Le débat sur la guerre d’Algérie et les mémoires revient en force à l'occasion des cinquante ans des accords d'Évian, signés le 19 mars 1962, qui ont officiellement marqué le cessez-le-feu.
Le traité signé par le général de Gaulle a ouvert la voie à l’indépendance algérienne, qui viendra le 5 juillet de la même année, après 132 ans de domination française, dont 8 années d’une guerre qui aura coûté la vie d’au moins 400 000 Algériens (1,5 million de morts selon des sources) et quelque 30 000 soldats français. La décolonisation de l’Algérie est de loin la plus violente car, contrairement aux autres colonies françaises telles le Maroc et la Tunisie, l’Algérie avait le statut de département et était administrativement rattachée à la France.
Si la lutte pour la libération nationale rend les Algériens d’aujourd’hui fiers de leur passé, les autorités n’organisent aucune commémoration d’ampleur cette année, le 19 mars, préférant se préparer aux élections législatives de mai et célébrer en grande pompe l’indépendance en juillet.
En France, aucune commémoration nationale n’est également organisée par l’Etat français, rappelle le ministère de la Défense. « Loin de réconcilier les mémoires, le 19 mars est une date qui les divise et ravive les plaies profondes d’une page douloureuse de l’Histoire récente de la France », explique-t-on dans un communiqué officiel, précisant au passage que la date de « l’hommage aux morts pour la France durant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie reste fixée au 5 décembre », qui ne correspond pourtant à aucun événement particulier.
Une position qui ne surprend guère mais qui démontre le malaise certain des autorités françaises sur la question algérienne.
Le traité signé par le général de Gaulle a ouvert la voie à l’indépendance algérienne, qui viendra le 5 juillet de la même année, après 132 ans de domination française, dont 8 années d’une guerre qui aura coûté la vie d’au moins 400 000 Algériens (1,5 million de morts selon des sources) et quelque 30 000 soldats français. La décolonisation de l’Algérie est de loin la plus violente car, contrairement aux autres colonies françaises telles le Maroc et la Tunisie, l’Algérie avait le statut de département et était administrativement rattachée à la France.
Si la lutte pour la libération nationale rend les Algériens d’aujourd’hui fiers de leur passé, les autorités n’organisent aucune commémoration d’ampleur cette année, le 19 mars, préférant se préparer aux élections législatives de mai et célébrer en grande pompe l’indépendance en juillet.
En France, aucune commémoration nationale n’est également organisée par l’Etat français, rappelle le ministère de la Défense. « Loin de réconcilier les mémoires, le 19 mars est une date qui les divise et ravive les plaies profondes d’une page douloureuse de l’Histoire récente de la France », explique-t-on dans un communiqué officiel, précisant au passage que la date de « l’hommage aux morts pour la France durant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de Tunisie reste fixée au 5 décembre », qui ne correspond pourtant à aucun événement particulier.
Une position qui ne surprend guère mais qui démontre le malaise certain des autorités françaises sur la question algérienne.
La responsabilité de la France dans la tragédie des harkis
« Si le 19 mars évoque la joie du retour des militaires français dans leurs familles, il marque également l’amorce d’un drame pour les rapatriés, contraints au déracinement, et le début d’une tragédie pour les harkis, massacrés dans les semaines qui suivirent, au mépris des accords d’Evian », indique-t-on par ailleurs.
Perçus comme des traîtres et des collaborateurs en Algérie pour s’être engagés aux côtés de l’armée française, les harkis en payeront le prix fort. Entre 15 000 et 80 000 harkis ont bien été massacrés après le cessez-le-feu en 1962. Mais ce que le ministère oublie de préciser, c’est que la responsabilité de la France est bel et bien engagée dans l’abandon des harkis mais également des Français d’Algérie, qui seront appelés plus tard pieds-noirs, pour qui les accords d’Evian ont signifié le début de l’exil vers l’inconnu ou des persécutions.
Non considérés comme Français, les harkis sont laissés-pour-compte par la métropole - aucun plan n'est prévu pour les y amener - pour avoir eu le tort d’être Arabes et musulmans.
L’ingratitude de la France envers ces hommes qui ont combattu pour elle ne s’est pas arrêtée là : ceux qui ont réussi à venir en métropole ont été parqués et marginalisés dans des camps. Rester en France s'est révélé être souvent un choix par défaut : rentrer en Algérie les condamnait à une mort certaine.
