Points de vue

Et si on faisait du 11 juillet la Journée internationale de commémoration des victimes du génocide de Srebrenica ?

Rédigé par Dunja Mijatović | Mardi 11 Juillet 2023 à 08:00

« Il est grand temps de reconnaître officiellement le 11 juillet comme Journée internationale de commémoration des victimes du génocide de Srebrenica. » C'est l'appel lancé par la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe à l'occasion du 28e anniversaire commémorant le massacre de plus de 8 000 Bosniaques à Srebrenica. Voici la déclaration de Dunja Mijatović relayée sur Saphirnews.



© Michael Bucket/CC BY-SA 3.0
Le génocide de Srebrenica, au cours duquel 8 372 Bosniaques, principalement des hommes et des garçons, ont été brutalement tués, reste un chapitre sombre de l'histoire collective de l'Europe. Qu'un génocide ait été commis à Srebrenica n'est pas une question d'opinion, c'est un fait historique, légalement établi par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, la Cour internationale de justice et les tribunaux nationaux.

Malheureusement, de nombreuses personnes ignorent le génocide et certaines le nient même. C'est une insulte aux victimes et une menace sérieuse pour la justice et la paix dans la région.

Cette culture du déni du génocide doit être éradiquée.

Les dirigeants politiques de la région portent principalement la responsabilité d'arrêter la spirale actuelle du négationnisme et de promouvoir une culture de la vérité, de l'empathie pour les victimes et de la réconciliation.

L'éducation sur le génocide et la préservation de la mémoire des victimes sont également d'une importance capitale.

Les Mères de Srebrenica ont inlassablement entretenu la mémoire et réclamé justice au cours des 28 dernières années. Lors de leur visite au Conseil de l'Europe en 2019, elles ont appelé le Conseil de l'Europe et les Nations unies à instaurer une Journée internationale du souvenir officielle le 11 juillet.

J'ai toujours soutenu de tout cœur l'appel des Mères. Je rends hommage à leurs efforts inlassables pour remplacer les graines de la haine par celles de la justice.

Le minimum que nous puissions et devions faire pour respecter la dignité des victimes et des survivants

Face au déni très répandu du génocide de Srebrenica, il est grand temps que la communauté internationale cesse de détourner le regard. L'instauration d'une journée de commémoration montrerait que la communauté internationale est du côté de la vérité et solidaire des survivants et des familles des victimes.

C'est le minimum que nous puissions et devions faire pour respecter la dignité des victimes et des survivants et éviter qu'ils ne tombent dans l'oubli.

Comme l'a dit l'an dernier à Potocari mon cher ami et infatigable défenseur de la justice et de la paix, Menachem Rosensaft :

Aujourd'hui et demain, nous qui n'étions pas là sommes pleinement solidaires des survivants et de leurs familles. Consacrons-nous ensemble à inscrire définitivement le génocide qui s'est produit à Srebrenica et à Potočari dans les annales de l'humanité, au nom du souvenir, bien sûr, mais aussi, et c'est tout aussi important, en guise d'avertissement.

Il est grand temps de reconnaître officiellement le 11 juillet comme Journée internationale de commémoration des victimes du génocide de Srebrenica.

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