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Impasse politique à Port-au-Prince

Rédigé par Bamba Amara | Jeudi 26 Février 2004 à 00:00

Les deux filles du président Aristide ont quitté Haïti pour les Etats-Unis. Les rebelles campent désormais à deux pas de Port-au-Prince, la capitale, après avoir pris possession de la moitié Nord du pays. L’opposition politique haïtienne souhaite l’intervention d’une force internationale d’interposition afin que revienne le calme. Mais, comme la rébellion armée, l’opposition politique exige le départ du président Jean-Bertrand Aristide à qui l’on reproche une gestion du pouvoir par la corruption.



Les deux filles du président Aristide ont quitté Haïti pour les Etats-Unis. Les rebelles campent désormais à deux pas de Port-au-Prince, la capitale, après avoir pris possession de la moitié Nord du pays. L’opposition politique haïtienne souhaite l’intervention d’une force internationale d’interposition afin que revienne le calme. Mais, comme la rébellion armée, l’opposition politique exige le départ du président Jean-Bertrand Aristide à qui l’on reproche une gestion du pouvoir par la corruption.

Cinquante GI’s sur le terrain
Jean-Bertrand Aristide est mené au pouvoir en 1994 à la suite d’un coup d’Etat. Il est alors aidé par le gouvernement américain. En deux siècles d’existence, la République de Haïti, n’a connu que de rares moments de sérénité. Et, en prenant le pouvoir en 1994, M Aristide rentre d’un exile politique aux Etats Unis. En 2000, à la tête du parti Lavalas, il emporte largement les élections législatives. Une victoire vivement contestée par l’opposition qui accuse le pouvoir de fraudes électorales généralisées.

Ce pays de huit millions d’habitants est l’un des pays les plus pauvres du monde. Il ne dispose pas de forces armées régulières. Durant ces derniers mois, ses 4 000 agents de police ont été régulièrement dépassés par l’ampleur des mouvements de protestation. Le président Aristide s’appuie aussi sur les Chimères, ces bandes armées issues des quartiers pauvres, pour faire face à la violence des manifestations de rue dont la persistance et l’étendu ont fini par inquiéter les diplomates étrangers en place.

Christine (7 ans) , et Michaelle (5 ans), les deux filles du président haïtien auraient quitté Haïti hier à destination de New York. Le Canada a envoyé une dizaine de policiers pour protéger le personnel de son ambassade. Une cinquantaine de GI’s ont été envoyés sur le terrain pour protéger les intérêts américains en Haïti.

Les rebelles prennent leur temps
Il y a deux compagnies de téléphonie mobile à Haïti. L’une de ces compagnies appartient Jean-Bertrand Aristide, Président de la République, et l’autre compagnie appartient à son épouse. Le système de communication est tel que celui qui téléphone ainsi que celui qui reçoit l’appel sont tous les deux facturés.
Ce type d’interventions du chef de l’Etat a contribué à alimenter la rancœur exprimée lors des manifestations de ces derniers mois. La rébellion armée au sein de laquelle on trouverait d'anciens tontons macoutes des Duvalier, tient la moitié du pays qui est ainsi coupé entre le Nord et le Sud.

Selon le chef de la rébellion, M. Guy Philippe, ses forces retarderont momentanément leur avance sur la capitale Port-au-Prince afin de laisser le temps au président Jean-Bertrand Aristide de céder à la pression internationale et de quitter le pouvoir. Interrogé sur la prise de la ville de Cap-Haïtien, seconde ville du pays, M. Guy Philippe explique : ' Je dois dire que ça a été trop facile. C'est pour ça qu'on prend des mesures de précaution. On est venu pour deux ou trois jours de combats et on n'a eu que trente minutes. '

L’impasse politique
Le Ministre des Affaires étrangères français, M. Dominique de Villepin, propose un plan de paix impliquant l’envoi d’une force internationale d’intervention civile et le maintien du président Aristide au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat prévue en 2006. Une initiative de médiation soutenue par le secrétaire d'Etat américain M. Colin Powell et appréciée par le ministre Canadien des Affaires étrangères, M. Bill Graham. M. De Villepin espère rencontrer séparément des représentants du pouvoir et des représentants de l’opposition à Paris au cours de cette semaine.

Cependant le chef rebelle Guy Philippe s’est déclaré favorable à l’idée d’envoi de forces civiles de paix à condition que ces forces viennent faire partir le Président Aristide de son poste. Le président Aristide, de son côté, se dit ' prêt à mourir pour son pays '.
Si l’opposition politique s’accorde avec les rebelles à exiger le départ du président Aristide, elle reste profondément divisée sur de nombreuses questions autour du partage du pouvoir avec les rebelles en cas de victoire totale.