Marie L. a avoué, mardi 13 juillet en garde à vue, avoir inventé l'agression antisémite dans le RER D pour laquelle elle avait porté plainte. Dès sa première déposition, samedi, le ministère de l'intérieur a alerté le chef de l'Etat qui a fait part de son 'effroi' avant les premières vérifications. Un emballement parti du sommet de l'Etat, renforcé par les medias et certaines classes politiques accusant hâtivement et injustement des jeunes maghrébins et africains.
Un mensonge sans précédent dans une agression raciste
Quatre jours après le dépôt de sa plainte, la jeune femme a fait des aveux. Elle avait été placée en garde à vue mardi à 16H30 pour 'dénonciation de délit imaginaire' par les enquêteurs de la PJ de Versailles à l'antenne de Cergy. 'Il résulte des premières déclarations de la jeune femme que ses accusations étaient bien mensongères et qu'elle avait affabulé. Elle a reconnu s'être elle-même porté les marques de coups de couteau, s'être coupé la mèche de cheveux et avoir tracé elle-même les croix gammées sur son corps', a déclaré mardi soir le Procureur de la République de Pontoise dans un communiqué.
Dans cette affaire plus on avançait dans l’enquête autour de l’agression du RER D, plus on s’éloignait de l’acte antisémite délibéré. Une agression antisémite supposée attribuée hâtivement à des jeunes maghrébins et africains, a formulé une condamnation sans appel devant l’énoncé des faits.
La communauté nationale a condamné, et ceci à juste cause, les comportements antisémites ainsi que la montée inquiétante du nombre de passages à l’acte antisémites. Mais aucune condamnation du fait que cette affaire ait « injustement jeté en pâture les populations des banlieues déjà stigmatisées. ». Aucun médias , aucunes classes politiques ( hormis quelques associations tel que le MRAP ) n’ont condamnées les propos irresponsables tenus par des personnes qui ont profité de cette affabulation pour, une fois de plus, instrumentaliser l’antisémitisme contre une population déterminée, alimentant ainsi des tensions intercommunautaires qui ne peuvent que desservir l’indispensable lutte contre l’antisémitisme et tous les racismes.
« Faire parvenir la bonne parole » en attisant la haine intercommunautaires
Juste après l’agression une cascade de réactions s’est étalé dans tous les medias dont certaines personnalités ont attribué sans précaution, cette agression à la population arabo-africaine .
Dimanche 11 juillet , le ministre délégué aux anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, s'indigne le premier d''acte odieux, irresponsables et intolérables'. Philippe Douste-Blazy lui succède 'au nom du gouvernement', avant de reprendre l'examen du projet de réforme de l'assurance-maladie. Puis, se succèdent, avant midi, Bertrand Delanoë (PS), Marie-George Buffet (PCF), le PS, Noël Mamère (Verts), la Licra, le président de la SNCF, Elisabeth Guigou (PS), François Bayrou (UDF), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), Jean-Paul Huchon (PS), la LCR... Et sur RTL, Roger Cukierman, président du CRIF, suggère que les imams doivent faire « parvenir la bonne parole », pointant du doigt la communauté musulmane…certes ce n’est pas la première fois que Mr Cukierman cherche à provoquer la communauté musulmane en accusant les jeunes musulmans d’antisémites, mais jusqu'à présager un antisémitisme « noire » ou « africain » on entre dans une élucubration totale. La logique de Mr Krugman est de combattre l’antisémitisme par l’islamophobie et la provocation ceci est incohérent avec la lutte contre toutes formes de racismes.
Cependant centaines personnalité ont réagit avec prudence en dénonçant cette logique. C’est le cas du président du Conseil régional du culte musulman de Rhône-Alpes, Kamel Kabtane, a dénoncé 'l'islamophobie ambiante qui règne aujourd'hui en France et où s'engouffrent tous les médias pour mettre en accusation la communauté musulmane'. Le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a déploré que cette affaire 'ait jeté en pâture les populations des banlieues déjà stigmatisées'.
Des manipulations qui nuisent au combat contre l’antisémitisme, l’islamophobie et et le racisme
Le président Jacques Chirac a estimé mercredi, lors de sa traditionnelle intervention télévisée du 14 juillet, à propos de l'affaire du RER D qu'il a qualifiée de 'regrettable', que quand il y avait 'manipulation', le « manipulateur » devait être « sanctionnée ». Certes condamné le « manipulateur » de cette mascarade est une chose, mais condamner les manipulateurs qui ont orienté cette affaire à l’encontre des jeunes des banlieues et des imams et une autre chose.
Pourquoi la manipulation flagrante de l’opinion publique, n’est telle pas condamné ? Pourquoi après cette mythomanie personne ne s’est excusée de l’accusation sans preuve d’une certaine catégorie de population ? Lorsque ils banalisent avec légèreté une telle diffamation stigmatisante, ils contribuent objectivement au développement du racisme en justifiant les accusations irresponsables.
Qualifiée de regrettable cette affaire ne suffit pas. Les medias, les responsables associatifs, politiques, et communautaires doivent assumer leurs responsabilités, il est inadmissible que dans leurs déclarations, leurs écrits, ou parfois sur leurs sites Internet, fassent systématiquement référence au ' type maghrébin ou africain ' des délinquants racistes. De la même façon, l’utilisation de la lutte contre l’antisémitisme afin d’infléchir la politique extérieure de la France au Proche-Orient, telle que formulée par des responsables politiques, affaiblit un combat nécessaire et le transforme en instrument de polémique politicienne.
Puisse cette affaire interpeller les consciences des politiques, des responsables associatifs, des leaders d’opinion, de la presse devant le danger de lancer publiquement une information qui peut servir à des manipulations de toute sorte.