Ensemble, Philippe Darmon (juif), Matthieu de Laubier (catholique) et Farid Abdelkrim (musulman) ont donné naissance à l'album « Liberté ». © Bayard Musique
Cinq ans après, le souvenir des attentats reste vif. Fati Amar et François Troller ont perdu plusieurs amis au Bataclan le 13 novembre 2015. Ils sont ensuite profondément marqués par l'assassinat du père Jacques Hamel le 26 juillet 2016, alors qu'il officiait dans son église à Saint-Etienne-du-Rouvray. Loin de se morfondre ou de laisser place à la haine, ces deux hommes, qui évoluent dans l'univers de la musique, ont décidé de se servir de ces tristes expériences comme d'une source d'inspiration artistique originale pour célébrer le vivre ensemble. Ils décident alors de monter un projet musical inédit réunissant des personnes des trois grandes religions monothéistes.
Après de longues recherches, ils trouvent en Matthieu de Laubier, Philippe Darmon et Farid Abdelkrim, les voix adéquates pour chanter un hymne à la paix, à l'amour, à la liberté, à la fraternité et à la coexistence. Ils forment ainsi le groupe Ensemble et donnent naissance à l'album « Liberté », produit par Hamel Productions et diffusé par Bayard Musique depuis le 9 octobre, bien avant les attentats perpétrés à Conflans-Sainte-Honorine et à Nice. L'initiative artistique tombe à point nommé.
Après de longues recherches, ils trouvent en Matthieu de Laubier, Philippe Darmon et Farid Abdelkrim, les voix adéquates pour chanter un hymne à la paix, à l'amour, à la liberté, à la fraternité et à la coexistence. Ils forment ainsi le groupe Ensemble et donnent naissance à l'album « Liberté », produit par Hamel Productions et diffusé par Bayard Musique depuis le 9 octobre, bien avant les attentats perpétrés à Conflans-Sainte-Honorine et à Nice. L'initiative artistique tombe à point nommé.
Trois voix unis pour « construire des ponts »
Philippe Darmon est hazzan, un chantre, ministre officiant et délégué rabbinique dans une synagogue parisienne, Il a enseigné le chant à de nombreux rabbins de France. Ancien journaliste, Matthieu De Laubier est un chanteur lyrique, ordonné prêtre depuis 2017. Farid Abdelkrim est un humoriste et comédien musulman engagé. Tous trois, porteurs de foi différentes, ne se connaissaient pas à l'origine mais ils ont su trouver les points communs qui les rassemblent pour réussir leur collaboration.
« Dans le respect des convictions de chacun, on a été capables de se retrouver. Ce n’était pas compliqué, il n’y avait pas de star, pas de problème d’égo : humilité et simplicité dans les relations. On était parfaitement en phase avec l’objectif du projet », affirme Farid. « Tous les trois n’ont pas la même foi mais ont volontiers accepté de chanter ensemble pour rappeler au grand public qu’il vaut mieux construire des ponts entre les hommes pour les aider à vivre ensemble que d’élever des murs pour les séparer », signifie-t-on.
Lire aussi : Il nous reste les mots : un hymne au dialogue lancé par deux pères endeuillés du 13-Novembre
« Dans le respect des convictions de chacun, on a été capables de se retrouver. Ce n’était pas compliqué, il n’y avait pas de star, pas de problème d’égo : humilité et simplicité dans les relations. On était parfaitement en phase avec l’objectif du projet », affirme Farid. « Tous les trois n’ont pas la même foi mais ont volontiers accepté de chanter ensemble pour rappeler au grand public qu’il vaut mieux construire des ponts entre les hommes pour les aider à vivre ensemble que d’élever des murs pour les séparer », signifie-t-on.
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Un registre musical varié aux paroles profondes
L'album, constitué de reprises mais aussi de belles créations originales, se compose de 11 titres aux styles variés pour toucher le plus large public possible. Ce fut une expérience challengeante pour le père Matthieu de Laubier : « J’étais touché par le désir de transmettre un message de paix mais ce n’était pas mon répertoire habituel… Et puis j’ai compris que ce projet avait une véritable dimension populaire et qu’il pouvait toucher les gens. »
L'album s'ouvre avec le titre original Pour le ciel en guise de dédicace humaniste à trois voix « pour Angèle, pour Abdel, Paul et Samuel, pour l'universel, la prunelle de tes yeux. Pour le Ciel et pour l’amour du Ciel. Innocents sacrifiés sur l'autel. Pour que vienne la fin de nos querelles. Pour que cesse le feu ».
L'album s'ouvre avec le titre original Pour le ciel en guise de dédicace humaniste à trois voix « pour Angèle, pour Abdel, Paul et Samuel, pour l'universel, la prunelle de tes yeux. Pour le Ciel et pour l’amour du Ciel. Innocents sacrifiés sur l'autel. Pour que vienne la fin de nos querelles. Pour que cesse le feu ».
S'en suit la reprise du titre de Étienne Roda, Utile, dans lequel le trio rappelle que « je veux être utile à vivre et à rêver, je veux être utile à ceux qui m’ont aimés, à vivre et à chanter ». Pour se demander ensuite, Et Dieu dans tout ça ?, qui questionne la violence du monde contemporain : « A quel source, à quel creuset, ont-ils abreuvés leurs pensées pour prendre le monde en otage d’un carnage ? Toutes nos valeurs d’humanités d’un coup de folie balayées. La nuit guide leurs pas. Et Dieu dans tout ça ? »
« Que reste-il des Luther King, prix Nobel ou grands anonymes ? Sont-ils au moins au paradis, les "Charlie" ? Ce sont des siècles de savoir jetés aux poubelles de l’histoire. Tous les discours de tolérance réduits au fil d’une arme blanche », clament-ils.
« Que reste-il des Luther King, prix Nobel ou grands anonymes ? Sont-ils au moins au paradis, les "Charlie" ? Ce sont des siècles de savoir jetés aux poubelles de l’histoire. Tous les discours de tolérance réduits au fil d’une arme blanche », clament-ils.
Face à ce constat amer, il est temps de célébrer la Liberté, titre repris de Paul Eluard, agrémenté d'une tonalité musicale orientale. Après tout, On court et « on sait pertinemment que la seule chose qui vaille vraiment le combat, c'est d'avoir le cœur qui bat ». Les autres titres sont aussi des reprises de Naouale Azzouz (L'Olivier), de François Hardy (Mon amie la rose) ainsi que de Mickael Furnon (J'ai demandé à la lune). Il faut bel et bien Chanter pour ceux « qui sont loin de chez eux » comme l'évoquait Michel Berger, sans oublier de dire Bravo Monsieur le Monde (Pierre Delanoé).
Pour le compositeur Christophe Casanave, chacun des trois chanteurs a trouvé sa place, à la fois vocalement et humainement dans ce projet à la force symbolique importante. « Dans le contexte actuel où les tensions entre les communautés se sont accentuées, si on nous voit ensemble, cela peut apaiser… Je me suis dit que de faire ce projet, si cela peut déjà sauver une personne, cela vaut le coup », affirme Philippe Darmon.
Les voix des trois chanteurs s’entremêlent dans une symphonie apaisante. L’album se clôt A l'unisson avec une invocation rythmée et croisée à l'aune des valeurs humanistes communes à la Torah, à la Bible et au Coran : « Voilà ma foi, mon espérance, mon amour, ma joie » car « si un ciel divise les hommes, la Terre, elle, les réunit. »
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