accord avec les chiffres recensés par le ministère de l'Intérieur. L'année 2015 a connu une flambée des actes antimusulmans. Toutefois, le CCIF annonce le chiffre de 905 actes recensés contre 764 en 2014, soit une augmentation de 18,5 % quand Place Beauveau en déclarait 429.
Lors d'un point presse organisé mercredi 10 février au siège de l'association, le porte-parole Yasser Louati rappelle que cette différence est due au fait que le ministère de l'Intérieur ne prend pas en compte les discriminations. Il tient ainsi à préciser qu'est considéré comme islamophobe l’ensemble des actes de rejet, de discrimination ou de violence perpétrés contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à la religion musulmane. Il note aussi la prise en compte des discours de haine envers les musulmans.
Le CCIF a été sollicité à 2 536 reprises en 2015. 905 actes ont été retenus après authentification et prise de contact avec les parties incriminées.
Lors d'un point presse organisé mercredi 10 février au siège de l'association, le porte-parole Yasser Louati rappelle que cette différence est due au fait que le ministère de l'Intérieur ne prend pas en compte les discriminations. Il tient ainsi à préciser qu'est considéré comme islamophobe l’ensemble des actes de rejet, de discrimination ou de violence perpétrés contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, réelle ou supposée, à la religion musulmane. Il note aussi la prise en compte des discours de haine envers les musulmans.
Le CCIF a été sollicité à 2 536 reprises en 2015. 905 actes ont été retenus après authentification et prise de contact avec les parties incriminées.
Des discriminations trop fréquentes dans les écoles
Répartition des discriminations par types d'auteurs en 2015 selon le CCIF.
Les discriminations forment le plus gros contingent des actes islamophobes : le CCIF en a dénombré 588. Ils sont principalement commises au sein d'institutions (64 %), particulièrement dans les écoles, lieux où ils s'expriment le plus fréquemment.
Parmi les 91 incidents qui se sont déroulés dans des écoles primaires, 90 % concernait des mères de famille voilées, privées d'accompagnement lors de sorties scolaires. Lila Charef, responsable du service juridique du CCIF, souligne le cas des mères voilées de Méru qui ont obtenu gain de cause après deux ans de procédures judiciaires.
Yasser Louati rappelle, quant à lui, les débordements qui ont suivi les attentats contre Charlie Hebdo avec des affaires impliquant de jeunes élèves comme Ahmed ou Yazid. Il déplore que l'Education nationale n'ait pas sanctionné le corps enseignant. La ministre Najat Vallaud-Belkacem a systématiquement exprimé son soutien envers les équipes éducatives, déplore-t-il.
Le porte-parole a aussi mis en lumière les excès de zèle de certains principaux de collège qui ont interdit le port de jupes longues. Un des cas les plus emblématiques est celui du collège de Charleville-Mézières. Le portrait de la jeune Sarah a été largement diffusé et commenté dans la presse anglo-saxonne. Pour le CCIF, qui intervient régulièrement dans ce genre de litige afin de proposer une médiation, la médiatisation permettrait de faire descendre la pression sur les jeunes filles « harcelées » par l'administration.
Parmi les 91 incidents qui se sont déroulés dans des écoles primaires, 90 % concernait des mères de famille voilées, privées d'accompagnement lors de sorties scolaires. Lila Charef, responsable du service juridique du CCIF, souligne le cas des mères voilées de Méru qui ont obtenu gain de cause après deux ans de procédures judiciaires.
Yasser Louati rappelle, quant à lui, les débordements qui ont suivi les attentats contre Charlie Hebdo avec des affaires impliquant de jeunes élèves comme Ahmed ou Yazid. Il déplore que l'Education nationale n'ait pas sanctionné le corps enseignant. La ministre Najat Vallaud-Belkacem a systématiquement exprimé son soutien envers les équipes éducatives, déplore-t-il.
Le porte-parole a aussi mis en lumière les excès de zèle de certains principaux de collège qui ont interdit le port de jupes longues. Un des cas les plus emblématiques est celui du collège de Charleville-Mézières. Le portrait de la jeune Sarah a été largement diffusé et commenté dans la presse anglo-saxonne. Pour le CCIF, qui intervient régulièrement dans ce genre de litige afin de proposer une médiation, la médiatisation permettrait de faire descendre la pression sur les jeunes filles « harcelées » par l'administration.
Encourager les victimes à porter plainte
Les préfectures et autres services de l'état civil participent aussi aux discriminations. Le rapport 2016 en dénombre 54 en 2015, souvent des actes liés à la méconnaissance de la loi par des agents administratifs qui exigent que certaines femmes retirent leur voile, explique Lila Charef.
Les services de police sont aussi épinglées par le rapport du CCIF. L'association déplore que certains agents tentent de décourager les plaintes, en minimisant les faits ou en poussant les victimes à poser des mains courantes. Pour y remédier, elle fait désormais appel aux correspondants départementaux « aide aux victimes » mis en place afin d'obliger les policiers à enregistrer les plaintes. 377 cas de discriminations par des institutions ont été recensés en 2015 mais seulement 7 plaintes ont été déposées, déclare le CCIF.
Les services de police sont aussi épinglées par le rapport du CCIF. L'association déplore que certains agents tentent de décourager les plaintes, en minimisant les faits ou en poussant les victimes à poser des mains courantes. Pour y remédier, elle fait désormais appel aux correspondants départementaux « aide aux victimes » mis en place afin d'obliger les policiers à enregistrer les plaintes. 377 cas de discriminations par des institutions ont été recensés en 2015 mais seulement 7 plaintes ont été déposées, déclare le CCIF.
Des agressions physiques plus nombreuses
Fait nouveau, le nombre d'agressions physiques (55) dépasse celui des agressions verbales (42). Selon le rapport, « ces chiffres témoignent d’un passage à l’acte plus fréquent, que peut expliquer la diffusion massive de discours islamophobes ». L'écrasante majorité des victimes de ces attaques est composée, encore et toujours, de femmes (82 %). « Les agressions physiques illustrent parfaitement le caractère intersectionnel de ces violences : les agresseurs s’en prennent autant aux symboles islamiques (arrachage de voile) qu’au corps de leur victime (attouchements sexuels). Ces agressions sont aussi souvent couplées d’insultes islamophobes, racistes et sexistes», analyse le CCIF. « Quand il s'agit de musulmanes, la classe politique ne réagit pas à la hauteur des idéaux féministes qu'elle prétend défendre », signale Lila Charef.
Lorsque les femmes ne sont pas victimes des institutions de service public ou d'agressions, c'est le monde du travail qui les marginalise. « À compétences égales, les femmes perçues comme musulmanes ont trois à quatre fois moins de chances d’obtenir un entretien d’embauche qu’une femme de la population majoritaire. Leurs chances sont quasi nulles lorsqu’elles portent le voile, les plaçant alors, comme le constate Patrick Simon, directeur de recherche à l’INED, en situation de "mort sociale sur le marché du travail" ».
Enfin, 60 profanations de lieux de culte sont recensés, soit deux fois plus qu'en 2014. Elles ont fait l'objet de 51 plaintes.
Lorsque les femmes ne sont pas victimes des institutions de service public ou d'agressions, c'est le monde du travail qui les marginalise. « À compétences égales, les femmes perçues comme musulmanes ont trois à quatre fois moins de chances d’obtenir un entretien d’embauche qu’une femme de la population majoritaire. Leurs chances sont quasi nulles lorsqu’elles portent le voile, les plaçant alors, comme le constate Patrick Simon, directeur de recherche à l’INED, en situation de "mort sociale sur le marché du travail" ».
Enfin, 60 profanations de lieux de culte sont recensés, soit deux fois plus qu'en 2014. Elles ont fait l'objet de 51 plaintes.
L'état d'urgence au cœur des préoccupations
Dans son rapport 2016, le CCIF a pris le parti de ne pas prendre en compte les mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence. Ainsi les perquisitions administratives, assignations à résidence et interdictions de quitter le territoire ont fait l'objet d'un classement spécifique.
L'association ne manque pas d'exprimer son inquiétude à propos des perquisitions menées « selon des méthodes très discutables, à savoir avec un déploiement de moyens humains disproportionnés et l’usage de la force (placages au sol, menottes, dégâts matériels, traitements dégradants, etc.) et ce parfois devant des enfants ». Lila Charef évoque notamment le port et la mise en joue d'armes lourdes face à des citoyens « aux casiers judiciaires vierges » et « qui n'avaient jamais vu d'armes ».
Le CCIF travaille depuis les attentats du 13 novembre sur près de 300 dossiers liés à l'état d'urgence. D'après Yasser Louati, les dérives des autorités durant ces dernières semaines s'apparentent pour beaucoup de musulmans à des « règlements de compte », un sentiment renforcé par des attitudes irrespectueuses décriées lors de certaines interventions.
Dans le même temps, l'Assemblée nationale a voté mercredi la révision constitutionnelle visant à inscrire dans la loi fondamentale l'état d'urgence et la déchéance de la nationalité, faisant craindre au CCIF de nouveaux dossiers supplémentaires dans ses bureaux.
L'association ne manque pas d'exprimer son inquiétude à propos des perquisitions menées « selon des méthodes très discutables, à savoir avec un déploiement de moyens humains disproportionnés et l’usage de la force (placages au sol, menottes, dégâts matériels, traitements dégradants, etc.) et ce parfois devant des enfants ». Lila Charef évoque notamment le port et la mise en joue d'armes lourdes face à des citoyens « aux casiers judiciaires vierges » et « qui n'avaient jamais vu d'armes ».
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