Economie

Hadj Khelil (Bionoor)

« Compensation carbone : planter 10 000 arbres d’ici à 2014 »

Rédigé par | Mercredi 30 Décembre 2009 à 02:42

Les consommateurs français et européens sont amenés à une prise de conscience écologique de plus en plus poussée. Les entreprises écoresponsables se multiplient : certains se créent par opportunisme ; d’autres au nom d’un engagement réel et durable envers mère Nature. Voici le surprenant parcours de Hadj Khelil, directeur de la société Bionoor.



Après avoir été le premier à obtenir le label AB pour ses dattes, Bionoor, société de négoce en matières premières, poursuit sa diversification, notamment en aidant à planter des arbres dans les régions du Sahel. (photo : Les Brigades vertes)
Déserter les salles de marché de La City de Londres pour aller « planter des arbres dans le désert », c’est ce que Hadj Khelil décide de faire il y a sept ans. Pourtant, l’univers de la finance a toujours fasciné cet enfant des quartiers de Drancy, en région parisienne. Son parcours scolaire est sans fautes. À 15 ans, il entre même dans des clubs d’investissement avant, bien plus tard, d’intégrer l’école de commerce Sup de Co Paris. Il termine ses études dans la prestigieuse université d’Oxford et entre dans le monde du financement structuré. Un travail qui dure quatre ans. Mais las de travailler pour les autres, Hadj Khelil arrive à tout plaquer pour s’engager concrètement dans l’environnement.

Il crée Bionoor en 2002, une société de production et d’importation de dattes issues de l’agriculture biologique. L’homme décide de reprendre les plantations de sa famille laissées quasi à l’abandon près de Ouargla, en Algérie. « Notre famille et l’ensemble des Sahariens avons toujours eu un esprit écologique. Préserver l’eau et l’environnement n’est pas un loisir mais une nécessité absolue. Produire des dattes bio est naturel pour moi. »

Bionoor est pourtant le premier et l’un des seuls aujourd’hui à avoir le droit d’apposer le logo AB sur ses dattes. L’invasion de criquets, dont les plantations algériennes - dont celles de Bionoor - font l’objet en 2004, n’entame en rien sa volonté de s’ancrer dans ce domaine. Son domaine traité par les pesticides, « nous avions perdu l’appellation AB. Plutôt que de les jeter, je les ai revendues aux grandes surfaces. »

Depuis, rien n’a menacé ses plantations jusque-là. Hadj Khelil adopte dès le départ le principe du commerce équitable pour ses produits. Une charte en 14 points a ainsi été rédigée puis adoptée par ses clients et ses fournisseurs. « On associe Bionoor à l’équitabilité. On ne fait pas de cela un argument de vente mais une condition sine qua non. »

Un homme aux multiples casquettes


Ex-trader à la City de Londres, Hadj Khelil, lauréat des Talents des Cités 2006, crée son entreprise Bionoor en 2002. Il anime une chronique radio mensuelle sur BFM.
Depuis quatre ans maintenant, Bionoor est entré dans une logique de diversification. Après les dattes, pommes, poires, fruits secs, fromage, chocolat ou encore pâtisseries orientales ont fait leur apparition au sein de Bionoor, au point où les dattes ne représentent plus que 25 % du chiffre d’affaires. La production est passée de 200 tonnes en 2007 à 90 tonnes aujourd’hui.

Plus encore, Bionoor s’est lancé, depuis 2006, dans les activités de compensation carbone. « Consécutivement à l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, des opérateurs nous ont contactés pour compenser leurs émissions de C02 en plantant des arbres dans les écoles du Sahel. » Des arbres parrainés par des enfants afin qu’ils prennent conscience de l’importance de l’environnement, explique M. Khelil, âgé de 36 ans.

Grâce aux partenariats noués avec des associations-relais, des milliers d’arbres ont vu le jour au Sénégal. D’ici à mars 2010, ce sera le cas en Algérie, au Congo et au Niger. « Peut-être arrivera-t-on à reboiser des régions entières dans un avenir proche. On arrive à prouver qu’il existe une manière de faire des affaires qui soient complètement durable, efficace et qui valorise l’environnement. »

Le devenir de la planète sur le plan environnemental ? « Il va falloir prendre des décisions qui ne soient pas rationnels aujourd’hui, qu’on opère certains bouleversements, qu’on organise des discontinuités car si on continue de la sorte, ça va aller très mal pour nous », conclut Hadj Khelil. Le sommet pour le climat de Mexico, qui suivra celui de Copenhague, pourrait bien être le bon.




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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur