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Il y a 48 ans, les massacres du 17 octobre 1961 à Paris : la Seine aussi témoignera…

L’Histoire retiendra

Rédigé par princevaillant@ymail.com | Samedi 17 Octobre 2009 à 01:53



L’Algérie commémore aujourd’hui le 48e anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 à Paris, alors que l'Etat français continue d'opposer une fin de non-recevoir à l'exigence de reconnaître les crimes commis durant la longue nuit coloniale.

Ce jour-là, plus de 80 000 Algériens déferlaient sur les grandes artères parisiennes dans une marche pacifique, à l'appel des dirigeants de la Révolution algérienne, pour protester contre le couvre-feu imposé aux seuls Algériens par le préfet de police, Maurice Papon. Les manifestants, hommes, en majorité des ouvriers, femmes et enfants, étaient venus de Nanterre, Aubervilliers, Argenteuil ou Bezons ou dans les quartiers les plus miséreux de Paris comme la Goutte d'Or ou Ménilmontant, pour défendre leur dignité et leur liberté, "mises à mal par un décret dans une démocratie occidentale", rappellent les historiens.

Cette manifestation pacifique se soldera, le 17 octobre et les jours qui suivront, par "plusieurs centaines de morts et autant de disparus et plus de 1 000 blessés alors que 14 094 Algériens furent arrêtés par la police française", témoigne Ahmed Arrad, ancien militant de la Fédération de France du FLN.

Pour Ali Haroun, ancien dirigeant au niveau de cette structure, il y a eu "200 morts au minimum", parmi les manifestants. Haroun relève cependant "la difficulté d'avoir un chiffre exact des victimes de ces manifestations, car, dit-il, de nombreux Algériens comptaient parmi les disparus".

Acteurs, historiens et chroniqueurs de presse de ces journées sombres sont unanimes à dénoncer le chiffre de 2 tués, annoncé quelques jours après, par Papon, qui avait commandité et suivi de très la répression.

L'historien français, Jean Luc Einaudi, relève pour sa part, qu'"officiellement, les registres du service médico-légal ne signalent aucun mort pour la journée du 17 octobre 1961". Il ajoute néanmoins que "les cadavres acheminés vers la morgue étaient tout simplement jetés dans la Seine à partir des fenêtres du bâtiment abritant la morgue".
L'historien rappelle que "cette pratique de noyade a été largement utilisée en 1958 lors d'un premier couvre-feu imposé à Paris sur les Algériens, arrêtés puis torturés au Vél d'Hiv".

48 ans après, cette tache sombre demeure toujours chez les rescapés du massacre, encore vivants. "Même les femmes et les enfants n'ont pas été épargnés puisque près de 1 000 épouses, mères et sœurs ont été interpellées ainsi que 500 enfants", témoigne Haroun.

De nombreuses associations aujourd'hui, en France même, n'oublient pas ces sombres évènements qu'elles commémorent régulièrement, par des rassemblements sur les lieux mêmes du crime, mais aussi dans d'autres villes de France, où se sont déroulées aussi des manifestations pacifiques similaires.

Cette année également, elles sont 20 organisations françaises, des ONG, associations et partis politiques, a avoir appelé à un rassemblement aujourd’hui samedi au pont Saint-Michel à Paris, en hommage aux victimes. Ces organisations se rassembleront "pour exiger la reconnaissance officielle par la France de ces crimes d'Etat perpétrés par les forces de police", selon le texte de leur appel. Elles déplorent à cet égard, que, "48 ans après, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales" menées, en particulier en Algérie. Elles déplorent également le fait que certains osent encore aujourd'hui continuer à parler des "bienfaits de la colonisation" et des honneurs "officiels" sont rendus aux criminels de l'OAS.

Malgré un discours, parfois ambigu et contradictoire, sur le passé colonial de la France, la politique menée par le président Sarkozy témoigne d'une "réelle volonté de sa réhabilitation", selon le texte.
Les signataires du texte, qui rappellent qu'"un certain nombre de collectivités locales ont baptisé des places à la mémoire des victimes du 17 octobre 1961", appellent au "développement de ces lieux de mémoire ainsi que la mobilisation de la population" sur ces places, pour demander notamment l'accès effectif aux archives pour tous, historiens et citoyens et le développement de la recherche historique sur ces questions".

La recherche de la vérité "s'impose pour cette période sombre de notre histoire comme elle s'est imposée pour la collaboration vichyste avec l'Allemagne nazie", relève une association basée à Lyon qui a appelé à un rassemblement aujourd’hui. "Ce n'est qu'à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d'Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd'hui nombre de citoyens ou de ressortissants d'origine maghrébine ou d'anciennes colonies", conclut-elle.

En Algérie, le 17 octobre, baptisé Journée de l'émigration, sera commémorée par différentes activités, notamment un hommage au philosophe français et fondateur du réseau des "porteurs de valise", Francis Jeanson, décédé en août dernier et une journée consacrée à des témoignages de moudjahidine, à l'APN, sur ces événements.



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Source : El Moudjahid - 17/10/2009