Religions

Homosexuels et croyants des trois religions en voyage en Israël et en Palestine

Rédigé par Pauline Compan | Vendredi 4 Novembre 2011 à 19:29

Une première historique. Trois associations LGBT regroupant des chrétiens, des juifs et des musulmans, vont se rendre en Israël et en Palestine pour un voyage commun du 6 au 13 novembre. Leur but ? Rencontrer des personnalités publiques israéliennes et palestiniennes pour parler du statut des minorités sexuelles dans cette partie trouble du Proche-Orient, mais aussi des responsables religieux et des associations LGBT locales. L'occasion de s'intéresser à HM2F, association d'homosexuels musulmans de France, très active pour la reconnaissance des minorités sexuelles dans l’islam.



Beit Haverim est un groupe de juifs gays et lesbiens, David et Jonathan est un mouvement homosexuel chrétien et avec HM2F, ils travaillent depuis plus d'un an sur un projet inédit. Partir, ensemble, à la rencontre de responsables religieux des trois religieux monothéistes en Israël et Palestine. Un voyage d'ailleurs parrainé par la Mairie de Paris. Ils souhaitent ainsi créer des ponts avec des associations LGBT et faire le point sur le statut des minorités sexuelles dans ces pays. L'initiative fera d’ailleurs l'objet d'un documentaire, tourné par les trois associations.

Saphirnews a rencontré Ludovic Lofti Mohamed, le président de l'association HM2F. Il explique pourquoi son association se situe à l'avant-garde du dialogue interreligieux et de la défense des minorités sexuelles.

Une évolution tardive mais nécessaire

Ce voyage est un pas de plus pour l'association HM2F, qui compte plus de 250 inscrits. En France, elle se bat déjà au quotidien pour faire évoluer les mentalités. « Une évolution inéluctable d’autant plus que les musulmans sont les derniers à le faire », accuse Ludovic Lofti Mohamed Zahed. Une question qui va au-delà du simple fait d’être homosexuel mais qui concerne également les hétérosexuels, à une époque où les mariages ont lieu de plus en plus tard et où les rapports hors mariage sont monnaie courante.

Et si ce musulman pratiquant et homosexuel salue les récentes prises de position de l’imam de Bordeaux, Tariq Oubrou, sur la question de l’homosexualité, il reste prudent. « C’est une porte ouverte, mais il maintient que l’homosexualité n’est pas éthique, donc il faut encore travailler », continue Ludovic.

Car le but de l’association est bien d’informer, à la fois la communauté homosexuelle et la communauté musulmane, qu’il est possible d’être à la fois homosexuel et musulman. « C’est Dieu qui a fait cette diversité », explique Ludovic. En ce sens, il milite contre les préjugés qui entourent souvent ces deux communautés et contre les violences faites aux homosexuels dans certains pays musulmans.

L’urgence du débat

Pour faire passer son message, l’association organise des conférences et travaille en concertation avec d’autres organisations reliées au mouvement LGBT (mouvement des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), mais aussi avec des associations relevant d’autres confessions, à l'image de ce premier voyage en Israël et en Palestine avec les associations Beit Haverim et David et Jonathan.

Car, pour HM2F, il y a urgence. « Nous devons débattre de ces questions car le risque est de voir Marine Le Pen ou Nicolas Sarkozy s’emparer du débat. Beaucoup de musulmans en ont désormais conscience », prédit Ludovic. Pour l’heure, les prises de position de certains théologiens restent incomplètes. Un état de fait incompréhensible pour Abdenour, musulman, homosexuel et membre de l’association HM2F. « On peut être voleur et musulman, assassin et musulman, mais pas homosexuel et musulman ? C’est incompréhensible. »