Sur le vif

Face à la purge, la Turquie appelée à respecter l’Etat de droit

Rédigé par Saphirnews | Lundi 18 Juillet 2016 à 16:35



Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est rendu à la rencontre mensuelle des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à Bruxelles lundi 18 juillet. La situation de la Turquie a été abordée, deux jours après le coup d’Etat manqué.

Tandis que quelque 8 000 fonctionnaires sont actuellement en garde à vue, dont 7 500 militaires et magistrats, et que le président Recep Tayyip Erdogan a évoqué le possible rétablissement de la peine de mort, ils ont d’une seule voix appelé au respect de l’Etat de droit.

Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement allemand, a déclaré, lors d’un point presse, que « l'introduction de la peine de mort en Turquie signifierait en conséquence la fin des négociations d'adhésion à l'Union européenne ».

L’exécutif turc cible la fonction publique qu’il juge en partie responsable de putsch avorté. Près de 9 000 fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont été suspendus de leurs fonctions. Une purge qui n’a pas manqué de faire réagir Johannes Hahn, commissaire européen à l’Elargissement, qui explique qu’« on a au moins l'impression que quelque chose avait été préparé. Les listes sont disponibles, ce qui laisse penser que cela était préparé pour servir à un moment ou un autre ». « Je suis très préoccupé. C'est exactement ce que nous redoutions », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, dans le Journal officiel turc, on peut lire, lundi 18 juillet, que les congés annuels des 3 millions de fonctionnaires turcs ont été annulés jusqu’à nouvel ordre sur décision du Premier ministre Binali Yildirim. Ils ont tous été invités à « regagner leur poste dans les plus brefs délais ».

Le gouvernement turc continue d'accuser Fethullah Gülen et ses partisans d'être derrière le coup d'Etat et réclame l'extradition de l'ennemi juré de Recep Tayyip Erdogan. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a fait savoir qu’« une demande d’extradition officielle est requise » et que « la requête d’extradition doit également comporter des preuves et non pas des accusations».

Le bilan humain fait état de 208 personnes tuées – des « martyrs » selon le vocabulaire officiel turc – lors des affrontements intervenus dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 juillet.*

Mise à jour mercredi 20 juillet : Le dernier bilan humain s'établit à 308 morts, dont 100 rebelles. La purge a aussi été étendue à l'enseignement et à l'audiovisuel. Ainsi, 15 200 employés du ministère de l'Education ont été suspendus. Près de 500 employés de la Présidence des Affaires religieuses (Diyanet) ont été limogés. 24 chaînes de télévision et radio et 34 journalistes jugés proches de Fethullah Gülan ont été privés de droits de diffusion et de cartes de presse. Au moins 25 000 personnes ont été suspendues ou limogés.

Lire aussi :
Comment la Turquie d’Erdogan a évité un scénario à l’égyptienne