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Etats-Unis: des agents secrets infiltrés dans les mosquées ?

Rédigé par | Mercredi 25 Mars 2009 à 00:51

Une dizaine d’organisations islamiques américaines menacent aujourd'hui de rompre leurs liens avec le FBI. Elles accusent ce dernier d’implanter des espions dans certaines mosquées notamment californiennes. Selon ces mêmes organisations, ces agents ont pour objectif de récolter le plus d'informations possible sur les musulmans fréquentant les mosquées alors même que la sécurité nationale n'est pas menacée par ces individus. Pire: le FBI mettrait une pression sur certains fidèles pour qu’ils deviennent à leur tour des informateurs pour le compte de l’agence fédérale.



Des espions du gouvernement dans les mosquées américaines ? L’accusation portée la semaine dernière par 17 organisations musulmanes des États-Unis est sans ambigüité. Elles menacent à présent de ne plus traiter avec le Bureau fédéral d’investigation (FBI). « Si le FBI n’est pas décidé à accorder un traitement juste et équitable à tous les musulmans américains ... alors les organisations musulmanes, les mosquées et les musulmans même n’auront le choix que d’envisager de suspendre toutes les activités de sensibilisation avec les bureaux du FBI, ses agents et les autres membres du personnel », ont déclaré d’une voix commune les organisations du pays.

Parmi elles figurent le Conseil des Relations Islamo-Américaines (CAIR), l’Alliance musulmane d’Amérique du Nord (MANA) ou encore l’Association nationale des étudiants musulmans (MSA-N). Cependant, « cette possible suspension n'affecte, bien entendu, en aucune façon notre inébranlable devoir de signaler des crimes ou des menaces de violence à notre nation », a affirmé la coalition.

Des « agents provocateurs » dans les mosquées

Le scandale a éclaté le mois dernier en Californie lorsque les organisations islamiques ont appris qu'un agent du FBI, Craig Monteilh, a menacé de faire de la vie d’un fidèle « un enfer » s’il ne devenait pas un espion. Ce dernier, dont le beau-frère est un présumé garde de corps d’Osama Ben Laden, a tout bonnement refusé, ce qui lui a valu de la prison en février.

Récemment, cet ex-espion a déclaré avoir été payé pendant des mois l'an dernier pour enregistrer des milliers d’heures de conversations de musulmans dans leurs maisons ou les restaurants. En contre-partie, son casier judiciaire serait vierge - il a été condamné pour fraude et grand banditisme- et son compte bancaire plein. Il affirme aussi avoir infiltré l’Islamic Educational Center du Comté d'Orange (IEC) pour identifier ses membres et contrecarrer d’éventuelles « opérations terroristes ».

Depuis ces révélations, nombre de musulmans, gênés par la surveillance accrue des mosquées par les autorités depuis les attentats du 11 septembre 2001, se disent « forcés » de ne plus s’y rendre de peur d’être fiché ou de faire l’obet d’une quelconque surveillance. « Tout le monde a peur et cela conduit à une violation de la liberté de pratiquer notre religion », a déclaré au Los Angeles Times Ayloush Hussam, directeur exécutif de CAIR.

Quant au secrétaire général du Cercle islamique d'Amérique du Nord Naeem Baig, il a déclaré que le FBI se doit de travailler en toute transparence avec les dirigeants musulmans plutôt que de recourir à des opérations secrètes, qu’il a qualifié de «provocation». «Nous sommes aussi préoccupés que les autres Américains du problème de la sécurité », a t-il ajouté.

Pour le moment, le FBI s’est refusé à tout commentaire sur les allégations des organisations. Mais pour son porte-parole John Miller, « réduire le niveau de dialogue ne représente pas une stratégie de défense efficace ».

Depuis 2001, mosquées, entreprises et maisons de musulmans font régulièrement l’objet de surveillance aux États-Unis selon plusieurs rapports officiels et la majorité des noms compris dans la liste des personnes soupçonnés de terrorisme sont musulmans. Un membre du FBI a cependant affirmé que les activités de l’agence ne visaient pas la communauté islamique en particulier car d’autres sites non-musulmans sont soumis aux mêmes procédures.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur