2015 a été décrétée Année internationale de la lumière et des techniques utilisant la lumière par l'Unesco. « Tout comme Newton a révélé le spectre des couleurs qui composent la lumière blanche, nous devons révéler au monde l’importance de la lumière dans la construction d’un avenir plus durable et pacifique », s'est expliqué l’organisation dans un communiqué mercredi 24 décembre.
Elle sera « une occasion unique de sensibiliser l’opinion public aux solutions que les technologies utilisant la lumière peuvent apporter aux défis mondiaux en matière d’énergie, d’éducation, d’agriculture et de santé. Ces technologies pourraient transformer le 21e siècle tout comme l’électronique a transformé le 20e siècle ».
Elle sera « une occasion unique de sensibiliser l’opinion public aux solutions que les technologies utilisant la lumière peuvent apporter aux défis mondiaux en matière d’énergie, d’éducation, d’agriculture et de santé. Ces technologies pourraient transformer le 21e siècle tout comme l’électronique a transformé le 20e siècle ».
Une campagne pour célébrer un génie brillant
Traité d'optique, d'Ibn Al-Haytham.
L'Année internationale de la lumière sera inaugurée les 19 et 20 janvier 2015 au siège de l'Unesco à Paris. L'institution culturelle lancera alors, en partenariat avec 1001 Inventions, une organisation de valorisation du patrimoine scientifique, la campagne internationale « 1 001 inventions, et l’univers d’Ibn Al-Haytham » qui comprendra une série d’expositions interactives, d'ateliers et de spectacles lesquels « illustreront l’univers de ce physicien, philosophe et mathématicien remarquable » du Xe siècle qui « a contribué à jeter les fondements de la méthode scientifique moderne ».
Ibn Al-Haytham, de son nom latinisé Alhazen, est né en 965 à Bassora, dans l’Irak actuel sous le contrôle alors de la dynastie chiite des Bouyides. La vie de cet érudit, aujourd'hui reconnu comme le père de l’optique moderne, aurait bien pu être courte, le destin en a voulu autrement. Réalisant que la maîtrise, par la construction d'un barrage, des inondations du Nil qui frappaient régulièrement l’Égypte était impossible, il n’a en effet pas hésité à feindre la folie pour échapper à la colère du calife fatimide Al-Hâkim de qui fut venue la demande, ce qui lui a valu d'être assigné à résidence en 1011 au Caire.
Durant les dix longues années de pénitence qui suivirent, il mit à profit le temps et développa son génie dans des disciplines aussi variées que l'optique, la physique, les mathématiques, la médecine, l’astronomie et même la psychologie, le tout dans la transversalité. Une diversité maîtrisée des matières qui caractérise tant les scientifiques et savants de l’âge d’or de la civilisation musulmane, à l’instar de ses contemporains Al-Biruni et Avicenne.
Ibn Al-Haytham, de son nom latinisé Alhazen, est né en 965 à Bassora, dans l’Irak actuel sous le contrôle alors de la dynastie chiite des Bouyides. La vie de cet érudit, aujourd'hui reconnu comme le père de l’optique moderne, aurait bien pu être courte, le destin en a voulu autrement. Réalisant que la maîtrise, par la construction d'un barrage, des inondations du Nil qui frappaient régulièrement l’Égypte était impossible, il n’a en effet pas hésité à feindre la folie pour échapper à la colère du calife fatimide Al-Hâkim de qui fut venue la demande, ce qui lui a valu d'être assigné à résidence en 1011 au Caire.
Durant les dix longues années de pénitence qui suivirent, il mit à profit le temps et développa son génie dans des disciplines aussi variées que l'optique, la physique, les mathématiques, la médecine, l’astronomie et même la psychologie, le tout dans la transversalité. Une diversité maîtrisée des matières qui caractérise tant les scientifiques et savants de l’âge d’or de la civilisation musulmane, à l’instar de ses contemporains Al-Biruni et Avicenne.
A la source d'une révolution scientifique majeure
Sa renommée, il la doit tout particulièrement à son Traité d’optique (Kitab al-Manazir) qu’il achève en 1021 après six ans d’écriture. Dans les sept volumes qui composent son ouvrage, puis complétés par le Traité de la lumière (Risala fi l-Daw), il y formula la loi de la réflexion et de la réfraction de la lumière, n’hésitant pas à contredire la théorie de la vision des célèbres savants de l’Antiquité Ptolémée et Euclide, selon laquelle les objets sont éclairés par des rayons de lumière émanant des yeux. Pour Ibn Al-Haytham, les rayons provenaient non pas des yeux mais de l'objet situé dans le champ de vision.
