« La vie des Palestiniens compte. » Fort de ce message toujours d’actualité, Avaaz avait organisé en mai 2018 une action à Bruxelles durant laquelle 4 500 paires de chaussures ont été alignées pour symboliser le nombre de morts à Gaza. © Olivier Matthys/AP for Avaaz
Les images de la libération de femmes et d'enfants israéliens ainsi que de leurs retrouvailles poignantes avec leurs proches ont été diffusées longuement et en direct dans les médias de notre pays. Les récits détaillés de leur épreuve et de leur histoire, et une analyse approfondie de leurs potentielles séquelles à long terme, ont poussé naturellement l'ensemble de nos concitoyens à une empathie et une solidarité totale envers eux.
Parmi les Palestiniens libérés en échange et présentés comme des « prisonniers », figurent pourtant de nombreux « détenus administratifs ». Cette qualification d’apparence technique désigne une réalité bien plus sombre : ces détenus sont des civils capturés par l'armée israélienne, enfermés par décision d’un tribunal militaire, sans procès ni moyen de défense, de manière arbitraire et illégale au regard du droit international.
Lire aussi : La honte de la détention administrative dans un Etat d’apartheid
Le monde a découvert avec stupéfaction que, parmi ces détenus, figuraient des enfants parfois âgés de 14 ans seulement. Pour beaucoup de ces enfants, leur seul crime aurait été de lancer des pierres contre des chars israéliens. Ils sont depuis enfermés illégalement plusieurs années en prison dont certains à l'isolement total.
Des images, non retransmises en France, ont montré certains de ces enfants capturés sortir en étant devenus adultes, dans un état méconnaissable. Certains ont perdu la raison à cause de leur isolement et du traitement inhumain qu’ils ont subis au point qu’ils n'ont même pas réussi à reconnaître leur famille proche.
Parmi les Palestiniens libérés en échange et présentés comme des « prisonniers », figurent pourtant de nombreux « détenus administratifs ». Cette qualification d’apparence technique désigne une réalité bien plus sombre : ces détenus sont des civils capturés par l'armée israélienne, enfermés par décision d’un tribunal militaire, sans procès ni moyen de défense, de manière arbitraire et illégale au regard du droit international.
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Le monde a découvert avec stupéfaction que, parmi ces détenus, figuraient des enfants parfois âgés de 14 ans seulement. Pour beaucoup de ces enfants, leur seul crime aurait été de lancer des pierres contre des chars israéliens. Ils sont depuis enfermés illégalement plusieurs années en prison dont certains à l'isolement total.
Des images, non retransmises en France, ont montré certains de ces enfants capturés sortir en étant devenus adultes, dans un état méconnaissable. Certains ont perdu la raison à cause de leur isolement et du traitement inhumain qu’ils ont subis au point qu’ils n'ont même pas réussi à reconnaître leur famille proche.
Des histoires déchirantes invisibilisées
Il est très difficile pour ne pas dire impossible de trouver un reportage, un titre, un bandeau d'information qui traite de l'enfance palestinienne. Celle-ci paye pourtant un tribut extrêmement lourd, et constitue un sujet à part entière dans cette terrible tragédie.
Sur nos chaînes d'information en continu, on n’a pas vu l'histoire et le visage de Mohammed Nazzal, qui affirme avoir été frappé en prison, juste avant sa libération, par ses geôliers avec des barres en métal jusqu'à subir une fracture et des contusions. Ses dires ont été confirmés par le service Checknews du journal Libération. Sur nos chaînes infos, la torture d'enfants palestiniens semble être un tabou.
On n’a pas vu non plus les visages de Bassem et Adam, exécutés de sang-froid par un sniper de l'armée israélienne en Cisjordanie, le 19 novembre 2023. Pourtant, ces meurtres ont été enregistrés par une caméra de vidéosurveillance et diffusé dans d'autres médias étrangers. Dans nos journaux télévisés, un double meurtre filmé de jeunes enfants palestiniens semble être un « non sujet ».
On n’a pas vu la libération du jeune Qassam, ni ses retrouvailles poignantes avec son père qui ne le reconnaît pas à cause de sa perte de poids. « Où est passé ton poids ? Ils ne te nourrissaient pas ? », lui demandera son père. « Nous avons été privés de tout », répondra-t-il.
On n’a pas vu la jeune Alma, 13 ans, parler aux secouristes dans une vidéo, alors qu'elle et sa famille sont coincés sous les décombres suite à un bombardement à Gaza. Elle ne veut pas être sauvée la première et demande aux secouristes : « Aidez-mes parents, mes frères et sœurs et mes grands-parents d'abord. » Son courage et sa bravoure qui déchirent le cœur ont tout simplement été occultés dans nos médias.
Des images glaçantes montrant des enfants qui tentent de ramasser de l'eau de pluie à même le sol et sur les routes afin d’étancher leur soif sont absentes de nos médias. Des vidéos tragiques montrant des corps inertes d'enfants, de leurs bras ou de leurs jambes qui dépassent des décombres à Gaza ne sont pas diffusées, même en étant floutées. Seules des vues aériennes de bâtiments effondrés sont diffusées, laissant croire à de simples dégâts matériels. Pas d'évocation non plus des bébés prématurés qui sont morts dans l’hôpital d’Al-Nasr de Gaza suite aux coupures d'électricité et à l'évacuation forcée de l’établissement par l'armée israélienne. Les images de cette barbarie sans nom sont pourtant confirmées et accessibles.
