La vision d’hommes d’Afrique subsaharienne vendus comme esclaves en Libye suscite, avec raison, une vive émotion et une douleur sans nom. Car c’est l’humanité entière qui se fait ici violer. La mobilisation contre cette barbarie doit en conséquence être profonde et totale. C’est la raison d’être de cet appel contre l’esclavage, le racisme, les discriminations et l’exploitation dans le monde musulman.
Cette question dépasse le cas extrême de ce qui se passe en Libye. C’est un problème global qui exige une réponse globale. En effet, de nombreux pays majoritairement musulmans, notamment du Maghreb, du Moyen-Orient et du Sahel sont concernés par les phénomènes d’esclavage, de racisme, de discrimination et d’exploitation envers les noirs, les étrangers, les enfants et les femmes.
Lire aussi : L’esclavage, un fléau mondial qui ne se concentre pas qu'en Libye
Cette question dépasse le cas extrême de ce qui se passe en Libye. C’est un problème global qui exige une réponse globale. En effet, de nombreux pays majoritairement musulmans, notamment du Maghreb, du Moyen-Orient et du Sahel sont concernés par les phénomènes d’esclavage, de racisme, de discrimination et d’exploitation envers les noirs, les étrangers, les enfants et les femmes.
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Notre lutte contre ce fléau ne doit souffrir d’aucune complaisance
Le racisme contre les Noirs au sein des sociétés du Maghreb et du Moyen-Orient est une réalité qu’aucune fraternité musulmane et humaine ne peut taire. Cependant, aucun amalgame n’est ici permis. Car il est évident que tous les arabes ne sont pas des racistes. C’est au nom de l’islam et des droits de l’Homme que la conscience musulmane contemporaine se doit de prendre à bras le corps ce problème. Et ce, sans langue de bois, ni crainte d’une quelconque récupération politicienne contre les musulmans. Notre lutte contre ce fléau ne doit souffrir d’aucune complaisance. C’est ce que la foi, la conscience et la justice universelles commandent.
Certes, des causes extérieures géopolitiques et socio-politiques, comme dans le cas de la Libye, expliquent en partie ce phénomène de régression bestiale. Mais plus radicalement, c’est l’environnement socio-culturel impacté par le poids de l’histoire et celui d’un certain discours religieux et idéologique qui le justifie, qu’il faut guérir en amont. L’esclavage aujourd’hui des Noirs, comme l’exploitation subie par les immigrés dans cette région du monde, n’est que la réminiscence de l’esclavagisme d’hier, gelé dans les mémoires et dans les interprétations religieuses non critiquées, qui s’expriment en acte dès que l’occasion se présente.
Certes, des causes extérieures géopolitiques et socio-politiques, comme dans le cas de la Libye, expliquent en partie ce phénomène de régression bestiale. Mais plus radicalement, c’est l’environnement socio-culturel impacté par le poids de l’histoire et celui d’un certain discours religieux et idéologique qui le justifie, qu’il faut guérir en amont. L’esclavage aujourd’hui des Noirs, comme l’exploitation subie par les immigrés dans cette région du monde, n’est que la réminiscence de l’esclavagisme d’hier, gelé dans les mémoires et dans les interprétations religieuses non critiquées, qui s’expriment en acte dès que l’occasion se présente.
Mettre en branle une véritable stratégie de lutte contre l’esclavage
A la lutte totale contre cette ignominie doit s’ajouter aussi celle contre l’exploitation des immigrés asiatiques dans les pays du Golfe, d’une part et celle contre la coutume féodale des castes traditionnels dans les pays d’Afrique de l’Ouest, d’autre part. Nous ne pouvons en effet dénoncer le racisme avéré des uns sans nous attaquer à celui des autres.
Car il s’agit, dans tous ces cas de figure, à des degrés certes différents, du même reniement de la dignité humaine proclamé par l’islam et des droits humains qui en découlent. Cela concerne tout le monde musulman de Dakar à Jakarta. Et cela nous concerne tous en tant qu’humain.
Cet appel, de ce fait, se veut être non un instrument de division et de stigmatisation, mais une voie de collaboration pour le bien, de toutes les bonnes volontés quelques soient leurs origines et religions. La réaction émotive doit être dépassé. Il est temps de mettre en branle une véritable stratégie de lutte contre l’esclavage et de transformation effective des conditions culturelles et sociales qui le permettent.