Il a radicalement transformé la connaissance de la lumière et de la vision sur la base d’observations courantes et d’arguments logiques, une approche qui fait de lui le pionnier de la méthode scientifique moderne. Dans sa quête incessante de la vérité, moyen pour lui de se rapprocher de Dieu, il est parvenu à devenir le premier scientifique à énoncer clairement les étapes de la démarche expérimentale dans le processus de vérification des théories. Sa posture traduit une grande modernité dans sa conception de la science et son rapport avec la foi.
Il a radicalement transformé la connaissance de la lumière et de la vision sur la base d’observations courantes et d’arguments logiques, une approche qui fait de lui le pionnier de la méthode scientifique moderne. Dans sa quête incessante de la vérité, moyen pour lui de se rapprocher de Dieu, il est parvenu à devenir le premier scientifique à énoncer clairement les étapes de la démarche expérimentale dans le processus de vérification des théories. Sa posture traduit une grande modernité dans sa conception de la science et son rapport avec la foi.
Les sciences modernes lui doivent énormément
A l'assassinat d'Al-Hâkim en 1021, il cessa de simuler la folie et obtint la fin de sa peine. Il entreprit alors de nombreux voyages qui le menèrent notamment en Espagne musulmane (Al-Andalus) en plein âge d’or. C’est au Caire qu’il finit ses jours vers 1040.
Ibn Al-Haytham a été un homme prolixe : il est l’auteur de quelque 200 ouvrages. Une cinquantaine seulement auraient traversé les âges, dont le Traité d’optique qui passe à la postérité grâce à sa traduction latine au XIIe siècle, largement diffusée en Occident. Ses nombreux traités sur l'astronomie sont aussi marquantes, comme son livre intitulé Doutes sur Ptolémée (al-Shuluk 'ala Batlamiyus) dans lequel il remit en cause le modèle planétaire du précurseur grec de la géographie. Grand héritier de l'illustre astronome, jusqu’à être appelé « Ptolémée le Second », ses découvertes et ses commentaires éclairés des œuvres de savants antiques ont considérablement influencé les scientifiques de l'Europe médiévale et de la Renaissance.
Décrit comme un des plus grands physiciens de tous les temps, il eut une influence conséquente dans l’invention des lunettes de vue, de l’appareil photographique, du télescope et du microscope. Sa description précise du fonctionnement de l’œil a permis aux sciences telles que l’ophtalmologie et la chirurgie de la rétine de prendre un essor considérable.
Outre Ibn Al-Haytham, représenté aujourd'hui dans le billet de 10 000 dinars irakiens, l’Année internationale de la lumière « sera l’occasion de commémorer les réalisations des pionniers qui ont ouvert la voie à notre compréhension de la lumière ». Sont cités James Clerk Maxwell, Einstein, Isaac Newton ou encore Charles Kao « qui nous a permis d’accéder aux technologies transformatrices d’aujourd’hui, telles que le haut débit ». En excellent éclaireur, Ibn Al-Haytham leur a ouvert la voie. Mettre en lumière l'histoire de ce scientifique musulman, peu connu du grand public même musulman, s'avère être une tâche nécessaire à laquelle l'Unesco a décidé de se lancer, 1 000 ans après l'écriture du Traité d’optique.
Ibn Al-Haytham a été un homme prolixe : il est l’auteur de quelque 200 ouvrages. Une cinquantaine seulement auraient traversé les âges, dont le Traité d’optique qui passe à la postérité grâce à sa traduction latine au XIIe siècle, largement diffusée en Occident. Ses nombreux traités sur l'astronomie sont aussi marquantes, comme son livre intitulé Doutes sur Ptolémée (al-Shuluk 'ala Batlamiyus) dans lequel il remit en cause le modèle planétaire du précurseur grec de la géographie. Grand héritier de l'illustre astronome, jusqu’à être appelé « Ptolémée le Second », ses découvertes et ses commentaires éclairés des œuvres de savants antiques ont considérablement influencé les scientifiques de l'Europe médiévale et de la Renaissance.
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Outre Ibn Al-Haytham, représenté aujourd'hui dans le billet de 10 000 dinars irakiens, l’Année internationale de la lumière « sera l’occasion de commémorer les réalisations des pionniers qui ont ouvert la voie à notre compréhension de la lumière ». Sont cités James Clerk Maxwell, Einstein, Isaac Newton ou encore Charles Kao « qui nous a permis d’accéder aux technologies transformatrices d’aujourd’hui, telles que le haut débit ». En excellent éclaireur, Ibn Al-Haytham leur a ouvert la voie. Mettre en lumière l'histoire de ce scientifique musulman, peu connu du grand public même musulman, s'avère être une tâche nécessaire à laquelle l'Unesco a décidé de se lancer, 1 000 ans après l'écriture du Traité d’optique.
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