Sur le vif

Hollande refuse la réparation financière de l’esclavage

Rédigé par La Rédaction | Lundi 13 Mai 2013 à 15:58



C’est au Jardin du Luxembourg à Paris que s’est rendu François Hollande pour commémorer l’abolition de l’esclavage, vendredi 10 mai. A l'occasion de cette 8e journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, le chef de l’Etat a indiqué refuser l’idée d’une réparation matérielle de l’esclavage.

Il y a une « impossible réparation » de l’esclavage et de la traite à laquelle la France a participé durant près de cinq siècles, a-t-il estimé. « Il y aurait une note à payer et ensuite ce serait fini ? Non, ce ne sera jamais réglé », a ajouté le chef de l’Etat, citant Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais dont on célèbre en 2013 le centenaire de la naissance.

François Hollande a toutefois tenu à affirmer son attachement au devoir de mémoire. Il a ainsi rendu hommage au travail mené par les « artisans de la mémoire » en annonçant notamment l’apport d’une « contribution » de l’Etat au « projet emblématique » de « Mémorial ACTe » porté par la région Guadeloupe et qui verra le jour à Pointe-à-Pitre. Ce musée sera « le centre d’expression sur la traite et l’esclavage le plus important au monde », a déclaré le chef de l’Etat.

Pour le Conseil représentatif des associations noires (CRAN), l’Etat se doit d’aller plus loin et d’offrir une réparation matérielle aux descendants d’esclaves.

Constatant la fermeté de François Hollande à ce sujet, l’association a décidé de saisir la justice en portant plainte contre la Caisse des dépôts et consignations (CDC) pour avoir tiré profit de la traite négrière. « Faute de solution politique, nous menons le débat sur le plan juridique », a expliqué Louis-Georges Tin, après le discours présidentielle.

La CDC est « complice de crime contre l’humanité » pour avoir encaissé les sommes versées par Haïti en contrepartie de son indépendance (1804), juge le CRAN.

Alors que la traite et l’esclavage sont reconnus comme « crimes contre l’humanité » depuis 2001 par la loi Taubira, le CRAN mène un combat pour voir indemniser financièrement les descendants d’esclaves. En janvier dernier, l’association a soutenu une descendante d’esclaves qui a porté plainte contre l’Etat français pour crime contre l’humanité perpétré à l’encontre de ses arrière-arrière-grands-parents.

Pour elle comme pour le CRAN, les commémorations symboliques ne suffissent pas pour réparer les lourds préjudices causés par l’esclavage et la traite négrière.

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