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Expulsée d'Israël, Elsa Lefort réclame le droit d'accoucher à Jérusalem

Rédigé par Samba Doucouré | Vendredi 12 Février 2016 à 08:00

Enceinte, Elsa Lefort a été expulsée d'Israël le 5 janvier dernier. Depuis, cette jeune Française tente désespérément d'obtenir un visa pour rejoindre son époux Salah Hamouri à Jérusalem afin d'y mettre au monde son enfant. Une mobilisation citoyenne est lancée dans l'espoir que le Quai d'Orsay fasse pression sur les autorités israéliennes.



Expulsée par Israël, Elsa Lefort réclame le droit d'accoucher à Jérusalem
Elsa Lefort est la compagne de Salah Hamouri, un Franco-Palestinien détenu pendant sept ans par les autorités israéliennes sur dénonciation anonyme. Il avait été accusé en 2005 d'avoir comploté contre le rabbin Ovadia Yossef, qui fut alors le dirigeant spirituel du parti ultra-orthodoxe Shass. Depuis 2014, Elsa Lefort, fille de l'ancien député Jean-Claude Lefort, lui-même président honoraire de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), vit avec son époux à Jérusalem où elle est travaille à l’Institut français du Proche-Orient.

Fin décembre 2015, Elsa Lefort s’est rendue en France pour y passer les fêtes avec sa famille. À son retour en Israël le 5 janvier, elle est arrêtée à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, avant d'être détenue pendant deux jours puis expulsée vers l’Hexagone. Les autorités israéliennes ont contesté la validité du « visa de service » dont elle a bénéficié en tant que membre d’une organisation consulaire pour se rendre en France, pour des « raisons de sécurité ». Un motif très fréquemment présenté par Israël pour interdire l'entrée sur son territoire à toute personne jugée indésirable à ses yeux.

Le Quai d'Orsay interpellé à l'Assemblée nationale

Enceinte de huit mois, Elsa Lefort souhaite mettre au monde son enfant dans la ville sainte afin que le nouveau-né puisse être Jérusalémite et jouir du statut de résident au même titre que son père.

Le temps presse : à partir du dimanche 14 février, le statut avancée de sa grossesse ne lui permettra plus de prendre l’avion. Mardi 9 février, lors de la séance des questions au gouvernement, le député Front de gauche François Asensi a interpellé Harlem Désir, secrétaire d'État aux Affaires européennes, concernant la situation d’Elsa Lefort. « Au-delà de son cas personnel, c’est la France qui est atteinte par ce camouflet », a estimé le député, ajoutant qu’« empêcher leur enfant de naître à Jérusalem est une manière inacceptable de les contraindre à quitter cette ville ».

« Je déplore comme vous et de nombreux parlementaires qui ont saisi le ministère des Affaires étrangères, le refus de la part des autorités israéliennes de lui octroyer un "visa épouse". (…) Nous avons donc demandé et nous continuons de demander sans relâche aux autorités israéliennes de revenir sur leur décision », a répondu le secrétaire d'État. Elsa Lefort attend toujours qu'une solution concrète puisse être rapidement mise en oeuvre.

Conjointement au Parti communiste, au Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), l’AFPS appelle à un rassemblement vendredi 12 février à 18h30 devant le ministère des Affaires étrangères, dont le chef de la diplomatie vient tout juste d'être remplacé.

« À Jérusalem, ville annexée contre le droit international, Israël mène une politique de discrimination systématique à l’encontre des Palestiniens, avec l'objectif de changer la démographie de la ville. Nous sommes face à un problème politique. Les autorités françaises et le ministre des Affaires étrangères doivent prendre leurs responsabilités et aider cette Française à rejoindre son mari pour qu’ils puissent vivre et circuler librement tous les trois, avec leur enfant, à Jérusalem », déclarent les soutiens dans un communiqué.

Depuis le 18 janvier, une pétition en ligne est lancée par Salah Hamouri pour exiger que son futur enfant puisse bénéficier de ses droits de Jérusalemite. Elle a recueilli à ce jour près de 11 000 signatures.

Mise à jour lundi 15 février : Elsa Lefort n'a pas obtenu le droit de prendre l'avion pour rejoindre son époux à Jérusalem. Elle appelle toujours à la levée de son interdiction d'entrée en Israël.

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