Aujourd’hui, les harkis ne demandent qu’une chose : une reconnaissance officielle de l’Etat pour l’abandon et l’internement. Ce à quoi devait s’atteler Nicolas Sarkozy en 2007. Cinq ans après, la promesse n’a pas été tenue et la faute morale n’est pas reconnue tandis qu’en Algérie, où une partie du peuple souhaite la repentance, une telle reconnaissance ne serait pas vue d'un bon œil. L’histoire des harkis est une plaie ouverte qui n’est pas prête de cicatriser.
Perçus comme des traîtres et des collaborateurs en Algérie pour s’être engagés aux côtés de l’armée française, les harkis en payeront le prix fort. Entre 15 000 et 80 000 harkis ont bien été massacrés après le cessez-le-feu en 1962. Mais ce que le ministère oublie de préciser, c’est que la responsabilité de la France est bel et bien engagée dans l’abandon des harkis mais également des Français d’Algérie, qui seront appelés plus tard pieds-noirs, pour qui les accords d’Evian ont signifié le début de l’exil vers l’inconnu ou des persécutions.
Non considérés comme Français, les harkis sont laissés-pour-compte par la métropole - aucun plan n'est prévu pour les y amener - pour avoir eu le tort d’être Arabes et musulmans.
L’ingratitude de la France envers ces hommes qui ont combattu pour elle ne s’est pas arrêtée là : ceux qui ont réussi à venir en métropole ont été parqués et marginalisés dans des camps. Rester en France s'est révélé être souvent un choix par défaut : rentrer en Algérie les condamnait à une mort certaine.
Aujourd’hui, les harkis ne demandent qu’une chose : une reconnaissance officielle de l’Etat pour l’abandon et l’internement. Ce à quoi devait s’atteler Nicolas Sarkozy en 2007. Cinq ans après, la promesse n’a pas été tenue et la faute morale n’est pas reconnue tandis qu’en Algérie, où une partie du peuple souhaite la repentance, une telle reconnaissance ne serait pas vue d'un bon œil. L’histoire des harkis est une plaie ouverte qui n’est pas prête de cicatriser.
Libérer la parole, une étape essentielle
Bien d'autres points de l'Histoire algérienne font l'objet d'âpres discussions. Si prompt à reconnaître les crimes des autres peuples, tel le génocide arménien, l'Etat français ne l'est pas de même pour ceux de l’armée française en Algérie, sans compter les exactions de l’Organisation Armée Secrète (OAS), partisane de l’Algérie française. La France a préféré promulguer une loi le 23 février 2005, vantant les aspects « positifs » de la colonisation. L’enseignement de la guerre d’Algérie est décidément à revoir.
Selon un sondage IFOP rendu public le 18 mars, seuls 57 % des Français estiment que l’indépendance algérienne fut positive pour la France (contre 38 % en 1972). Elle est jugée bonne par 68 % des personnes de plus de 65 ans qui ont connu la guerre, 66 % parmi les sympathisants de gauche, 55 % pour ceux de droite et par 49 % des proches du Front national. Si 28 % des sondés ne se prononcent pas sur la question, 15 % estiment que la décolonisation de l’Algérie fut « une mauvaise chose pour la France ».
Les non-dits durent depuis trop longtemps et la reconnaissance politique des faits historiques des deux côtés de la Méditerranée est essentielle pour un renouveau des relations franco-algériennes. Les appels à l’ouverture des archives et à la mise en place de comités réunissant des historiens reconnus de part et d’autre de la Méditerranée sont de plus en plus nombreux. On est encore loin d'envisager la création d'un manuel d'Histoire franco-algérien.
Selon un sondage IFOP rendu public le 18 mars, seuls 57 % des Français estiment que l’indépendance algérienne fut positive pour la France (contre 38 % en 1972). Elle est jugée bonne par 68 % des personnes de plus de 65 ans qui ont connu la guerre, 66 % parmi les sympathisants de gauche, 55 % pour ceux de droite et par 49 % des proches du Front national. Si 28 % des sondés ne se prononcent pas sur la question, 15 % estiment que la décolonisation de l’Algérie fut « une mauvaise chose pour la France ».
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