Jeunes Israéliens et Palestiniens (Miriam et Yaël tout à gauche, Omer tout à droite)
Ce n’est pas un hasard si la rencontre entre jeunes Palestiniens et Israéliens organisée par la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (CMRP)* a eu lieu à Paris cette semaine. La France compte la plus forte communauté musulmane et juive d’Europe et la question palestinienne, quoique non religieuse, a pris une place conséquente dans les débats depuis le déclenchement des attaques israéliennes sur la bande de Gaza. Depuis fin décembre, les mobilisations des différents camps, notamment pro-palestinienne, se sont multipliées ces dernières semaines. Entre temps, les tensions entre Juifs et Musulmans de France sont perceptibles à l’heure où les agressions racistes et antisémites ont augmenté et que le dialogue entre les deux communautés semble dans l’impasse.
En raison de l’impact en France de la crise proche-orientale, les membres français de la CMRP ont souhaité une consultation d’urgence, qui a réunit quatre Israéliens (juifs) et quatre Palestiniens (chrétiens et musulmans). Ces huit jeunes viennent tous de Jérusalem et certains d’entre eux sont impliqués dans des groupes de discussions depuis cinq ans à l’instar de Miriam Abd Eldeim, musulmane palestinienne et Yaël Dvora Yechli, Israélienne. D’autres sont nouveaux comme Omer Harami, une chrétien palestinien pour qui c’est « la première fois » qu’il participe à une telle initiative avec des Israéliens.
En raison de l’impact en France de la crise proche-orientale, les membres français de la CMRP ont souhaité une consultation d’urgence, qui a réunit quatre Israéliens (juifs) et quatre Palestiniens (chrétiens et musulmans). Ces huit jeunes viennent tous de Jérusalem et certains d’entre eux sont impliqués dans des groupes de discussions depuis cinq ans à l’instar de Miriam Abd Eldeim, musulmane palestinienne et Yaël Dvora Yechli, Israélienne. D’autres sont nouveaux comme Omer Harami, une chrétien palestinien pour qui c’est « la première fois » qu’il participe à une telle initiative avec des Israéliens.
Rencontre avec Yaël, Miriam et Omer
A priori, ces jeunes, qui vivent dans une zone permanente de tensions, sont séparés par le conflit. Malgré tout, tous croient en une paix possible entre les deux peuples via le dialogue, à l’image d’Omer qui croit en « la résistance non-violente ». « Le dialogue est nécessaire pour construire un monde meilleur. Ce ne sont pas les bombardements qui feront taire les revendications des Palestiniens comme ce n'est pas par les roquettes qu’on obtiendra un État. Il faut arrêter de faire couler le sang de toute part et de répandre la violence », affirme t-il. Pour Miriam, « si nous ne sommes pas actifs dans notre vie, nous ne pourrons rien changer » d’où l’importance de se sentir « responsable ». Elle qui s’imagine mariée et avec des enfants, elle serait « inquiète de la situation. La vie que l’on mène aujourd’hui n’en est pas une. C’est pourquoi je veux faire tout mon possible pour contribuer pacifiquement à un avenir meilleur ».
« La guerre qui se déroule à Gaza n’est que la continuité d’un conflit qui dure depuis longtemps », affirme Yaël. La jeune israélienne explique qu’il est impossible pour les Israéliens d’ignorer l’existence des Palestiniens. « Chaque fois que j’ouvre ma fenêtre ou que je sors, je les vois. On ne pas ignorer la réalité qu’il existe deux peuples sur cette terre. Nous devons donc trouver un moyen de nous entendre. Comme je veux une terre pour les Juifs, je veux en voir une pour les Palestiniens. C’est pourquoi je ne peux dialoguer qu’avec ceux qui reconnaissent que j’existe. Si on nous demande de nous en aller, je ne pourrai pas », fait-elle comprendre.
Selon Yaël, Miriam et Omer, les grands principes sont acquis. « Nous (les Palestiniens, ndlr) avons le droit à l’autodétermination et le droit d’avoir notre propre pays au côté d’Israël. Nous sommes engagés dans une logique de non-violence et nous insistons beaucoup avec les Israéliens sur les responsabilités de chacun ».
« La guerre qui se déroule à Gaza n’est que la continuité d’un conflit qui dure depuis longtemps », affirme Yaël. La jeune israélienne explique qu’il est impossible pour les Israéliens d’ignorer l’existence des Palestiniens. « Chaque fois que j’ouvre ma fenêtre ou que je sors, je les vois. On ne pas ignorer la réalité qu’il existe deux peuples sur cette terre. Nous devons donc trouver un moyen de nous entendre. Comme je veux une terre pour les Juifs, je veux en voir une pour les Palestiniens. C’est pourquoi je ne peux dialoguer qu’avec ceux qui reconnaissent que j’existe. Si on nous demande de nous en aller, je ne pourrai pas », fait-elle comprendre.
Selon Yaël, Miriam et Omer, les grands principes sont acquis. « Nous (les Palestiniens, ndlr) avons le droit à l’autodétermination et le droit d’avoir notre propre pays au côté d’Israël. Nous sommes engagés dans une logique de non-violence et nous insistons beaucoup avec les Israéliens sur les responsabilités de chacun ».
Un dialogue difficile à promouvoir
Cependant, nombre de Palestiniens, d’Israéliens et d’internationaux mêmes restent sceptiques sur l’utilité d’un tel dialogue. « Le conflit israélo-palestinien dure depuis 60 ans », diraient certains. Les jeunes font part de leur côté des difficultés à encourager le dialogue. « Ce n’est pas facile car les Israéliens sont aussi source de nos problèmes quotidiens. Pour beaucoup de Palestiniens, on ne peut pas parler avec eux », fait savoir Miriam. Au sein de la société israélienne, « nous sommes une minorité à vouloir dialoguer. Beaucoup pensent que nous sommes fous. Je leur propose alors de tenter l’expérience et certains sont bien surpris parce que celle-ci change une personne. Je parle pour ma part de ma propre expérience. Je pense que notre minorité s’agrandit. » Malgré les obstacles, « ils sont convaincus de l'utilité de leur démarche et tous veulent continuer leur projet de dialogue », affirme Mehrezia Labidi, une des organisatrices de la consultation. « Beaucoup pensent que le seul langage que le monde connaisse est celui de la guerre mais nous croyons que les mots peuvent être un vrai pouvoir », déclare Omer.
De nombreux obstacles restent à franchir pour améliorer les relations entre les deux peuples. Les jeunes israéliens comme palestiniens parlent tous du « manque de confiance et de connaissance les uns envers les autres ». Pendant des années, chacun n’imaginait pas l’autre comme un être humain mais comme un ennemi, voire un monstre qui n’aurait les mêmes droits. Selon Yaël, « il est important pour nous de commencer par sensibiliser les personnes que l’on rencontre dans la rue car la plupart veulent simplement être heureux, se sentir en sécurité, rien de plus ». Ainsi, « on pourra toucher les hommes de pouvoirs ». «Nous avons besoin de faire un travail sur nous-mêmes et avec les autres car la morale nous l’impose. Notre religion nous enseigne que nous devons respecter l’être humain », selon Omer.
Alors les religions, facteur de rapprochement? « Tout dépend comment elles sont utilisées. Pour ma part, elles sont un moyen de rassembler les peuples et de sauver des vies », dit le Palestinien. Quant à Miriam, «la religion doit être un outil pour la paix. »
De nombreux obstacles restent à franchir pour améliorer les relations entre les deux peuples. Les jeunes israéliens comme palestiniens parlent tous du « manque de confiance et de connaissance les uns envers les autres ». Pendant des années, chacun n’imaginait pas l’autre comme un être humain mais comme un ennemi, voire un monstre qui n’aurait les mêmes droits. Selon Yaël, « il est important pour nous de commencer par sensibiliser les personnes que l’on rencontre dans la rue car la plupart veulent simplement être heureux, se sentir en sécurité, rien de plus ». Ainsi, « on pourra toucher les hommes de pouvoirs ». «Nous avons besoin de faire un travail sur nous-mêmes et avec les autres car la morale nous l’impose. Notre religion nous enseigne que nous devons respecter l’être humain », selon Omer.
