Présentation de l'éditeur
Débats sur les « signes visibles », questions d’« identité » et d’intégration des « valeurs occidentales » : depuis quinze ans, les controverses médiatiques s’accompagnent d’une montée de la peur, des replis identitaires et des slogans populistes. Et pourtant, l’islam occidental est en marche. Les musulmans d’Europe, du Canada comme des États-Unis se sont ancrés dans leurs pays respectifs et y défendent leurs valeurs. Cet esprit de concorde, hélas, est menacé par une gestion de la « question musulmane » au gré des crises et du calendrier électoral.
Les questions porteuses d’une vraie révolution intellectuelle s’en trouvent esquivées : comment rester tout à la fois fidèle à ses valeurs et en phase avec son environnement ? Quelles conceptions de l’éducation, de la citoyenneté, de la participation sociale, politique, culturelle et économique découlent de cette appartenance entrée dans les faits ? Qu’attendre, enfin, du toujours nécessaire dialogue interculturel et interreligieux ? Tariq Ramadan appelle les musulmans à assumer le « troisième âge » de leur présence institutionnelle en Occident pour s’engager lucidement et courageusement, avec leurs concitoyens, autour de projets d’ouverture qui dépassent la seule référence islamique.
Les questions porteuses d’une vraie révolution intellectuelle s’en trouvent esquivées : comment rester tout à la fois fidèle à ses valeurs et en phase avec son environnement ? Quelles conceptions de l’éducation, de la citoyenneté, de la participation sociale, politique, culturelle et économique découlent de cette appartenance entrée dans les faits ? Qu’attendre, enfin, du toujours nécessaire dialogue interculturel et interreligieux ? Tariq Ramadan appelle les musulmans à assumer le « troisième âge » de leur présence institutionnelle en Occident pour s’engager lucidement et courageusement, avec leurs concitoyens, autour de projets d’ouverture qui dépassent la seule référence islamique.
L'auteur
Tariq Ramadan est professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford et directeur du Centre de recherches sur la législation islamique et l’éthique. Il est l’auteur, notamment, de Islam, la réforme radicale, Mon intime conviction, L’Islam et le réveil arabe (Presses du Châtelet, 2008 à 2011).
Extrait de l'avant-propos
Altérité et apparence
Ce livre a eu plusieurs vies. Lors de sa première publication, son contenu se trouvait entre deux horizons. Écrit avant les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis, il était publié aussitôt après. En français comme en anglais, l’ouvrage donnait l’impression d’être une réponse aux questions soulevées par l’expression de la violence terroriste : comment comprendre l’islam ? comment « intégrer » les musulmans dans les sociétés occidentales ? enfin, comment gérer la diversité dans les communautés musulmanes et notamment les tendances les plus violentes ? Il fut d’ailleurs très vite traduit en une dizaine de langues, dont l’arabe et l’urdu, et ses thèses furent souvent discutées à la lumière des « événements » de New York, Madrid, Bali ou Londres.
Ce livre, pourtant, ne traite pas de questions liées à l’actualité. Il est une réflexion sur le long terme quant à l’avenir de l’islam et des musulmans en Occident. Dès le titre, il établit un changement radical de perspective : les musulmans en Occident sont désormais des « Occidentaux musulmans », européens, américains, australiens, etc. Ils ne sont plus dans des sociétés ou des univers de référence qui leur sont étrangers car les musulmans appartiennent historiquement, culturellement, linguistiquement et désormais psychologiquement à ces sociétés. De l’altérité des immigrés d’hier, nous sommes passés à l’appartenance des citoyens d’aujourd’hui.
À la lumière de cette expérience historique, il fallait donc faire un double travail. D’abord discuter le cadre théorique : comment comprendre les sources scripturaires islamiques (Coran, traditions prophétiques), comment définir les mots (sharî’a, shahâda, jihâd, etc.), comment parler de l’universel, de la conception de l’homme et des valeurs, comment appréhender les nouvelles sociétés en tant qu’espace d’appartenance et en relation avec les questions d’identité ?
