Les enfants représentent aujourd'hui 53% de la population palestinienne. La quasi-totalité d'entre eux a déja subi une violation de leurs droits depuis le début de l'Intifada selon l'association 'Les amis de Naplouse'. Au cours de ces 42 derniers mois 651 enfants palestiniens ont été tués par l'armée israélienne, a indiqué lundi le ministre palestinien de la Santé. Uniquement pour le mois de mars 2004, 21 enfants sur le chemin de l'école ou de retour chez eux ont été tués, selon un responsable palestinien. Les statistiques montrent que les enfants tués sont de plus en plus jeunes, le niveau de violence va croissant.
Malgré de difficiles conditions de travail sur le terrain, le Secours islamique continue ses actions humanitaires à travers ses 5 bureaux en Cisjordanie et dans le Bande de Gaza. Paloma Bueno, chef de programmes du bureau du Secours islamique de Gaza, de retour d'une mission essentiellement dirigée vers les enfants évoque la situation dans les territoires occupés.
SaphirNet.info: Sur le terrain, quelle est la situation psychologique des enfants ?
Psychologiquement, il y a une étude trés sérieuse de l'organisation Gaza Community Mental Health Protect qui a son centre à Gaza. Cette organisation fait des recherches tous les six mois. Nous avons découvert que 90% des enfants à Gaza sont traumatisés. Presque tous les enfants sont traumatisés. On peut dire qu'un tiers d'entre eux ont des traumatismes sévères et deux tiers sont moyennement traumatisés. Le problème est qu'ils ne peuvent s'en sortir que difficilement. Par exemple nous avons un enfant dans notre centre d'éducation qui a vu sa maison détruite. Il était en processus de rétablissement, mais 6 mois après, la mère est tuée. Ces enfants n'ont pas de chances... Les problèmes s'accumulent et ils n'ont pas la possibilité d'oublier leurs traumatismes. De plus la situation éducative est trés mauvaise, il y a beaucoup trop d'enfants dans les classes et après l'école, les enfants sont dans la rue beaucoup d'heures tous les jours, et n'étudient que 4 heures dans la journée.
Combien d'heures votre centre d'éducation prend les enfants de Gaza en charge ?
Le centre d'éducation supplémentaire dispense 3 leçons d'arabe par semaine, deux heures à chaques fois. Il y a également de l'informatique, la bibliothèque est ouverte aux enfants, ils peuvent y rester autant qu'ils veulent, nous disposons également d'un espace de jeu avec beaucoup de matériel.
Quel avenir voyez-vous à ces enfants qui vivent la violence, l'humiliation au quotidien ?
Les chercheurs de la Gaza Community Mental Health Protect, ont demandé aux enfants eux mêmes leurs solutions pour éradiquer tous ces problèmes. 60% d'entre eux pensent que la meilleure chose qu'ils peuvent faire est d'étudier. Mais il y a 30 à 40% qui veulent devenir Shahid (martyr). Ce qui représente 30% des filles et plus de 50% des garçons. Là est le problème, quand la violence continue, les enfants deviennent aussi violents. La chaîne de la violence se reproduit. L'unique chose que l'on peut faire est de les faire jouer, étudier pour les occuper dans quelque chose, pas dans la violence.
Quelles sont les conséquences du mur de séparation que vous avez pu observer ?
Les enfants qui vont à l'école, doivent attendre plusieurs heures l'ouverture du mur. Même les moutons doivent avoir un permis pour traverser ce mur. Tous cela cause beaucoup de problèmes pour accéder aux lieux de travail, pour la situation sanitaire. Les villes sont isolées, les gens ne peuvent pas se soigner puisque l'accès aux cliniques et hôpitaux leur est impossible. C'est vraiment un problème pour la situation humanitaire.
Le mur pose-t-il des problèmes pour votre travail humanitaire?
Nous devons toujours demander des autorisations. Nous avons souvent des problèmes et nous devons expliquer que nous sommes une organisation humanitaire, que notre travail est destiné aux femmes et aux enfants qui souffrent de la faim. La plupart du temps nous pouvons continuer notre travail.
Comment voyez-vous l'avenir de la Palestine?
Personnelement, je ne suis pas trés optimiste pour l'avenir prochain, mais j'espère que l'on trouvera une solution politique. C'est de cela dont nous avons besoin pour la Palestine. Mais pour l'avenir prochain, je ne crois pas à une solution pour dire la vérité. Mais nous devons supporter les familles et le peuple dans cette situation difficile, c'est l'unique solution à suivre.
Quels sont, aujourd'hui, les moyens pour soutenir ces familles?
Nous nous devons de les supporter financièrement, également avoir une correspondance directe. Par exemple, le parainnage d'orphelins n'est pas que financier. Les lettres envoyées, les conversations téléphoniques, le côté relationnel est trés important.
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