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Société

Entre la Licra et la Grande Mosquée de Paris, le divorce est consommé

Rédigé par | Vendredi 24 Mai 2024 à 14:55

           

Les récents faits et gestes du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, ne sont pas du tout du goût de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Après sa décision de rompre son partenariat avec l'institution musulmane, cette dernière ne mâche pas ses mots face aux accusations qui lui sont adressées.



La Licra a annoncé, jeudi 23 mai, la fin d'un partenariat noué avec la Grande Mosquée de Paris en 2021. Ici Mario Stasi (à droite) aux côtés du recteur Chems-Eddine Hafiz.lors de la signature de la convention de partenariat.
La Licra a annoncé, jeudi 23 mai, la fin d'un partenariat noué avec la Grande Mosquée de Paris en 2021. Ici Mario Stasi (à droite) aux côtés du recteur Chems-Eddine Hafiz.lors de la signature de la convention de partenariat.
La Grande Mosquée de Paris a fait part, vendredi 24 mai, de son entière désapprobation des accusations émises à son encontre par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). L'association a annoncé la veille sa décision de rompre son partenariat avec l'institution religieuse en raison des prises de position adoptées par le recteur Chems-Eddine Hafiz contre des déclarations faites par le journaliste Philippe Val. Il lui est aussi reproché sa récente rencontre avec la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste de La France insoumise (LFI) aux élections européennes.

Pour la Licra, en dénonçant les propos de l'ancien directeur de Charlie Hebdo, le recteur « favorise lui-même une double confusion : d’une part entre les attaques contre les personnes et la libre critique des idées ; d’autre part, entre les fidèles de l’islam et ceux qui promeuvent de cette religion une lecture sectaire et violente ». La libre critique des religions « ne saurait être amoindrie ni par des lectures biaisées ni par l’intimidation de citoyens en recourant à des procédures judiciaires », indique-t-elle, en assurant Philippe Val de « tout son soutien » au nom de « la liberté d’expression ».

Rima Hassan avec Chems-Eddine Hafiz
Rima Hassan avec Chems-Eddine Hafiz
Par la même occasion, la Licra a fustigé « la réception enthousiaste par le recteur de Rima Hassan ». « Par ses provocations, ses appels au soulèvement sur les campus et au-delà, le discours de Rima Hassan ne contribue en rien à une recherche de la paix. Ses positions extrémistes semblent difficilement compatibles avec le message que l’on est en droit d’attendre d’une institution religieuse comme la Grande mosquée de Paris. », estime l'organisation.

Celle-ci, qui témoigne régulièrement de son soutien à Israël, s'est illustrée ces derniers mois par de dures déclarations contre LFI. Après l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël, son président, Mario Stasi, avait notamment déclaré que Jean-Luc Mélenchon « est sorti de l'arc républicain » du fait de ses positions sur la guerre à Gaza et le conflit israélo-palestinien.

La convention de partenariat signée en mai 2021 entre les deux parties pour lutter contre le racisme antimusulman « est arrivée à son terme le 19 mai 2024. De facto à l’arrêt depuis un an, elle est donc, à présent, caduque », conclut la Licra.

La réponse cash de la GMP

La GMP n'a pas attendu longtemps pour répondre aux accusations de la Licra, à qui elle rappelle d'abord que « la libre critique des idées et des convictions n'autorise pas l'essentialisation et la stigmatisation d'une composante de notre communauté nationale ».

« Lorsque Philippe Val parle d'une religion qui souhaite "exister par la terreur", il en vient à la confondre avec le terrorisme qui la manipule et la trahit, et par là-même à assimiler tous nos concitoyens musulmans à des actes de violence passés ou potentiels. Notre devoir est de réagir à de tels discours, notre droit est de les porter devant la justice », assure Chems-Eddine Hafiz, qui réaffirme ainsi sa volonté de porter plainte contre le journaliste.

Par ailleurs, il juge « regrettable » que la Licra lui reproche son entretien avec Rima Hassan « dont le combat en faveur des droits des réfugiés dans le monde, y compris des réfugiés palestiniens et des déplacés de la guerre actuelle à Gaza, ne devrait pas être étranger à une institution luttant de manière indifférenciée pour les droits de l'Homme »

La GMP, qui affirme n'avoir « de leçon à recevoir de quiconque » en matière de promotion de la coexistence et de la paix, regrette la décision de la Licra, qui « s'éloigne des principes qui la fonde et atrophie sa défense de tous les citoyens discriminés, quelle que soit leur religion, dans notre pays ». Et d'inviter, pour conclure, la Licra « à rester sur le chemin de la lutte universelle, équilibrée et juste, contre toute forme de haine et de racisme, sans hiérarchie dans le malheur des hommes ».

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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