La première partie de cet ouvrage aborde directement ces questions. Ensuite, il importait d’aborder les défis sur un plan historique long, mais de façon concrète et pratique. La deuxième moitié de l’ouvrage s’intéresse donc aux questions liées à l’éducation, à la citoyenneté, à la participation sociale, politique et économique, comme à la culture et au dialogue interreligieux.
Un cadre général est proposé qui ne veut justement s’intéresser qu’au temps long de l’Histoire, laquelle est appréhendée à travers les évolutions d’une génération à l’autre, en évitant le piège d’un traitement par le prisme de l’actualité. Car, depuis près de quinze ans, attentats tragiques et controverses médiatiques n’ont pas cessé en Occident. D’opérations spectaculaires en tensions sociales, des débats sur les signes visibles (« foulards islamiques » ou minarets) aux questions de l’« intégration », des « valeurs occidentales » à la viande halâl, la « question de l’islam » est devenue omniprésente en Occident et souvent de la plus négative des façons. La vie de ce livre a accompagné la dégradation de la perception de l’islam, la montée d’une nouvelle xénophobie antimusulmane – l’islamophobie –, ainsi qu’une multiplication des « affaires » ou des conflits faisant de l’islam la religion « de l’autre » et des musulmans le miroir de l’altérité. C’est très exactement l’opposé de la thèse centrale du présent ouvrage, lequel veut prévenir contre le danger d’une gestion au gré des crises et du calendrier électoral, gestion qui amplifie l’impact des slogans populistes en alimentant la peur et la stigmatisation.
Deuxième vie pour ce livre, donc. car les thèses qu’il défend non seulement sont « d’actualité », mais nous apparaissent comme impératives pour répondre aux défis de l’époque. D’abord, il est question d’un appel exigeant aux musulmans eux-mêmes, afin qu’ils prennent leurs responsabilités. La compréhension des sources scripturaires, la maîtrise de la terminologie, l’acceptation de la diversité des interprétations (au-delà du littéralisme formaliste et de la terreur) et le renouveau dans l’intelligence des textes sont des prérequis à la réussite d’une installation définitive en Occident. Il ne s’agit pas de changer les textes ou de « réformer l’islam », mais de « réformer l’intelligence musulmane » pour accéder à une compréhension renouvelée des textes. La fidélité aux sources scripturaires et à l’esprit de l’islam sont au prix de cette permanente évolution et de cette réévaluation intellectuelles.
Au demeurant, depuis deux générations, cette évolution est mesurable. Sur de nombreux sujets, de nouvelles réponses légales et « théologiques » ont été apportées. Certaines propositions de ce livre, qui apparaissaient alors comme nouvelles, audacieuses, voire juridiquement (fiqh) dangereuses sur l’Occident, la citoyenneté, l’engagement politique, etc., se sont normalisées depuis. les débats n’ont jamais cessé, les compréhensions se sont approfondies et les projets concrets se sont multipliés au gré d’initiatives originales et diverses. L’« islam occidental » est en marche et accomplit une vraie révolution intellectuelle, avec un dynamisme intellectuel impressionnant.
On trouvera également dans ces pages une sorte de « feuille de route » relative aux domaines où un engagement important est attendu. L’éducation, bien sûr, est prioritaire avec l’exigence, tant dans les contenus que dans les institutions, d’éviter l’approche binaire et la polarisation : « nous », avec nos valeurs, nos programmes, nos écoles, par opposition à « eux ». Le sentiment d’appartenance à la société et à la nation ne peut se nourrir à partir de telles dispositions psychologiques et institutionnelles.
L’apprentissage à la citoyenneté exige également de dépasser le registre des droits à obtenir pour développer une « éthique de la citoyenneté » qui permette à l’individu de défendre des valeurs, d’être conscient de ses responsabilités et de comprendre qu’il n’est plus question de « s’intégrer », mais de contribuer et de se penser comme une valeur ajoutée pour l’avenir des sociétés occidentales. La seule vraie question n’est plus de savoir quelle est l’origine de chacun, mais quel est l’avenir commun. Les musulmans ont la responsabilité historique de devenir des « sujets de leur histoire », engagés et proactifs, porteurs de projets sociaux, économiques et politiques innovateurs et animés d’une créativité culturelle et artistique renouvelée, enrichie, assumée.
