Info Saphirnews. Star Travel International (STI) est l'une des plus vieilles agences de voyage spécialisées dans le pèlerinage de la place de Paris. Après 22 années d'activité, son avenir s'assombrit comme celui de centaines de structures à travers la France, l'Europe et les Amériques après la soudaine décision saoudienne de les évincer de l'organisation du hajj. Sans un quelconque signe des autorités visant à permettre aux agences occidentales de travailler, et au lendemain de la mise en service de Motawif, STI a décidé, samedi 11 juin, d’annuler l’organisation de la saison du hajj et d’en faire l’annonce à ses candidats inscrits, au nombre de 200 avant le mois de juin.
L'espoir était mince mais il était encore là. STI et de nombreuses autres agences s’étaient initialement données pour dernier délai mercredi 8, voire jeudi 9 juin, pour prendre une décision définitive. Elles l'ont repoussé tant bien que mal mais, face à l'inéluctable, elles sont arrivées à la conclusion que cela aurait été « pure folie » que d'attendre plus longtemps pour annuler formellement la saison, nous dit-on. « Cela devenait intenable, on ne peut pas prendre les clients en otage. »
L'espoir était mince mais il était encore là. STI et de nombreuses autres agences s’étaient initialement données pour dernier délai mercredi 8, voire jeudi 9 juin, pour prendre une décision définitive. Elles l'ont repoussé tant bien que mal mais, face à l'inéluctable, elles sont arrivées à la conclusion que cela aurait été « pure folie » que d'attendre plus longtemps pour annuler formellement la saison, nous dit-on. « Cela devenait intenable, on ne peut pas prendre les clients en otage. »
L’absence d’une réponse officielle irrite
« L’incertitude était totale. Notre interlocuteur est le ministère du Hajj mais il ne s’est pas exprimé officiellement auprès de nous. Nous avons des confrères sur place et, à chaque fois qu’ils se déplacent pour obtenir des réponses de hauts responsables, ils leur disent d’attendre. Mais on ne sait pas ce qu’ils attendent alors que notre question est simple : "Allons–nous accompagner et encadrer nos pèlerins cette année ou pas ?" », regrette, pour sa part, Mahfoudh Beldi, le directeur de STI.
« Les choses ont été faites dans l’opacité totale et sur le tard. Mais il fallait quand même nous en informer dans des délais raisonnables pour éviter aux agences de voyages de ne pas se trouver engagées. Le hajj, c’est toute une organisation qui ne se fait pas d’un claquement de doigts ou qu’on balaie comme ça ! », s'exclame-t-il.
Aussi, la délégation de la Coordination des organisateurs agréés Hajj de France (CHF) dont Mahfoudh Beldi est le vice-président revient, amère, d'Arabie Saoudite lundi 13 juin avec des critiques à revendre sur la démarche saoudienne. Il est fort probable que le quota français de pèlerins ne soit pas atteint, comme dans d'autres pays occidentaux.
« Les choses ont été faites dans l’opacité totale et sur le tard. Mais il fallait quand même nous en informer dans des délais raisonnables pour éviter aux agences de voyages de ne pas se trouver engagées. Le hajj, c’est toute une organisation qui ne se fait pas d’un claquement de doigts ou qu’on balaie comme ça ! », s'exclame-t-il.
Aussi, la délégation de la Coordination des organisateurs agréés Hajj de France (CHF) dont Mahfoudh Beldi est le vice-président revient, amère, d'Arabie Saoudite lundi 13 juin avec des critiques à revendre sur la démarche saoudienne. Il est fort probable que le quota français de pèlerins ne soit pas atteint, comme dans d'autres pays occidentaux.
Des agences dans le rouge, le remboursement des pèlerins en danger ?
Dans son malheur, Star Travel a néanmoins une « chance » que d’autres agences n’ont pas. Ses responsables n’ont en effet pas donné d’acomptes en vue de préparer l’arrivée des pèlerins à La Mecque ; ils ont préservé les fonds qu’ils vont pouvoir rendre sans problème à leurs clients. La plupart d'entre eux ont d'ailleurs d'ores et déjà été remboursés. « Tant que je n’avais pas la certitude de bosser, j’ai préféré ne pas m’engager et attendre une annonce officielle pour avancer les fonds des pèlerins », affirme Mahfoudh Beldi. « Malheureusement, ce n’est pas le cas pour d’autres confrères pour qui les pertes seront conséquentes sur les plans financier et moral. »
Est-ce leur faute ? « Le ministère du Hajj a toujours eu l’habitude, cette année encore, de nous envoyer des messages nous demandant de ne pas nous engager jusqu’au moment de l’accréditation. Ça, c’est une vérité. Mais les agences ont pris l’habitude de l’annonce tardive de la saison, elles savent qu’il ne devrait pas y avoir de souci (pour obtenir l’agrément) et elles avancent traditionnellement l’argent pour commencer à payer les réservations des pèlerins, notamment aux hôtels, pour donner une garantie d’engagement. Cela demande effectivement de l’anticipation par ce que l’organisation du pèlerinage ne s’improvise pas à la dernière minute », explique-t-il. Dans bien des cas, il s’agit aussi d’avoir les meilleurs prix pour ne pas rogner sur leurs marges ou ne pas proposer des packages plus chers encore à leurs clients.
A ses yeux, le tort est donc à chercher du côté des Saoudiens, qui n’ont pas préparé les esprits au changement, brutal, et qui ont laissé faire les choses « comme d’habitude », malgré des signes avant-coureurs d’une situation au désavantage des agences et des pèlerins inscrits.
