La polémique enfle à Nice. Le carré musulman du cimetière de l’Est est au centre d’une affaire peu banale qui préoccupe grandement les familles des défunts enterrés.
Alertées par de simples affiches indiquant l’exhumation prochaine de plusieurs corps par les services de la ville, une quarantaine de personnes ont manifesté leurs inquiétudes le 18 décembre au cimetière. Avec l'aide du conseiller municipal socialiste Abderrazak Fetnan, elles ont fondé le collectif « Touchez pas à nos tombes ! », afin de mettre toute la lumière sur cette affaire. Parmi elles figurent Aïcha A., porte-parole du collectif, qui a un oncle enterré depuis 35 ans au cimetière niçois.
La polémique est née lorsqu’une famille, en allant se recueillir sur une tombe en décembre, a découvert « une affiche de la mairie dans laquelle il est dit que le corps va être exhumé et qu’il fallait prendre ses dispositions dans les plus brefs délais. Elle est allée voir le gardien du cimetière, qui lui a alors déclaré que les exhumations allaient se faire » au cours du mois, raconte-Aïcha A. La même réponse lui a aussi été donnée par les services municipaux, selon la porte-parole du collectif.
Ce sont ainsi quatre familles qui ont, « dans la précipitation, le chagrin et la peine », fait appel à des sociétés privées pour exhumer le corps de leurs proches « soit pour les déplacer un peu plus loin dans le carré musulman, soit pour les rapatrier dans les pays d’origine », explique-t-elle.
« Informer » les familles par une simple affiche sur les tombes : un procédé qui met les concernées en colère puisque la plupart affirment n’avoir reçu aucun courrier de la mairie. « Nous ne lui reprochons pas de vouloir récupérer le terrain mais ce qui nous a choqués, c’est le manque de communication. Pourquoi ne pas avoir prévenu les familles ? Certes, il y a eu des affiches mais on ne monte pas au cimetière comme on va à la boulangerie tous les jours acheter notre pain. Les familles y vont se recueillir deux ou trois fois par an généralement, l’affichage ne sert pas à grand-chose. C'est seulement le bouche-à-oreille qui a bien fonctionné ici », déclare Aicha.
Alertées par de simples affiches indiquant l’exhumation prochaine de plusieurs corps par les services de la ville, une quarantaine de personnes ont manifesté leurs inquiétudes le 18 décembre au cimetière. Avec l'aide du conseiller municipal socialiste Abderrazak Fetnan, elles ont fondé le collectif « Touchez pas à nos tombes ! », afin de mettre toute la lumière sur cette affaire. Parmi elles figurent Aïcha A., porte-parole du collectif, qui a un oncle enterré depuis 35 ans au cimetière niçois.
La polémique est née lorsqu’une famille, en allant se recueillir sur une tombe en décembre, a découvert « une affiche de la mairie dans laquelle il est dit que le corps va être exhumé et qu’il fallait prendre ses dispositions dans les plus brefs délais. Elle est allée voir le gardien du cimetière, qui lui a alors déclaré que les exhumations allaient se faire » au cours du mois, raconte-Aïcha A. La même réponse lui a aussi été donnée par les services municipaux, selon la porte-parole du collectif.
Ce sont ainsi quatre familles qui ont, « dans la précipitation, le chagrin et la peine », fait appel à des sociétés privées pour exhumer le corps de leurs proches « soit pour les déplacer un peu plus loin dans le carré musulman, soit pour les rapatrier dans les pays d’origine », explique-t-elle.
« Informer » les familles par une simple affiche sur les tombes : un procédé qui met les concernées en colère puisque la plupart affirment n’avoir reçu aucun courrier de la mairie. « Nous ne lui reprochons pas de vouloir récupérer le terrain mais ce qui nous a choqués, c’est le manque de communication. Pourquoi ne pas avoir prévenu les familles ? Certes, il y a eu des affiches mais on ne monte pas au cimetière comme on va à la boulangerie tous les jours acheter notre pain. Les familles y vont se recueillir deux ou trois fois par an généralement, l’affichage ne sert pas à grand-chose. C'est seulement le bouche-à-oreille qui a bien fonctionné ici », déclare Aicha.