Les politiques occidentaux, les médias et leurs concitoyens ne sont pas en reste. les responsabilités sont partagées. Construire les sociétés occidentales de demain avec les musulmans – car désormais l’islam est une religion occidentale – exige une vision ouverte. Quatre exigences s’imposent à tous : 1) considérer le temps historique long, avec les évolutions et les renouveaux réels de la pensée islamique en Occident (comme dans le monde) ; 2) cesser d’essentialiser l’islam sans prendre en compte la diversité des courants ; 3) identifier ce qui relève du religieux et de l’islam et ce qui est lié aux problèmes socioéconomiques (injustice sociale, discrimination, racisme structurel, etc.) ; 4) refuser la tentation de la politique émotionnelle fondée sur la peur et le rejet, exploitée in fine par l’extrême droite et les populistes de tous bords.
Dans ce livre, j’appelle d’ailleurs les Occidentaux musulmans à assumer le « troisième âge » de leur présence institutionnelle en Occident et à s’engager, avec leur concitoyens, autour de projets qui dépassent la seule référence islamique. Au-delà des « associations islamiques », on doit voir des citoyens musulmans engagés dans tous les enjeux de leur époque : éducation, égalité femme-homme, environnement, racisme, migrations, dette, rapports Nord-Sud, etc. Les musulmans sont invités à moins parler d’islam et à devenir, par leur engagement au service de tous, les témoins de valeurs universelles partagées. Par-là même, leurs concitoyens sont invités à cesser de les assigner à cette seule identité : « musulmans »... trop « musulmans » pour être « des nôtres ».
Cet ouvrage est devenu un texte de référence dans de nombreuses langues et de nombreux pays européens (à l’ouest comme à l’est), en Australie, au Canada et notamment aux États-Unis, où il est enseigné dans de nombreuses universités. En langue française, son destin a été particulier. lu par les musulmans, il a été souvent ignoré par les politiques, les médias et un pan entier des sociétés française, belge, suisse et québécoise. Il est cocasse de voir aujourd’hui des interlocuteurs trouver « nouvelles et très originales » certaines de mes thèses et approches, alors qu’elles ont été développées en détail depuis près de vingt ans.
Il ne faut pas désespérer pour autant. les pages qui suivent établissent un état des lieux et des priorités qui sont plus que jamais à l’ordre du jour, du fait même que l’atmosphère générale et la perception de l’islam se sont beaucoup détériorées. chacun doit prendre ses responsabilités, mais c’est ensemble qu’il faut travailler, avec humilité comme avec ambition. notre avenir commun est entre nos mains. si nous continuons à entretenir le sentiment victimaire vis-à-vis de « l’autre » (« l’Occident » qui ne nous aime pas, « le musulman » qui nous menace), chacun ne pourra s’en prendre qu’à soi-même. Il est des moments de l’histoire où l’on se distingue en naviguant à contre-courant. Quand la peur aveugle et les replis identitaires se normalisent, il faut avoir le courage de la conscience, de la lucidité, de l’ouverture. La confiance en cette fraternité humaine est la voie de notre salut. Ce livre fait le pari de cette confiance et de ce courage.
Ce livre a eu plusieurs vies. Lors de sa première publication, son contenu se trouvait entre deux horizons. Écrit avant les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis, il était publié aussitôt après. En français comme en anglais, l’ouvrage donnait l’impression d’être une réponse aux questions soulevées par l’expression de la violence terroriste : comment comprendre l’islam ? comment « intégrer » les musulmans dans les sociétés occidentales ? enfin, comment gérer la diversité dans les communautés musulmanes et notamment les tendances les plus violentes ? Il fut d’ailleurs très vite traduit en une dizaine de langues, dont l’arabe et l’urdu, et ses thèses furent souvent discutées à la lumière des « événements » de New York, Madrid, Bali ou Londres.
Ce livre, pourtant, ne traite pas de questions liées à l’actualité. Il est une réflexion sur le long terme quant à l’avenir de l’islam et des musulmans en Occident. Dès le titre, il établit un changement radical de perspective : les musulmans en Occident sont désormais des « Occidentaux musulmans », européens, américains, australiens, etc. Ils ne sont plus dans des sociétés ou des univers de référence qui leur sont étrangers car les musulmans appartiennent historiquement, culturellement, linguistiquement et désormais psychologiquement à ces sociétés. De l’altérité des immigrés d’hier, nous sommes passés à l’appartenance des citoyens d’aujourd’hui.