Pour les agences qui ont donné des acomptes, il sera très compliqué, si ce n'est impossible, de se faire rembourser par les prestataires. Ces derniers pourront « au mieux garder l’argent pour la prochaine saison. S’il y a une autre saison ». Elles sont néanmoins tenues, ne serait-ce que moralement, de rembourser leurs clients. Chacun va devoir se débrouiller à sa manière pour rendre l’argent. Mais après deux saisons blanches en raison de la Covid-19, de nombreuses agences sont en passe de mettre la clé sous la porte, comme l’indiquait un autre professionnel du secteur auprès de Saphirnews. « Peu d’agences ont diversifié leurs activités pour se maintenir, c’est catastrophique », confirme Mahfoudh Beldi.
STI va-t-elle garder sa tête hors de l’eau ? L’agence a pu se maintenir à ce jour grâce aux aides octroyées par l’Etat aux entreprises pendant la crise sanitaire, ce qui a rendu la situation « supportable ». « Merci Dieu que l’Etat nous a soutenu et donné un coup de pouce pendant plus d’un an. Mais on comptait sur cette saison pour respirer un peu et redresser la situation économique de l’entreprise. Maintenant, on est en grande difficulté » à tel point que l’agence envisage une fermeture prochaine. « On ne peut pas tenir plus de trois ans sans dégager aucune marge pour couvrir nos charges. Sauf s’il y a une décision courageuse de l’Arabie Saoudite de nous renouveler nos agréments après l’échec probable de la gestion du hajj cette année. »
Lire aussi : La date limite des inscriptions à Motawif est fixée, la voici.
Est-ce leur faute ? « Le ministère du Hajj a toujours eu l’habitude, cette année encore, de nous envoyer des messages nous demandant de ne pas nous engager jusqu’au moment de l’accréditation. Ça, c’est une vérité. Mais les agences ont pris l’habitude de l’annonce tardive de la saison, elles savent qu’il ne devrait pas y avoir de souci (pour obtenir l’agrément) et elles avancent traditionnellement l’argent pour commencer à payer les réservations des pèlerins, notamment aux hôtels, pour donner une garantie d’engagement. Cela demande effectivement de l’anticipation par ce que l’organisation du pèlerinage ne s’improvise pas à la dernière minute », explique-t-il. Dans bien des cas, il s’agit aussi d’avoir les meilleurs prix pour ne pas rogner sur leurs marges ou ne pas proposer des packages plus chers encore à leurs clients.
A ses yeux, le tort est donc à chercher du côté des Saoudiens, qui n’ont pas préparé les esprits au changement, brutal, et qui ont laissé faire les choses « comme d’habitude », malgré des signes avant-coureurs d’une situation au désavantage des agences et des pèlerins inscrits.
Pour les agences qui ont donné des acomptes, il sera très compliqué, si ce n'est impossible, de se faire rembourser par les prestataires. Ces derniers pourront « au mieux garder l’argent pour la prochaine saison. S’il y a une autre saison ». Elles sont néanmoins tenues, ne serait-ce que moralement, de rembourser leurs clients. Chacun va devoir se débrouiller à sa manière pour rendre l’argent. Mais après deux saisons blanches en raison de la Covid-19, de nombreuses agences sont en passe de mettre la clé sous la porte, comme l’indiquait un autre professionnel du secteur auprès de Saphirnews. « Peu d’agences ont diversifié leurs activités pour se maintenir, c’est catastrophique », confirme Mahfoudh Beldi.
STI va-t-elle garder sa tête hors de l’eau ? L’agence a pu se maintenir à ce jour grâce aux aides octroyées par l’Etat aux entreprises pendant la crise sanitaire, ce qui a rendu la situation « supportable ». « Merci Dieu que l’Etat nous a soutenu et donné un coup de pouce pendant plus d’un an. Mais on comptait sur cette saison pour respirer un peu et redresser la situation économique de l’entreprise. Maintenant, on est en grande difficulté » à tel point que l’agence envisage une fermeture prochaine. « On ne peut pas tenir plus de trois ans sans dégager aucune marge pour couvrir nos charges. Sauf s’il y a une décision courageuse de l’Arabie Saoudite de nous renouveler nos agréments après l’échec probable de la gestion du hajj cette année. »
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Un appel à la prudence aux pèlerins
Car le vice-président du CHF prédit l’échec de la plateforme au regard de ses « défaillances potentielles ». « Les personnes aujourd’hui ont encore l’habitude de partir avec des agences agréées », avec un encadrement spécifique adapté à leurs besoins et une présence physique quotidienne.
« Les pèlerins nous harcèlent mais nous n’avons aucun moyen de les aider à avoir une vision plus claire de la situation. (…) On ne peut ni orienter, ni encourager, ni conseiller des pèlerins de s’engager sur le site. Moi, je suis d’avis de les alerter pour qu’ils soient prudents et méfiants. » Quitte à reporter le hajj aux prochaines années pour partir dans des conditions favorables plutôt que de « partir dans l’inconnu ».
Pour STI, on se dirige vers la fin d’une vingtaine d’années de dur labeur et elle est loin d'être la seule dans ce cas de figure. Pour Mahfoudh Beldi, « chaque début a une fin mais c’est malheureux de finir de cette façon. C’est malheureux de se retrouver devant cette situation incompréhensible qui compromet l’avenir du pèlerinage au départ de la France et des pays occidentaux ».
Mise à jour jeudi 16 juin : Les agences membres de la Coordination des organisateurs agréés Hajj de France (CHF) publient un message commun auprès de leurs clients que voici.
Lire aussi :
Hajj 2022 : la plateforme Motawif lancée, les premiers tarifs affichés, des questions en suspens
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Les rites et le parcours du Hajj
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