Politique

Face à l'antisémitisme, Emmanuel Macron s'oppose à une pénalisation de l'antisionisme

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 20 Février 2019 à 08:30



Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que le député LREM Sylvain Maillard, qui souhaitait proposer avec le groupe d’étude parlementaire sur l’antisémitisme un projet de pénalisation de l’antisionisme, ait un retour du chef de l'Etat sur la delicate question.*

Emmanuel Macron, qui avait confondu antisionisme et antisémitisme une fois publiquement en 2017, a, cette fois, aussitôt recadré le débat, mardi 19 février. « Je ne pense pas que pénaliser l’antisionisme soit une bonne solution », a plaidé le président de la République, en marge d’une conférence conjointe donnée par Emmanuel Macron et son homologue géorgienne Salomé Zourabichvili.

Estimant que « ceux qui aujourd’hui dans le discours veulent la disparition d’Israël sont ceux qui veulent s’attaquer aux juifs », Emmanuel Macron a soulevé que, « dans le détail, la condamnation pénale de l’antisionisme pose d’autres problèmes ». C’est en sens qu’il a suggéré de « faire république, c’est-à-dire (…) éduquer, former » au lieu d'adopter une loi instituant l'antisionisme en délit.

Mise à jour jeudi 21 février : Au dîner du CRIF, Macron en marche pour intégrer l’antisionisme dans la définition de l’antisémitisme

« Il n’y a pas de vide juridique »

S’étant également exprimé sur la question, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, qui a accompagné le président lors de sa visite du Mémorial de la Shoah de Paris, mardi 19 février, s’est dit contre la pénalisation de l’antisionisme. « Je suis réservé, j’appelle à la prudence et surtout à la réflexion très approfondie avant de faire des annonces intempestives », a-t-il déclaré sur BFMTV. Il a déploré les intentions de certains députés à « témoigner par la loi » leurs ressentis personnels et a soulevé la « tendance fâcheuse » de la France à promulguer une loi à chaque nouveau problème.

De son côté, Nicole Belloubet, ministre de la Justice, a soutenu a l'AFP qu’« il n’y a pas de vide juridique » nécessitant la création d’une nouvelle loi sur cette problématique en France. Un point de vue partagé par Laurent Vichnievsky, ancienne magistrate et vice-présidente de la commission de loi de l’Assemblée, qui a déclaré sur Twitter que « c’est au juge, et non au législateur, de faire ressortir au cas par cas l’intention raciste ».

Sur le plateau de France Inter, l’ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a souligné que, « pénaliser l’antisionisme, c’est s’attaquer à une opinion » et que sa considération comme un délit « pourrait bien s’avérer anticonstitutionnel ».

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