Le grand vainqueur des élections européennes est incontestablement le Rassemblement national. Les citoyens musulmans ont-ils pu contribuer au succès électoral de l’extrême droite ? Pour le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, qui a appelé ses coreligionnaires à faire barrage au RN au lendemain de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, « il apparaît que la proportion de musulmans ayant voté pour le Front National n'est guère éloignée de la moyenne nationale ».
« Ce phénomène confirme ce que je ne cesse de marteler depuis des mois : les Français musulmans sont avant tout des citoyens français, sensibles aux mêmes enjeux sociaux, économiques et politiques que leurs compatriotes », a-t-il jugé, en forgeant cet avis « à travers (ses) quelques contacts et observations ». Mais est-ce franchement suffisant ? Tout porte à croire que ledit « phénomène » est largement surévalué par le recteur de la Grande Mosquée de Paris.
Selon une étude Ifop pour La Croix, le RN a obtenu 6 % des voix des Français musulmans aux élections européennes. La performance du parti présidé par Jordan Bardella tient du fait qu'il parvient à faire jeu égal avec Renaissance (6 %), signe d’une lourde défiance des musulmans envers le parti présidentiel. A noter que la défiance est généralisée : la liste de Valérie Hayer n'a remporté que 14,5 % des voix, lui faisant perdre dix sièges au Parlement européen par rapport à 2019.
L’électorat musulman demeure largement ancré à gauche. Loin devant la liste socialiste emmenée par Raphaël Glucksmann (8 %), celle de La France Insoumise (LFI) a recueilli 32 % des suffrages. Un vote qui s'inscrit dans la continuité d'une tendance déjà observée lors de la présidentielle de 2022. Aujourd'hui plus qu'hier, c’est en effet le parti qui est perçu par une majorité de citoyens musulmans comme étant le plus en empathie avec cette frange de la population, régulièrement désignée comme un bouc émissaire des maux de notre société dans les débats politiques.
Le taux d'abstention reste encore toutefois trop important du côté des musulmans : il s'élève à 59 %, soit 10 % de plus que parmi l'ensemble des électeurs inscrits, note l'étude.
« Ce phénomène confirme ce que je ne cesse de marteler depuis des mois : les Français musulmans sont avant tout des citoyens français, sensibles aux mêmes enjeux sociaux, économiques et politiques que leurs compatriotes », a-t-il jugé, en forgeant cet avis « à travers (ses) quelques contacts et observations ». Mais est-ce franchement suffisant ? Tout porte à croire que ledit « phénomène » est largement surévalué par le recteur de la Grande Mosquée de Paris.
Selon une étude Ifop pour La Croix, le RN a obtenu 6 % des voix des Français musulmans aux élections européennes. La performance du parti présidé par Jordan Bardella tient du fait qu'il parvient à faire jeu égal avec Renaissance (6 %), signe d’une lourde défiance des musulmans envers le parti présidentiel. A noter que la défiance est généralisée : la liste de Valérie Hayer n'a remporté que 14,5 % des voix, lui faisant perdre dix sièges au Parlement européen par rapport à 2019.
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Le taux d'abstention reste encore toutefois trop important du côté des musulmans : il s'élève à 59 %, soit 10 % de plus que parmi l'ensemble des électeurs inscrits, note l'étude.
Quels sujets préoccupent les Français musulmans ?
Le vote des électeurs musulmans a été particulièrement motivé par la situation dramatique secouant la bande de Gaza (83 %), contre seulement 25 % de l’ensemble de la population. Les Insoumis ayant fait figurer le sujet en bonne place de la campagne des européennes, de nombreux Français musulmans n’ont pas tergiversé longtemps sur le choix à faire.
Après la guerre à Gaza, la santé apparaît comme une préoccupation majeure des électeurs musulmans (79 %). Ces derniers rejoignent ainsi l’ensemble des Français (66 %) sur cet enjeu, mais pas sur la lutte contre le racisme et les discriminations. Les musulmans, pour 78 % d’entre eux, jugent cette question déterminante, contre 41 % de la population. Figurent ensuite les questions du relèvement des salaires et du pouvoir d’achat (76 %), de l’éducation et de la lutte contre la délinquance (73 % pour les deux), de la politique étrangère (71 %) et de la lutte contre le chômage (65 %).
Sauf surprise, LFI devrait de nouveau remporter l'adhésion d'une majorité des électeurs musulmans lors des élections législatives. L'enjeu sera surtout d'amener les abstentionnistes vers le chemin des urnes. Le premier tour est prévu le dimanche 30 juin, le second le 7 juillet. Un accord de principe pour le nouveau Front populaire sur la répartition des circonscriptions a été acté : 229 pour les insoumis, 175 pour les socialistes, 92 pour les écologistes et 50 pour les communistes.
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