Les immenses séquelles post-traumatiques que la quasi-totalité des enfants palestiniens devront trainer toute leur vie à cause des cruautés et des sauvageries auxquelles ils sont exposés ne semblent faire l’objet d’aucun débat.
Sur nos chaînes d'information en continu, on n’a pas vu l'histoire et le visage de Mohammed Nazzal, qui affirme avoir été frappé en prison, juste avant sa libération, par ses geôliers avec des barres en métal jusqu'à subir une fracture et des contusions. Ses dires ont été confirmés par le service Checknews du journal Libération. Sur nos chaînes infos, la torture d'enfants palestiniens semble être un tabou.
On n’a pas vu non plus les visages de Bassem et Adam, exécutés de sang-froid par un sniper de l'armée israélienne en Cisjordanie, le 19 novembre 2023. Pourtant, ces meurtres ont été enregistrés par une caméra de vidéosurveillance et diffusé dans d'autres médias étrangers. Dans nos journaux télévisés, un double meurtre filmé de jeunes enfants palestiniens semble être un « non sujet ».
On n’a pas vu la libération du jeune Qassam, ni ses retrouvailles poignantes avec son père qui ne le reconnaît pas à cause de sa perte de poids. « Où est passé ton poids ? Ils ne te nourrissaient pas ? », lui demandera son père. « Nous avons été privés de tout », répondra-t-il.
On n’a pas vu la jeune Alma, 13 ans, parler aux secouristes dans une vidéo, alors qu'elle et sa famille sont coincés sous les décombres suite à un bombardement à Gaza. Elle ne veut pas être sauvée la première et demande aux secouristes : « Aidez-mes parents, mes frères et sœurs et mes grands-parents d'abord. » Son courage et sa bravoure qui déchirent le cœur ont tout simplement été occultés dans nos médias.
Des images glaçantes montrant des enfants qui tentent de ramasser de l'eau de pluie à même le sol et sur les routes afin d’étancher leur soif sont absentes de nos médias. Des vidéos tragiques montrant des corps inertes d'enfants, de leurs bras ou de leurs jambes qui dépassent des décombres à Gaza ne sont pas diffusées, même en étant floutées. Seules des vues aériennes de bâtiments effondrés sont diffusées, laissant croire à de simples dégâts matériels. Pas d'évocation non plus des bébés prématurés qui sont morts dans l’hôpital d’Al-Nasr de Gaza suite aux coupures d'électricité et à l'évacuation forcée de l’établissement par l'armée israélienne. Les images de cette barbarie sans nom sont pourtant confirmées et accessibles.
Les immenses séquelles post-traumatiques que la quasi-totalité des enfants palestiniens devront trainer toute leur vie à cause des cruautés et des sauvageries auxquelles ils sont exposés ne semblent faire l’objet d’aucun débat.
Des crimes barbares passés sous silence
Sur nos chaînes, malheureusement, on préfère donner la parole davantage à ceux qui martèlent qu'Israël serait « la seule démocratie de la région », ou encore que l’armée israélienne serait « l'armée la plus morale du monde ». En même temps, on préfère fermer les yeux sur les crimes barbares perpétrés par cette même armée contre ces milliers d'enfants palestiniens qui meurent et souffrent dans l'inaction et l'impuissance générale.
Le silence assourdissant de la plupart de nos médias face à ces crimes abjects contre l'enfance palestinienne est inexplicable et injustifiable. L'excuse de la « fiabilité » des récits rapportés sur ces crimes, parce que venant du Hamas, ne tient plus. Car justement, ils ne viennent pas du Hamas mais de médias et ONG internationaux. Nos médias auraient-ils donc validé tout simplement que toutes les vies humaines ne se valent pas, même lorsqu’il s’agit d’enfants ?
Le silence assourdissant de la plupart de nos médias face à ces crimes abjects contre l'enfance palestinienne est inexplicable et injustifiable. L'excuse de la « fiabilité » des récits rapportés sur ces crimes, parce que venant du Hamas, ne tient plus. Car justement, ils ne viennent pas du Hamas mais de médias et ONG internationaux. Nos médias auraient-ils donc validé tout simplement que toutes les vies humaines ne se valent pas, même lorsqu’il s’agit d’enfants ?
Des médias participent à précipiter « l'heure la plus sombre de l'humanité »
Par ce silence, de nombreux responsables politiques ont une perception biaisée de la situation au Proche-Orient. Leur approche et leurs déclarations semblent en décalage face à la gravité de la situation et à la réalité du terrain. Malgré les milliers de victimes civils dont des enfants en majorité, malgré les nombreuses violations du droit international et les alertes des ONG sur des risques génocidaires, ces hommes politiques continuent de pérorer qu’Israël a le droit de se défendre.
Certains médias de notre pays, comme certains de nos responsables politiques, font désormais l’objet de critiques acerbes dans de nombreux cercles mondiaux pour leur approche, accusés de racisme et de défiance à l'égard de tous les principes qui fondent notre démocratie. Une circonstance aggravante et de taille s'ajoute à cela : la France est sensée être, aux yeux du monde, la « patrie des droits de l'Homme ».
Ces critiques internationales, nous devons les entendre et les regarder avec humilité pour que les valeurs et principes que nous défendons ne se réduisent à des slogans vides de sens.
Le 5 décembre 2023, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a alerté sur le fait qu'à Gaza, la situation était « proche de l'heure la plus sombre de l'humanité ». Nul doute que les médias, par leur silence et cette occultation, participent pleinement à précipiter cette heure sombre.
*****
Mohammed Moussaoui est président de l'Union des mosquées de France (UMF) et co-président du Conseil français du culte musulman (CFCM).
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