Politique

Fadela El Miri (NPA, Bouches-du-Rhône) : « Défendre l’emploi et les transports »

Régionales 2010

Rédigé par Catherine Youinou | Lundi 8 Mars 2010 à 05:25

Entrée il y a un an au NPA, Fadela El Miri est tête de liste dans les Bouches-du Rhône.



Face aux poids lourds de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) (Michel Vauzelle ou Jean-Marie Le Pen), c’est une jeune inconnue qui a décroché la palme des attaques pendant cette campagne. Ilham Moussaïd, réduite à être « la candidate voilée » du NPA au mépris de toutes ses convictions, n’aurait de toute façon pas siégé au conseil régional en raison de sa huitième place − non éligible − sur la liste du Vaucluse.

Mais une autre femme issue de l’immigration, Fadela El Miri, se trouve, elle, en position de faire entendre sa différence sur les bancs de la nouvelle assemblée.

Entrée il y a un an au Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot, elle est tête de liste dans les Bouches-du-Rhône. « On nous a trop habitué à laisser passer les choses, explique-t-elle sur son engagement en politique. C’est difficile de se plaindre si on ne se donne pas les moyens de changer la société. »

Aujourd’hui directrice d’un centre social à Aix-en-Provence, elle a grandi d’abord au Maroc puis à Gardanne où son père, ouvrier dans les champignonnières, fait venir sa femme et ses enfants dans le cadre du regroupement familial. « J’avais 12 ans et pour moi, la France c’était l’image des gens qui rentraient au Maroc pendant les vacances et affichaient leur réussite. Je pensais que notre situation dans les pays du Sud était injuste. En arrivant ici, j’ai trouvé la même misère et c’est ce qui m’a poussé petit à petit à m’opposer au système capitaliste. »

Au lieu du pays accueillant de ses rêves de petite fille, elle découvre aussi le racisme et les petites humiliations au quotidien. « Une institutrice avait barré le "e" de mon prénom sur mon cahier, en le remplaçant par un "i" en rouge en me disant : "Ton nom en français, c’est Fadila". »

Si la génération de ses parents n’a pas d’autre choix que la soumission face aux injustices − « il ne fallait pas entrer en conflit pour se donner une chance de réussir » −, celle des enfants prend le contre-pied. « En grandissant, j’ai eu la possibilité de dire non, aussi parce que j’ai eu la chance d’avoir fait des études. »

Donner un coup d'arrêt au clientélisme

D’abord proche du Parti communiste − son frère Mustapha, maître de conférence en sociologie à l’université de Provence est élu à la mairie de Gardanne −, Fadela El Miri choisit le NPA parce que dans ce nouveau parti, selon elle, les échanges sont réels et les actes suivent. « Aucune décision n’est imposée au niveau national, dit-elle. Dans le cas d’Ilham Moussaïd par exemple, la décision est venue de son comité départemental, celui-ci est souverain. »

Et sur cette question qui a suscité des débats au sein du parti, la jeune femme défend avant tout une militante qu’elle connaît bien, faisant partie de « ceux qui ont créé la cellule NPA dans le Vaucluse ». « C’est une suite logique, elle a sa place. Et le fait de porter un foulard ne l’empêche pas d’être féministe. Elle s’investit pour défendre toutes les femmes, elle est pour l’IVG, a accompagné des jeunes filles pour ces actes difficiles. »

Pas franchement étonnée de la levée de boucliers déclenchée par cette affaire, Fadela El Miri préfère s’attacher aux points forts du programme défendu par le NPA pour la région PACA, en matière d’emploi et de transports notamment.

Parmi eux, un coup d’arrêt au « clientélisme » pratiqué, selon elle, par l’équipe de Michel Vauzelle, le TER gratuit pour les précaires − « une mesure écologique qui favoriserait l’accès à l’emploi » −, et la fin des subventions publiques accordées aux entreprises qui licencient.

Pas sûr qu’elle aura le temps cette année de travailler sur la thèse de sociologie sur le monde ouvrier qu’elle a entamé dans le sillage de son frère. Son titre : La Défaite ouvrière, un constat amer qui ne l’empêche pas de continuer le combat.


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