À la lumière de cette expérience historique, il fallait donc faire un double travail. D’abord discuter le cadre théorique : comment comprendre les sources scripturaires islamiques (Coran, traditions prophétiques), comment définir les mots (sharî’a, shahâda, jihâd, etc.), comment parler de l’universel, de la conception de l’homme et des valeurs, comment appréhender les nouvelles sociétés en tant qu’espace d’appartenance et en relation avec les questions d’identité ?
La première partie de cet ouvrage aborde directement ces questions. Ensuite, il importait d’aborder les défis sur un plan historique long, mais de façon concrète et pratique. La deuxième moitié de l’ouvrage s’intéresse donc aux questions liées à l’éducation, à la citoyenneté, à la participation sociale, politique et économique, comme à la culture et au dialogue interreligieux.
Un cadre général est proposé qui ne veut justement s’intéresser qu’au temps long de l’Histoire, laquelle est appréhendée à travers les évolutions d’une génération à l’autre, en évitant le piège d’un traitement par le prisme de l’actualité. Car, depuis près de quinze ans, attentats tragiques et controverses médiatiques n’ont pas cessé en Occident. D’opérations spectaculaires en tensions sociales, des débats sur les signes visibles (« foulards islamiques » ou minarets) aux questions de l’« intégration », des « valeurs occidentales » à la viande halâl, la « question de l’islam » est devenue omniprésente en Occident et souvent de la plus négative des façons. La vie de ce livre a accompagné la dégradation de la perception de l’islam, la montée d’une nouvelle xénophobie antimusulmane – l’islamophobie –, ainsi qu’une multiplication des « affaires » ou des conflits faisant de l’islam la religion « de l’autre » et des musulmans le miroir de l’altérité. C’est très exactement l’opposé de la thèse centrale du présent ouvrage, lequel veut prévenir contre le danger d’une gestion au gré des crises et du calendrier électoral, gestion qui amplifie l’impact des slogans populistes en alimentant la peur et la stigmatisation.
Deuxième vie pour ce livre, donc. car les thèses qu’il défend non seulement sont « d’actualité », mais nous apparaissent comme impératives pour répondre aux défis de l’époque. D’abord, il est question d’un appel exigeant aux musulmans eux-mêmes, afin qu’ils prennent leurs responsabilités. La compréhension des sources scripturaires, la maîtrise de la terminologie, l’acceptation de la diversité des interprétations (au-delà du littéralisme formaliste et de la terreur) et le renouveau dans l’intelligence des textes sont des prérequis à la réussite d’une installation définitive en Occident. Il ne s’agit pas de changer les textes ou de « réformer l’islam », mais de « réformer l’intelligence musulmane » pour accéder à une compréhension renouvelée des textes. La fidélité aux sources scripturaires et à l’esprit de l’islam sont au prix de cette permanente évolution et de cette réévaluation intellectuelles.
Au demeurant, depuis deux générations, cette évolution est mesurable. Sur de nombreux sujets, de nouvelles réponses légales et « théologiques » ont été apportées. Certaines propositions de ce livre, qui apparaissaient alors comme nouvelles, audacieuses, voire juridiquement (fiqh) dangereuses sur l’Occident, la citoyenneté, l’engagement politique, etc., se sont normalisées depuis. les débats n’ont jamais cessé, les compréhensions se sont approfondies et les projets concrets se sont multipliés au gré d’initiatives originales et diverses. L’« islam occidental » est en marche et accomplit une vraie révolution intellectuelle, avec un dynamisme intellectuel impressionnant.
On trouvera également dans ces pages une sorte de « feuille de route » relative aux domaines où un engagement important est attendu. L’éducation, bien sûr, est prioritaire avec l’exigence, tant dans les contenus que dans les institutions, d’éviter l’approche binaire et la polarisation : « nous », avec nos valeurs, nos programmes, nos écoles, par opposition à « eux ». Le sentiment d’appartenance à la société et à la nation ne peut se nourrir à partir de telles dispositions psychologiques et institutionnelles.