La mairie porte plainte…
Face à cette polémique qui a pris de l'ampleur, la mairie de Nice est montée au créneau au lendemain du rassemblement. Car selon les premières rumeurs, les services de la ville auraient déjà procédé à des exhumations.
Lors d'une conférence de presse expresse, son maire UMP Christian Estrosi a annoncé sa décision de porter plainte pour « diffamation » contre M. Fetnan pour son communiqué « mensonger » et a tenu à dénoncer « une opération politicienne d'un élu d'opposition ». « Je n'accepte pas qu'on essaie de semer le trouble dans quelque communauté que ce soit et notamment au sein de la communauté musulmane », a-t-il alors déclaré.
Contacté par Saphirnews, M. Fetnan se refuse à tout commentaire et préfère laisser les familles s’exprimer le sujet. Une chose est sûre pour Aïcha : « Nous n’avons jamais dit que la mairie avait pratiqué des exhumations. Mais si la première famille n’était pas allée au cimetière et n’avait pas vu l’affiche, je suis sûre que les tombes auraient été exhumées sans que les proches le sachent. A l’ère de la communication, la mairie dispose de plein de moyens pour nous informer ! »
Lors d'une conférence de presse expresse, son maire UMP Christian Estrosi a annoncé sa décision de porter plainte pour « diffamation » contre M. Fetnan pour son communiqué « mensonger » et a tenu à dénoncer « une opération politicienne d'un élu d'opposition ». « Je n'accepte pas qu'on essaie de semer le trouble dans quelque communauté que ce soit et notamment au sein de la communauté musulmane », a-t-il alors déclaré.
Contacté par Saphirnews, M. Fetnan se refuse à tout commentaire et préfère laisser les familles s’exprimer le sujet. Une chose est sûre pour Aïcha : « Nous n’avons jamais dit que la mairie avait pratiqué des exhumations. Mais si la première famille n’était pas allée au cimetière et n’avait pas vu l’affiche, je suis sûre que les tombes auraient été exhumées sans que les proches le sachent. A l’ère de la communication, la mairie dispose de plein de moyens pour nous informer ! »
… mais les familles attendent des explications
Le maire de Nice (au centre) aux côté de M. Bekri (à g.) et de M. Vérola.
Comme l'a affirmé Auguste Vérola, adjoint au maire chargé des cultes, aucune exhumation n'a été réalisée par les services de la ville et les familles dont les concessions funéraires sont arrivées à échéance ont reçu « deux courriers recommandés avec accusé de réception » −trois même, selon M. Vérola −, a déclaré M. Estrosi, qui se dit prêt à remettre ces documents à disposition de la justice.
Aïcha est avide d’avoir les preuves des envois. « Pour expliquer la présence de l’affiche, la mairie affirme qu’elle n’avait pas nos coordonnées. Or mon père, qui s’était chargé de l’enterrement de son frère il y a 35 ans, habite à la même adresse depuis 45 ans. De plus, il y a un énorme quiproquo car on nous a dit par le passé que le terrain était gratuit et ce ne serait plus le cas aujourd’hui. On attend des explications. »
Pour le moment, aucune mise en demeure n'a été signifiée selon le maire et, « à ce stade, seul un affichage sur les tombes a été effectué », qui n’avait « pas de caractère d'urgence ». « M. Vérola a fait volte-face : quand il a entendu que des familles ont exhumé leurs défunts dans la précipitation, il a déclaré que ce n’était pas pressé. Mais les affiches indiquent que les exhumations doivent être faites au plus vite », insiste Aïcha.
Le collectif demande désormais à ce que les familles soient reçues dans les plus brefs délais par le maire pour s’expliquer mais également pour geler les exhumations, le temps qu'elles puissent prendre leurs dispositions, « et si possible, des excuses publiques » en raison des manquements constatés. « Le dialogue n’est pas encore entamé avec les familles mais nous allons faire la démarche », conclut Aïcha.