Alors les religions, facteur de rapprochement? « Tout dépend comment elles sont utilisées. Pour ma part, elles sont un moyen de rassembler les peuples et de sauver des vies », dit le Palestinien. Quant à Miriam, «la religion doit être un outil pour la paix. »
Les principes acquis, le dialogue doit aller plus loin
Avec les organisateurs français et japonais de la CMRP
Tous ces jeunes sont partisans de la paix et de la création d’un Etat palestinien au côté d’Israël. Cependant, pour qu’un État souverain et viable puisse voir le jour, un certain nombre de conditions doivent être mises en application par les Israéliens en très grande partie. Ne parler que de ce qui les réunit sans réelle confrontation ne rend t-il pas ce dialogue stérile et sans futur pour les Palestiniens ? Chacun concède que « des points de vue divergent ». Une fois de retour à Jérusalem, «l’important est de se revoir, de pouvoir relancer là-bas le dialogue et d’aller un peu plus loin car là c’est une première approche sur un sujet douloureux », explique Laurent Klein, directeur d’école et un des organisateurs de cette rencontre.
« Ces jeunes n’ont pas un positionnement politique mais une approche davantage philosophique et personnel qu’ils aimeraient bien voir se réaliser sur le terrain. Voir qu’ils étaient encourager ici par des jeunes qui rencontrent aussi des problèmes, qui ont du mal à dialoguer et ne savent pas comment le faire leur permet de savoir où ils en sont et voir qu’ils ne pas seuls », conclut-il.
Pour conclure cette rencontre, le message de Miriam se veut clair : le conflit ne doit pas être « reproduit en France ou nulle part ailleurs. Juifs et Musulmans n’ont pas à lutter entre eux ». Cependant, « le conflit que nous vivons est un problème universel car nous sommes tous humains. On demande donc au monde de nous aider à le régler. Quand on voit de l’injustice, il est du devoir de tous de réagir. Nous souhaitons que les valeurs de justice et du respect enseignées par nos Livres sacrés soient mises en application, que les internationaux continuent les manifestations en notre faveur. Mais nous ne voulons pas qu’une mauvaise image vienne noircir ces actions pacifiques comme les actes antisémites », conclut Omer. Pour Yaël, « les médias ne sont intéressés que par la guerre, le sang, la violence. Mais d’autres choses se passent. Nous appelons les médias à s’intéresser davantage aux groupes de discussion comme le nôtre. »
Site du CMRP
* La CMRP est une organisation accréditée par l’ONU qui détient le réseau le plus étendu au monde de croyants de différentes religions engagés ensemble dans diverses activités pour promouvoir la paix.
« Ces jeunes n’ont pas un positionnement politique mais une approche davantage philosophique et personnel qu’ils aimeraient bien voir se réaliser sur le terrain. Voir qu’ils étaient encourager ici par des jeunes qui rencontrent aussi des problèmes, qui ont du mal à dialoguer et ne savent pas comment le faire leur permet de savoir où ils en sont et voir qu’ils ne pas seuls », conclut-il.
Pour conclure cette rencontre, le message de Miriam se veut clair : le conflit ne doit pas être « reproduit en France ou nulle part ailleurs. Juifs et Musulmans n’ont pas à lutter entre eux ». Cependant, « le conflit que nous vivons est un problème universel car nous sommes tous humains. On demande donc au monde de nous aider à le régler. Quand on voit de l’injustice, il est du devoir de tous de réagir. Nous souhaitons que les valeurs de justice et du respect enseignées par nos Livres sacrés soient mises en application, que les internationaux continuent les manifestations en notre faveur. Mais nous ne voulons pas qu’une mauvaise image vienne noircir ces actions pacifiques comme les actes antisémites », conclut Omer. Pour Yaël, « les médias ne sont intéressés que par la guerre, le sang, la violence. Mais d’autres choses se passent. Nous appelons les médias à s’intéresser davantage aux groupes de discussion comme le nôtre. »
Site du CMRP
* La CMRP est une organisation accréditée par l’ONU qui détient le réseau le plus étendu au monde de croyants de différentes religions engagés ensemble dans diverses activités pour promouvoir la paix.