Car il s’agit, dans tous ces cas de figure, à des degrés certes différents, du même reniement de la dignité humaine proclamé par l’islam et des droits humains qui en découlent. Cela concerne tout le monde musulman de Dakar à Jakarta. Et cela nous concerne tous en tant qu’humain.
Cet appel, de ce fait, se veut être non un instrument de division et de stigmatisation, mais une voie de collaboration pour le bien, de toutes les bonnes volontés quelques soient leurs origines et religions. La réaction émotive doit être dépassé. Il est temps de mettre en branle une véritable stratégie de lutte contre l’esclavage et de transformation effective des conditions culturelles et sociales qui le permettent.
Dix préconisations pour lutter pour la dignité humaine
Nous appelons à la mise en place d’une politique multidimensionnelle et internationale de restauration de la dignité humaine dans le monde musulman, et ce au nom de la dignité de l’être humain proclamée par l’Islam, des droits de l’Homme et des peuples.
Nous proposons pour ce faire, avec la signature de cet appel, la réalisation des points suivants :
- L’élaboration à partir du Coran, d’un discours authentiquement humaniste d’une part et, d’autre part, d’une critique radicale des interprétations et du discours religieux et idéologiques qui justifient l’esclavagisme et les discriminations ;
- La mise en place d’une plateforme qui accueillera des penseurs et intellectuels de tous horizons pour élaborer cette réflexion et sa diffusion ;
- La création et la réalisation d’un programme de sensibilisation et d’éducation populaire, pour la dignité et l’égalité concrètes dans les communautés et pays majoritairement musulmans ;
- La mise en place au plus près des populations, notamment dans les sociétés africaines subsahariennes, de conseils locaux pour une abolition progressive et concertée du système traditionnel des castes ;
- La signature d’une charte internationale pour la dignité humaine et contre l’esclavage par les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique ;
- La redéfinition des politiques d’immigration de l’Union européenne ;
- La dénonciation et condamnation des entreprises de déstabilisation directes et indirectes de ces pays menées par les grandes puissances.
- La mise en place de pressions et/ou de sanctions effectives contre les pays et les personnes morales qui se rendraient coupables de tels crimes, ainsi que de leurs soutiens quels qu’ils soient ;
- Prévoir des sanctions dissuasives pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité contre tout individu coupable d’esclavagisme ;
- Créer une structure chargée d’accompagner la réalisation de ces propositions.
Si notre humanité débute dans l’effort constant contre le désordre et la mort, c’est dans la reconnaissance de l’autre comme frère qu’elle s’accomplit. Dire non à l’esclavage, c’est affirmer sa dignité et celle de tous. Paix !
*****
Ousmane Timera est enseignant et chef de projet en politique de la ville.
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- La mise en place d’une plateforme qui accueillera des penseurs et intellectuels de tous horizons pour élaborer cette réflexion et sa diffusion ;
- La création et la réalisation d’un programme de sensibilisation et d’éducation populaire, pour la dignité et l’égalité concrètes dans les communautés et pays majoritairement musulmans ;
- La mise en place au plus près des populations, notamment dans les sociétés africaines subsahariennes, de conseils locaux pour une abolition progressive et concertée du système traditionnel des castes ;
- La signature d’une charte internationale pour la dignité humaine et contre l’esclavage par les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique ;
- La redéfinition des politiques d’immigration de l’Union européenne ;
- La dénonciation et condamnation des entreprises de déstabilisation directes et indirectes de ces pays menées par les grandes puissances.
- La mise en place de pressions et/ou de sanctions effectives contre les pays et les personnes morales qui se rendraient coupables de tels crimes, ainsi que de leurs soutiens quels qu’ils soient ;
- Prévoir des sanctions dissuasives pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité contre tout individu coupable d’esclavagisme ;
- Créer une structure chargée d’accompagner la réalisation de ces propositions.
Si notre humanité débute dans l’effort constant contre le désordre et la mort, c’est dans la reconnaissance de l’autre comme frère qu’elle s’accomplit. Dire non à l’esclavage, c’est affirmer sa dignité et celle de tous. Paix !
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Ousmane Timera est enseignant et chef de projet en politique de la ville.
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