Aïcha est avide d’avoir les preuves des envois. « Pour expliquer la présence de l’affiche, la mairie affirme qu’elle n’avait pas nos coordonnées. Or mon père, qui s’était chargé de l’enterrement de son frère il y a 35 ans, habite à la même adresse depuis 45 ans. De plus, il y a un énorme quiproquo car on nous a dit par le passé que le terrain était gratuit et ce ne serait plus le cas aujourd’hui. On attend des explications. »
Pour le moment, aucune mise en demeure n'a été signifiée selon le maire et, « à ce stade, seul un affichage sur les tombes a été effectué », qui n’avait « pas de caractère d'urgence ». « M. Vérola a fait volte-face : quand il a entendu que des familles ont exhumé leurs défunts dans la précipitation, il a déclaré que ce n’était pas pressé. Mais les affiches indiquent que les exhumations doivent être faites au plus vite », insiste Aïcha.
Le collectif demande désormais à ce que les familles soient reçues dans les plus brefs délais par le maire pour s’expliquer mais également pour geler les exhumations, le temps qu'elles puissent prendre leurs dispositions, « et si possible, des excuses publiques » en raison des manquements constatés. « Le dialogue n’est pas encore entamé avec les familles mais nous allons faire la démarche », conclut Aïcha.
Le CRCM se pose en intermédiaire
De son côté, Boubekeur Bekri, vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM) PACA, appelle au dialogue. « Il ne faut pas que la mort serve de manipulation d’un côté comme de l’autre. Si nous notons une irrégularité de part et d’autre, nous monterons au créneau car nous sommes là pour servir les intérêts des musulmans », nous déclare-t-il.
Avec cette affaire, une réalité se dévoile : le carré musulman devient trop petit. Pour répondre au manque de place, la construction d’un ossuaire musulman va être réalisée par la mairie, « en concertation avec le CRCM ».
L’ossuaire n’est pourtant pas préconisé en islam. M. Bekri s’explique : « Nous ne disons pas que nous sommes pour l’ossuaire (qui n’est pas une fosse commune, ndlr), il n’est pas inscrit dans l’histoire de l’inhumation musulmane. Mais il représente, pour certaines familles qui doivent faire face à des exhumations, décidées par la seule mairie, un moindre mal » car, selon la législation française, les exhumations peuvent être suivies de crémations si les familles ne se manifestent pas. « Or elle est totalement interdite en islam. Dans ce cas, les corps des exhumés sont placés dans un cercueil de plus petites dimensions et sont placés au fond de l’ossuaire » pour éviter les incinérations, indique M. Bekri, précisant au passage que ce sont non pas les CRCM qui gèrent les carrés musulmans de France mais les collectivités territoriales.
Le dialogue entre le collectif et le CRCM n'est pas encore enclenché mais le délégué du CRCM se dit prêt à accueillir les familles qui le souhaitent pour les aider dans leurs démarches. Il rappelle qu'une permanence est ainsi ouverte les samedis et dimanches matin au 143, boulevard de l’Ariane, à Nice.
Avec cette affaire, une réalité se dévoile : le carré musulman devient trop petit. Pour répondre au manque de place, la construction d’un ossuaire musulman va être réalisée par la mairie, « en concertation avec le CRCM ».
L’ossuaire n’est pourtant pas préconisé en islam. M. Bekri s’explique : « Nous ne disons pas que nous sommes pour l’ossuaire (qui n’est pas une fosse commune, ndlr), il n’est pas inscrit dans l’histoire de l’inhumation musulmane. Mais il représente, pour certaines familles qui doivent faire face à des exhumations, décidées par la seule mairie, un moindre mal » car, selon la législation française, les exhumations peuvent être suivies de crémations si les familles ne se manifestent pas. « Or elle est totalement interdite en islam. Dans ce cas, les corps des exhumés sont placés dans un cercueil de plus petites dimensions et sont placés au fond de l’ossuaire » pour éviter les incinérations, indique M. Bekri, précisant au passage que ce sont non pas les CRCM qui gèrent les carrés musulmans de France mais les collectivités territoriales.
Le dialogue entre le collectif et le CRCM n'est pas encore enclenché mais le délégué du CRCM se dit prêt à accueillir les familles qui le souhaitent pour les aider dans leurs démarches. Il rappelle qu'une permanence est ainsi ouverte les samedis et dimanches matin au 143, boulevard de l’Ariane, à Nice.
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