L’apprentissage à la citoyenneté exige également de dépasser le registre des droits à obtenir pour développer une « éthique de la citoyenneté » qui permette à l’individu de défendre des valeurs, d’être conscient de ses responsabilités et de comprendre qu’il n’est plus question de « s’intégrer », mais de contribuer et de se penser comme une valeur ajoutée pour l’avenir des sociétés occidentales. La seule vraie question n’est plus de savoir quelle est l’origine de chacun, mais quel est l’avenir commun. Les musulmans ont la responsabilité historique de devenir des « sujets de leur histoire », engagés et proactifs, porteurs de projets sociaux, économiques et politiques innovateurs et animés d’une créativité culturelle et artistique renouvelée, enrichie, assumée.
Les politiques occidentaux, les médias et leurs concitoyens ne sont pas en reste. les responsabilités sont partagées. Construire les sociétés occidentales de demain avec les musulmans – car désormais l’islam est une religion occidentale – exige une vision ouverte. Quatre exigences s’imposent à tous : 1) considérer le temps historique long, avec les évolutions et les renouveaux réels de la pensée islamique en Occident (comme dans le monde) ; 2) cesser d’essentialiser l’islam sans prendre en compte la diversité des courants ; 3) identifier ce qui relève du religieux et de l’islam et ce qui est lié aux problèmes socioéconomiques (injustice sociale, discrimination, racisme structurel, etc.) ; 4) refuser la tentation de la politique émotionnelle fondée sur la peur et le rejet, exploitée in fine par l’extrême droite et les populistes de tous bords.
Dans ce livre, j’appelle d’ailleurs les Occidentaux musulmans à assumer le « troisième âge » de leur présence institutionnelle en Occident et à s’engager, avec leur concitoyens, autour de projets qui dépassent la seule référence islamique. Au-delà des « associations islamiques », on doit voir des citoyens musulmans engagés dans tous les enjeux de leur époque : éducation, égalité femme-homme, environnement, racisme, migrations, dette, rapports Nord-Sud, etc. Les musulmans sont invités à moins parler d’islam et à devenir, par leur engagement au service de tous, les témoins de valeurs universelles partagées. Par-là même, leurs concitoyens sont invités à cesser de les assigner à cette seule identité : « musulmans »... trop « musulmans » pour être « des nôtres ».
Cet ouvrage est devenu un texte de référence dans de nombreuses langues et de nombreux pays européens (à l’ouest comme à l’est), en Australie, au Canada et notamment aux États-Unis, où il est enseigné dans de nombreuses universités. En langue française, son destin a été particulier. lu par les musulmans, il a été souvent ignoré par les politiques, les médias et un pan entier des sociétés française, belge, suisse et québécoise. Il est cocasse de voir aujourd’hui des interlocuteurs trouver « nouvelles et très originales » certaines de mes thèses et approches, alors qu’elles ont été développées en détail depuis près de vingt ans.
Il ne faut pas désespérer pour autant. les pages qui suivent établissent un état des lieux et des priorités qui sont plus que jamais à l’ordre du jour, du fait même que l’atmosphère générale et la perception de l’islam se sont beaucoup détériorées. chacun doit prendre ses responsabilités, mais c’est ensemble qu’il faut travailler, avec humilité comme avec ambition. notre avenir commun est entre nos mains. si nous continuons à entretenir le sentiment victimaire vis-à-vis de « l’autre » (« l’Occident » qui ne nous aime pas, « le musulman » qui nous menace), chacun ne pourra s’en prendre qu’à soi-même. Il est des moments de l’histoire où l’on se distingue en naviguant à contre-courant. Quand la peur aveugle et les replis identitaires se normalisent, il faut avoir le courage de la conscience, de la lucidité, de l’ouverture. La confiance en cette fraternité humaine est la voie de notre salut. Ce livre fait le pari de cette confiance et de ce courage.
Tariq Ramadan, Être occidental et musulman aujourd’hui, Ed. Presses du Chatelêt, septembre 2015, 240 p., 20,99 €.
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