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Farid Amri : UN HOMME DE TERRAIN

Rédigé par Touré Cheikh | Mercredi 29 Juin 2005 à 00:00

Faire le portrait de Farid Amri, tête de liste UOIF, c’est donner dans le voyeurisme rien qu’en procédant à un simple exercice journalistique. Tant cet homme ne tient ni à parler ni à faire parler de lui, et encore moins parler des autres. Pour lui, la gymnastique communicationnelle est une excroissance de la dérive politique. Loin de Machiavel, la science politique s’est, à ses yeux, résumée à une colère qui s’est emparé de son professeur de troisième, au collège de Constantine, dont il a bien retenu le nom : Kadjour Mohamed. Militant FLN remué par une séance houleuse au parti, cet enseignant de langue arabe fit irruption dans sa salle de cours en inscrivant énergiquement au tableau noir : le verbe « Sassa » et conjugaison, « les arabes utilisaient ce mot pour désigner la domestication et l’éparpillement des chevaux sauvages. Ils disaient : « il a divisé les chevaux » pour exprimer qu’il en a fait un troupeau divisé, éparpillé ».



« Prière sous la pluie »

Telle peut être la réponse de cet ingénieur agronome, diplômé de l’université de théologie du Prince Abdelkader de Constantine où il a pu bénéficier des enseignements du célèbre savant Cheikh Mohamed El Ghazali, à tous ceux qui, en France, promeuvent ou combattent l’islam politique. Homme de culte, imam de la Busserine depuis 1995 ( quartier Nord de Marseille) et fondateur, avec Abderrahmane Ghoul et Mourad Zerfaoui , du Conseil des Imams de Marseille’CIME), Farid ne travaille que pour Dieu et le bonheur des hommes et des croyants : «  Moi, je voterai pour l’intérêt général de tous ces musulmans qui nous ont élus. Il faut que nous reconnaissions nos erreurs, et ce serait dommage que les frères candidats soient sollicités par les fédérations nationales où prévaut une logique du « donnant donnant. Dans mon quartier, il y a un projet de mosquée : on prie dans la rue et sous la pluie. Moi, je suis algérien et mon corps peut se retrouver là-bas. Mais toutes ces familles françaises qui n’ont pas où enterrer leurs morts ni leur rendre visite, elles me parlent plus que les petites ambitions personnelles ».

 

Au service du groupe

Farid Amri dénote dans le paysage politico-religieux du pays tout entier. Il partage avec Mourad Zerfaoui le même engagement au service d’un islam marseillais visible et organisé. Il est de tous les combats de la ville où il ne  compte pas de détracteurs ostensibles ou sérieux : « Nous formions un noyau de sept à huit imams, de culture musulmane et de nationalités différentes, représentant les diverses sensibilités du sunnisme malikite. Nos aspirations se voulaient au service du groupe. Le conseil des imams, à l’instar des autres actions, répondait à une nécessité de s’organiser, de former un groupe au service de la communauté en faisant fi de nos diverses appartenances : « j’ai sillonné la région au nom de la mosquée « Islah ». Avec les frères de l’UOIF, nous avons imposé un membre de l’Islah au sein du bureau du CFCM. Je me souviens d’un imam connu que j’ai vu plus de trois fois pour préparer la consultation du CFCM : « moi, ce bébé, je n’en veux pas  me disait-il à chaque fois » 

C’est dire que, dans l’esprit des musulmans de la région, la séparation des indépendants et de l’UOIF ne correspond pas à une réalité de terrain : «  dans tous les dossiers y compris celui de la grande mosquée de Marseille, nous avons travaillé ensemble avec la société civile et les hommes d’affaires ».

Mais son engagement, Farid Amri le partage avec son épouse Nadia qui est vice-présidente de la Ligue nationale féminine musulmane. Et il est président de la Coordination des familles musulmanes de Marseille : allez trouver le dossier musulman d’intérêt général, dans Marseille ou la région PACA, où n’apparaît pas un membre de cette famille-là.

Aujourd’hui Farid Amri se lâche, et son émoi ne restera pas sans écho : « je suis déçu de bien des comportement. Je n’ai pas encore accepté toutes ces trahisons, magouilles et combines » dit-il avec cet éclat des voix lourdes qui ne se font entendre que pour avoir raison.