© Flickr/Jernej Furman
La guerre est là, en Europe. C’est l’effroyable réalité que nous renvoie le conflit en Ukraine. Une réalité effroyable pour une région du monde, un camp occidental, qui a l’habitude de l’exporter partout ailleurs.
La guerre est là et, avec elle, ces vies fauchées, ces villes détruites, comme en Irak, en Libye, en Syrie, en Afghanistan, au Congo, en Palestine, dans bien d’autres pays et aujourd’hui en Ukraine. Mais comme pour les précédents conflits, ce dernier veut nous embarquer dans un binarisme abrutissant, une émotivité sans intelligence, qui veut nous empêcher de comprendre les événements dans leur séquence historique large. Il nous est demandé, séance tenante, de défendre le « parti du bien », celui des « droits de l’Homme » qui se donne pourtant le « droit » de tuer des femmes, des enfants et des hommes ailleurs, de faire la guerre à d’autres peuples, sans aucun respect pour ce « droit international » qu’ils disent défendre dans le cas d’espèce.
La guerre est là et, avec elle, ces vies fauchées, ces villes détruites, comme en Irak, en Libye, en Syrie, en Afghanistan, au Congo, en Palestine, dans bien d’autres pays et aujourd’hui en Ukraine. Mais comme pour les précédents conflits, ce dernier veut nous embarquer dans un binarisme abrutissant, une émotivité sans intelligence, qui veut nous empêcher de comprendre les événements dans leur séquence historique large. Il nous est demandé, séance tenante, de défendre le « parti du bien », celui des « droits de l’Homme » qui se donne pourtant le « droit » de tuer des femmes, des enfants et des hommes ailleurs, de faire la guerre à d’autres peuples, sans aucun respect pour ce « droit international » qu’ils disent défendre dans le cas d’espèce.
Que nos sentiments humanistes ne nous rendent pas naïfs face à la manipulation qu’en font les grandes puissances
C’est cette duplicité de nos pays occidentaux, de notre pays, la France, qui met à mal en réalité les droits de l’Homme et leur respect dans le monde. Et qui, dans le cas de l’Ukraine, dont le soutien à la population est un devoir moral, nous met encore face à cet insupportable deux poids deux mesures qui montre l’incapacité de ce leadership mondial, celui de nos pays occidentaux, de sortir de l’ère du tribalisme, de l’ethnocentrisme et du suprématisme.
Car les victimes ukrainiennes ne sont pas supérieures en humanité aux victimes syriennes, irakiennes, africaines ou autres, pour lesquels toutes ces condamnations et sanctions n’eurent et n’ont pas lieu. Leurs réfugiés et immigrés que l’on doit accueillir dignement ne sont pas différents en dignité des autres réfugiés et immigrés à peau non blanche que l’on refoule en ce moment dans l’Ukraine qu’ils fuient. Que nos sentiments humanistes ne nous rendent donc pas naïfs face à la manipulation qu’en font les grandes puissances, selon leurs appétits et intérêts.
Car les victimes ukrainiennes ne sont pas supérieures en humanité aux victimes syriennes, irakiennes, africaines ou autres, pour lesquels toutes ces condamnations et sanctions n’eurent et n’ont pas lieu. Leurs réfugiés et immigrés que l’on doit accueillir dignement ne sont pas différents en dignité des autres réfugiés et immigrés à peau non blanche que l’on refoule en ce moment dans l’Ukraine qu’ils fuient. Que nos sentiments humanistes ne nous rendent donc pas naïfs face à la manipulation qu’en font les grandes puissances, selon leurs appétits et intérêts.
Ni pro-Poutine ni pro-OTAN
© Flickr/Thierry Ehrmann
Nous ne sommes pas pro-Poutine et nous ne pouvons l’être au vu de ce qu’il fit dans plusieurs pays, notamment musulmans, à coup de massacres et de bombardements aveugles sur les populations en Tchétchénie, en Syrie ou en Libye. Mais nous ne sommes pas pour autant pro-OTAN au vu des guerres effroyables menées par cette organisation militaire, les Etats-Unis au premier chef en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Libye et dans bien d’autres régions du monde, directement ou indirectement. Les droits de l’Homme (ou de l’homme blanc occidental ?) que les uns et les autres brandissent pour justifier leurs actes, n’est qu’un paravent qu’il nous faut enlever pour regarder la réalité des faits et agir pour la paix, au-delà des gesticulations belliqueuses de ceux qui ne vivront pas dans leurs chairs la conséquence des feux pour la guerre qu’ils allument et alimentent.
Il s’agit dès lors de prendre la bonne distance qui permet de se dégager de la propagande des deux camps. Il nous faut comprendre les enjeux géopolitiques et économiques qui sous-tendent ce conflit et qui participent, en réalité, d’une redistribution mondiale des cartes et des rapports de force entre, d’une part, les puissances occidentales qui n’ont plus le monopole de la superpuissance, mais veulent la garder ; et d’autre part, les puissances eurasiatiques (Chine et Russie principalement) (ré)émergentes, qui leur disputent l’hégémonie.
C’est dans ce contexte global qu’il nous faut saisir la volonté occidentale, à travers les États-Unis et l’OTAN, d’endiguer la Russie et de freiner la montée en puissance de la Chine, pour qu’ils ne leurs contestent pas leur suprématie. Et c’est dans ce même contexte qu’il faut appréhender la politique russe contre cette stratégie et dont l’un des terrains d’affrontement est l’Ukraine, désireuse d’entrer dans l’Union européenne et dans l’OTAN, après le remplacement forcé des anciens dirigeants ukrainiens pro-russes par d’autres pro-occidentaux, en février 2014, dont l’actuel président d’Ukraine.
Il s’agit dès lors de prendre la bonne distance qui permet de se dégager de la propagande des deux camps. Il nous faut comprendre les enjeux géopolitiques et économiques qui sous-tendent ce conflit et qui participent, en réalité, d’une redistribution mondiale des cartes et des rapports de force entre, d’une part, les puissances occidentales qui n’ont plus le monopole de la superpuissance, mais veulent la garder ; et d’autre part, les puissances eurasiatiques (Chine et Russie principalement) (ré)émergentes, qui leur disputent l’hégémonie.
C’est dans ce contexte global qu’il nous faut saisir la volonté occidentale, à travers les États-Unis et l’OTAN, d’endiguer la Russie et de freiner la montée en puissance de la Chine, pour qu’ils ne leurs contestent pas leur suprématie. Et c’est dans ce même contexte qu’il faut appréhender la politique russe contre cette stratégie et dont l’un des terrains d’affrontement est l’Ukraine, désireuse d’entrer dans l’Union européenne et dans l’OTAN, après le remplacement forcé des anciens dirigeants ukrainiens pro-russes par d’autres pro-occidentaux, en février 2014, dont l’actuel président d’Ukraine.
La seule voie est celle du dialogue et non celle de la condamnation sans horizon politique
Les enjeux sont colossaux et il semble que les Européens aient décidé de sortir de l’histoire en ne se positionnant pas à partir de leurs intérêts en toute indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Ce dans une stratégie de médiation entre ceux-ci et la Russie, en proposant à cette dernière des pourparlers diplomatiques sérieux qui mettraient fin à cette guerre et leur donneraient ainsi un rôle central majeur dans la reconfiguration mondiale qui est en cours, et dans le respect, pour une fois, au niveau planétaire, de leurs valeurs universelles.
S’il faut condamner l’invasion russe de l’Ukraine, il faut condamner toutes les invasions. S’il faut mettre au ban les dictatures. Il faut le faire avec toutes les dictatures et non soutenir certaines contre leurs peuples, et accuser d’autres régimes qui n’en sont pas et sont soutenus par leurs populations, pour les renverser, les déstabiliser et spolier leurs ressources.
La seule voie – ou voix – raisonnable dans cette situation, si l’on veut la paix, est celle du non-alignement qui permet de parler à tout le monde. La seule voie est celle du dialogue et non celle de la condamnation sans horizon politique. C’est celle qui ne prend parti pour aucune des volontés de puissance, et sait dire à l’un et à l’autre ses erreurs tout en lui proposant une voie de sortie qui réponde à ses préoccupations géostratégiques. C’est celle qui n’est pas dans la propagande et les préjugés, ni dans l’angélisme décérébré et le va-t-en-guerre cynique, pour ne servir au final que les seuls intérêts des complexes militaro-industriels, énergétiques et de construction, qui ont besoin des conflits de basse intensité pour trouver des débouchés économiques.
C’est un business, celui de la mort, et c’est notre naïveté et nos haines entretenues qui le nourrissent. Soyons non-alignés. Soyons pour la résolution diplomatique. Soyons intelligents. C’est la seule voie pour la paix.
*****
Ousmane Timera est islamologue, enseignant et auteur de « Lyre le Coran ».
Lire aussi :
Ukraine : de la graisse de porc dans les balles contre les soldats tchétchènes musulmans (vidéo)
Ukraine-Russie : l’appel des évêques orthodoxes de France à la paix entre « peuples frères »
S’il faut condamner l’invasion russe de l’Ukraine, il faut condamner toutes les invasions. S’il faut mettre au ban les dictatures. Il faut le faire avec toutes les dictatures et non soutenir certaines contre leurs peuples, et accuser d’autres régimes qui n’en sont pas et sont soutenus par leurs populations, pour les renverser, les déstabiliser et spolier leurs ressources.
La seule voie – ou voix – raisonnable dans cette situation, si l’on veut la paix, est celle du non-alignement qui permet de parler à tout le monde. La seule voie est celle du dialogue et non celle de la condamnation sans horizon politique. C’est celle qui ne prend parti pour aucune des volontés de puissance, et sait dire à l’un et à l’autre ses erreurs tout en lui proposant une voie de sortie qui réponde à ses préoccupations géostratégiques. C’est celle qui n’est pas dans la propagande et les préjugés, ni dans l’angélisme décérébré et le va-t-en-guerre cynique, pour ne servir au final que les seuls intérêts des complexes militaro-industriels, énergétiques et de construction, qui ont besoin des conflits de basse intensité pour trouver des débouchés économiques.
C’est un business, celui de la mort, et c’est notre naïveté et nos haines entretenues qui le nourrissent. Soyons non-alignés. Soyons pour la résolution diplomatique. Soyons intelligents. C’est la seule voie pour la paix.
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Ousmane Timera est islamologue, enseignant et auteur de « Lyre le Coran ».
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