Société

Entre stupeur et condamnation à Meyzieu

Rédigé par Rachida Douadi | Lundi 25 Aout 2008 à 10:54

Vendredi 23 août, la mosquée de Meyzieu, dans le Rhône, devait accueillir la première prière commune dans ses nouveaux locaux de la rue de la République. Mais la célébration a été compromise par des actes de vandalisme. Jeudi 22 août au matin, des inscriptions nazies ont été retrouvées sur le mur extérieur et un incendie avorté a endommagé l'intérieur. Si les dégâts sont mineurs, « la stupeur » et « l’incompréhension » demeurent.



« En passant le matin, un de nos fidèles a découvert les inscriptions sur le mur, et la façade était en fumée. C’était un début d’incendie qui s’est éteint par lui-même.» raconte avec émotion, Mohamed Bennaji, président de l’Association culturelle et éducative de Meyzieu (Acem) dans le Rhône. Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, un engin incendiaire a été introduit dans la mosquée du quartier des Plantées, faisant des dégâts « pas très importants, heureusement », remarque Mohamed Bennaji. Des fenêtres ont été cassées et les toilettes ont été dégradées par la fumée. Mais à la surprise de tous, ce sont les tags, en allemand, relevés sur la façade principale qui ont choqué : « Notre honneur s’appelle notre fidélité ». « C’était la devise des SS qui s’engageaient dans l’armée allemande » avait indiqué le Maire UMP de la commune. Michel Forissier arrivé sur place dès jeudi matin avait condamné cet acte «inacceptable»

A l’annonce des faits, Faouzi Lamdaoui, secrétaire national à l’Egalité du Parti socialiste, dénonçait, dès vendredi, dans un communiqué, « la multiplication des actes racistes » en France. Selon lui, le gouvernement doit « se mobiliser immédiatement » et « faire preuve de la plus grande fermeté à l’égard de groupuscules d’extrême droite qui n’ont pas leur place dans notre République ». En dehors de la réaction directe de la Mairie de Meyzieu, l’Acem n’a reçu aucun autre message de soutien. « Ça n’intéresse personne ou pas grand monde, on va mettre ça sur le compte des vacances » confie son président.

Aucune opposition au projet sur la commune

Mais, à Meyzieu, c’est «la stupeur, la colère et l’incompréhension », réagit Mohamed Bennaji, parce qu’il n’y a jamais eu d’hostilité à l’ouverture de cette mosquée. En octobre 2007, l’Acem acquiert les anciens locaux de l’ANPE. Une fois les autorisations obtenues auprès du préfet et du maire, les 300m2 ont été transformés en salle de prière. « Aucune opposition au projet n'existait sur la commune, qui a toujours eu l'habitude d'accueillir toutes les religions » relève de son coté Michel Forissier. « S'ils avaient vraiment voulu mettre le feu, ils l'auraient fait », a-t-il ajouté, estimant qu'il pouvait donc s'agir d'un « acte isolé ». « C’est ce que l’on pense. Si c’était un acte organisé, il y aurait eu plus de dégâts, mais on n’est sûr de rien. » estime-t-on à l’association.

D’autant plus, qu’une altercation avait opposé, en fin d’après-midi le jour même, un membre de l’Acem à un jeune homme qui avait été surpris en train d’uriner près des locaux. Mais, Mohamed Bennaji préfère rester prudent : « On ne peut pas savoir si ces deux évènements sont liés. Je vois mal une personne revenir à la suite de ça pour commettre ce genre d’acte ». Pour calmer les esprits, l’inscription a été effacée dès le lendemain, et « par mesure d’apaisement » l’association a appelé la communauté musulmane au calme. L’enquête a été confiée à la sûreté du département du Rhône. Pour le maire de Meyzieu, « Comme tout délit, cet acte doit être puni ». « On fait confiance à la justice. On souhaite que les acteurs soient punis et que cela ne se reproduise pas » demande le président de l’Acem.

En attendant, la mosquée va être remise en état pour accueillir les fidèles dès le début du Ramadan, au mois de septembre. Le responsable de l’association est confiant : « On mettra tout en œuvre pour l’ouverture. Ça fait vingt ans qu’on attend cette mosquée et elle a failli partir en fumée ». L’inauguration officielle prévue en octobre prochain, sera autrement plus solennelle.